La forêt de mon père : la critique du film (2020)

Drame | 1h31mib
Note de la rédaction :
7/10
7
La forêt de mon père, affiche du film

Note des spectateurs :

Malgré une réalisation peu convaincante, La forêt de mon père surprend par la finesse de son scénario et sa psychologie épatante. A découvrir.

Synopsis : Gina, 15 ans, grandit dans une famille aimante en lisière de forêt. Elle admire son père Jimmy, imprévisible et fantasque, dont elle est prête à pardonner tous les excès. Jusqu’au jour où la situation devient intenable : Jimmy bascule et le fragile équilibre familial est rompu. Dans l’incompréhension et la révolte, Gina s’allie avec un adolescent de son quartier pour sauver son père.

Critique : Premier film de Vero Cratzborn, auteure issue de la FEMIS, La forêt de mon père n’est pas, au premier abord, des plus attrayants. Le filmage plat et le montage planplan ne nous convainquent guère sur l’envie d’un retour au cinéma tant la forme est télévisuelle.

Et pourtant. Si Cratzborn a encore une personnalité à se forger dans la technicité – on imagine surtout qu’elle a dû composer avec des contraintes budgétaires serrées -, elle réussit ce que beaucoup de films plus avenants échouent à instaurer malgré leurs formes.

Un petit miracle de vie

Pour sa première fiction, à fort caractère autobiographique, dans laquelle elle relate la chute progressive d’un père dans une forme de pathologie psychotique, vue à travers le regard d’une adolescente, Vero Cratzborn déploie un talent d’écriture inné et met en scène un petit miracle de vie, dans une simplicité qui ne paie pas de mine mais nous remue viscéralement.

Le caractère de son film, il prend vie dans la psychologie ciselée de ses personnages et la maîtrise du sujet qu’elle oriente avec succès vers une tension vive et une émotion sourde. Son premier essai de fiction est un exemple de rigueur, d’authenticité et d’écriture.

La présence au générique de l’exigeante Ludivine Sagnier, qui a tourné avec les plus grands, n’est pas le fruit du hasard. L’ancienne muse d’Ozon y trouve l’un de ses plus beaux personnages et l’opportunité d’ajouter à sa filmographie une très belle composition de mère au bout du rouleau. Dans un contexte social serré, l’épouse qu’elle incarne doit avoir doublement les pieds sur terre pour protéger sa famille quand son mari, qui apparaît dans un premier temps comme un idéaliste lunaire, sombre dans une folie qui pourrait être sans retour.

Léonie Souchaud et Alban Lenoir dans La forêt de mon père

Crédits : Iota Production, Blue Monday Productions, Louise Productions présentent

Le doux-dingue à interner, c’est Alban Lenoir, encore un bon acteur qui trouve ici un rôle qui comptera dans sa filmographie pour tout ce qu’il a pu lui apporter dans l’incarnation. Lenoir y est brillant, voire même bouleversant. Oui, la réalisatrice est douée également quand il s’agit de diriger ses acteurs sur la corde raide.

La forêt de mon père est un modèle d’humanité

Tout cela serait déjà beaucoup s’il n’y avait pas en plus l’élément central du film, le regard de la grande fille du couple, une adolescente jouée avec maturité par Léonie Souchaud. Pour son deuxième grand rôle de cinéma, la jeune actrice autour de la quinzaine, se mue en ange gardien face à un père qu’elle tient en adoration, mais dont le regard témoin perçoit le danger qu’il est devenu pour les siens. Ce personnage qui a la complexité de son âge, entre rancœur pour la mère et admiration pour le père, tout en étant consciente des remous que traverse sa mère, porte également le poids du regard des autres sur sa famille. L’indicible est forcément lourd en conséquence à cet âge de la construction quand tout se délite.

C’est bien pour toutes ces nombreuses qualités que La forêt de mon père est un modèle d’humanité .

Frédéric Mignard  

Sorties de la semaine du 8 juillet 2020

La forêt de mon père, affiche du film

Crédits : Iota Production, Blue Monday Productions, Louise Productions

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La forêt de mon père, affiche du film

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