Kansas en feu : la critique et le test blu-ray (1952)

Western | 1h20min
Note de la rédaction :
7/10
7
Affiche française du western Kansas en feu (1952)

Note des spectateurs :

Sidonis Calysta a déniché une petite série B comme on les aime, ramassée et efficace. Collection Western de Légende.

Synopsis : En pleine guerre civile, pour venger la mort de leurs familles respectives pleine guerre civile, Jesse James et ses compagnons rejoignent les Raiders, que l’on surnomme aussi la brigade du massacre.

L’oeuvre efficace du prolifique Ray Enright

Critique : Kansas en Feu appartient à la toute fin de carrière du prolifique Ray Enright, qui mit en scène aussi bien les exploits de Rin-Tin-Tin que des westerns, dont certains ont accédé à une belle réputation (Montana, Les Écumeurs). Le film s’inscrit pleinement dans cette lignée, en faisant preuve d’un bon professionnalisme à défaut de génie : on est loin des grandes réussites du genre mais, en se servant de manière très libre d’un fait historique (une équipe de pillards sudistes est rejointe par Jesse James et ses acolytes), Enright parvient à créer une œuvre cohérente et plus complexe qu’il n’y paraît.

La relation que Quantrill, « colonel » de pacotille, et le jeune idéaliste Jesse James entretiennent est en effet un mélange de fascination et de lucidité qui ne cesse d’évoluer :  d’abord admirateur inconditionnel, James comprend, après le premier raid, que Kate (seul personnage féminin, incarné par la peu connue mais sobre Marguerite Chapman) avait raison en le traitant de boucher ; les meurtres largement hors-champ agissent comme une première révélation, remise en cause à la suite d’une promesse que Quantrill ne tiendra pas, celle d’épargner les civils. Ces séquences de pillage font preuve d’une belle efficacité, Enright mettant son métier au service d’un scénario souvent solide (souvent seulement, parce que la fin déçoit et multiplie les invraisemblances).

Récit sans temps mort, rebondissements fréquents

Il faut des circonstances extérieures (le danger, les enthousiasmes des compagnons) pour que soit reportée l’explication entre les deux protagonistes, qui ne sont pas très loin d’un rapport père / fils. Elle ne viendra que quand Quantrill, aveugle, devient ironiquement lucide et se sacrifie, et encore de manière elliptique. L’un des grands atouts du film, c’est d’ailleurs l’interprétation tout en retenue de Brian Donlevy, remarquable qu’il se paie de mots en s’imaginant second de Lee ou  qu’il soit pathétique, abandonné de tous et handicapé. Grâce à lui et, dans une moindre mesure, à Audie Murphy, cette relation acquiert une profondeur que des scènes duelles récurrentes et qui se font écho soulignent avec brio.

Mais ce qui ravira surtout l’amateur de séries B, c’est cette capacité à faire avancer le récit sans temps morts, au rythme de rebondissements fréquents. Le recours à l’ellipse, au besoin prise en charge par la voix off, dynamise encore cette œuvrette soignée. De même l’alternance entre séquences d’action bien menées et cruelles (dès le « duel au mouchoir », on sent qu’il n’y aura pas d’embellissement de la violence) et de moments dialogués impose-t-elle un équilibre classique appréciable. Au total, Kansas en Feu séduit par sa vitalité, son savoir-faire, qui le classent dans le vaste champ des œuvres mineures mais très plaisantes.

Le test Blu-ray

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Suppléments : 2 / 5

Copyrights : Universal

La présentation du seul Patrick Brion (11mn) passe en revue les westerns de 1950, évoque la carrière de Ray Enright, puis la réalité historique qui diffère de celle du film. Son goût pour celui-ci rapidement évoqué, Brion raconte deux anecdotes. On peut trouver que c’est un peu court. Le bref module sur Audie Murphy (il date de 2010), déjà vu par ailleurs, est également intéressant mais très léger (5mn30). À quoi s’ajoute la bande-annonce.

Image : 4 / 5

Il y a bien quelques micro-parasites et de légers tremblements, mais dans l’ensemble la copie est incroyablement lisse et précise. Quant aux couleurs, elles ont la propreté et la franchise attendues, malgré de rares plans délavés, et un seul abîmé.

 Son : 4 / 5

La seule piste disponible (VO DTS-HD 2.0) ne souffre d’aucune scorie. Certes, le son est un peu étriqué, et on ne peut attendre une grande profondeur d’un film de 1950. Mais dans les limites dues à l’époque, c’est une réussite.

Collection Western de Légende

Critique et test blu-ray : François Bonini

 

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