Juliana : la critique du film (2021)

Docufiction | 1h34min
Note de la rédaction :
6.5/10
6.5
Juliana, affiche du film de Alejandro Legaspi et Fernando Espinoza (1989), reprise 2021

  • Réalisateur : Alejandro Legaspi Fernando Espinoza
  • Acteurs : Rosa Isabel Morfino
  • Date de sortie: 09 Juin 2021
  • Année de production : 1989
  • Nationalité : Péruvien
  • Titre original : Juliana
  • Autres acteurs : Edward Centeno, Guillermo Eqsueche, Maritza Gutti, Elio Osejo, Julio Vega, David Zúñiga
  • Scénaristes : René Weber
  • Directeur de la photographie : Danny Gavidia
  • Monteur : Robert Aponte
  • Compositeur : -
  • Producteurs :
  • Sociétés de production : Crupo Chaski
  • Distributeur : Bobine Films
  • Distributeur reprise : -
  • Date de sortie reprise : -
  • Editeur vidéo : -
  • Date de sortie vidéo : -
  • Box-office France / Paris-Périphérie : -
  • Box-office USA / Monde -
  • Budget : -
  • Rentabilité : -
  • Classification : Tous publics
  • Formats : Couleurs - DCP - Mono
  • Festivals et récompenses : Prix UNICEF (Berlin, 1989), Golden Colon au Huelva Latin American Film Festival, Prix du public au Torino International Festival of Young Cinema
  • Illustrateur / Création graphique : © Tous droits réservés / All rights reserved
  • Crédits : © Grupo Chaski, 1988 Tous droits réservés / All rights reserved
  • Franchise : Juliana rencontrera le personnage de Gregorio dans Anda, corre, vuela en 1996
Note des spectateurs :

Classique du cinéma péruvien, Juliana transpose l’univers de Charles Dickens dans les quartiers misérables du Lima des années 80. Le résultat suscite l’enthousiasme. Cette rareté de 1989, redécouverte grâce à sa restauration, réalise sa première française en 2021.

Synopsis : Lima, dans les années 80. Maltraitée par son beau-père, la jeune Juliana prend la fuite. Livrée à elle-même, l’adolescente coupe ses cheveux et se fait passer pour un garçon. Sous une autre identité, l’adolescente intègre alors une bande d’enfants des rues qui se débrouillent comme ils peuvent pour survivre. Face aux menaces du monde adulte, le clan va rapidement devoir unir ses forces.

Critique : Pendant féminin de Gregorio, autre docufiction sur le sort de l’enfance miséreuse dans le Lima des bidonvilles et des mendiants des années 80, Juliana a été réalisé par les mêmes auteurs, les documentaristes et réalisateurs Fernando Espìnoza et Alejandro Legaspi tous deux amis et fers de lance du groupe artistique Chaski. Leur but est de de promouvoir la culture péruvienne, dans sa diversité, en filmant le réel ou ici la fiction mêlée à la réalité de jeunes acteurs amateurs.

Juliana fait revivre l’effervescence des bidonvilles du Lima des années 80

Faisant partie du patrimoine national, Juliana a été un succès local évident dans les années 80 ; dans le monde, l’œuvre s’est surtout distinguée dans les festivals, de Berlin à Turin, glanant de nombreux prix. Le docufiction a répété l’engouement de Gregorio, des mêmes auteurs, qui s’était aussi démarqué dans de nombreuses manifestations à l’étranger. En France, ni l’un ni l’autre ne sont sortis à l’époque. Il aura fallu attendre la résurrection de Juliana par la restauration afin de découvrir le film en juin 2021. Le distributeur Bobine Films propose alors cette curiosité utopiste qui relève indéniablement du beau cinéma.

Rosa Isabel Morfino dans Juliana

Juliana © Grupo Chaski

Ce qui frappe dans l’œuvre de Fernando Espìnoza et Alejandro Legaspi, c’est l’engagement cinématographique de leur caméra. En particulier dans la première moitié du film qui capte la cinégénie des bidonvilles, la vie active des taudis de Lima et l’immensité de son cimetière de lumière. Les plans sont amples ; ils dégagent une volonté de composition, avec des moments où l’iconographie habille l’image. Les deux auteurs jouent de leur connaissance dans le domaine du cinéma du réel et de leur différents talents dans la création cinématographique, pour réaliser une œuvre au cachet imparable, avec une texture des années 80, qui accentue son aspect pictural et son intensité de conte social.

L’émancipation de la femme par la figure rebelle de l’enfant

Avec une véritable volonté féministe de montrer l’homme abusant de sa force et de son autorité patriarcale conférée par la société, le film choisit une héroïne révoltée par le sort de sa mère et l’emprise négative de son beau-père, figure de violence, d’oisiveté et d’auto-contentement méprisable qu’elle va fuir. Juliana s’émancipe et va vivre, avec son jeune frère, au sein d’un groupe d’enfants des rues recueillis par un exploitant de la misère humaine. La deuxième partie renvoie à Dickens et Oliver Twist, à ses figures adultes de tortionnaires qui exploitent les orphelins.

La révolte des mômes saura gronder, propulsée par la rébellion de Juliana. Le personnage jouée par Rosa Isabel Morfino, jeune adolescente qui lui apporte sa fougue et sa personnalité, démontre que le futur est femme, communautaire et surtout placé sous le signe de l’émancipation de la jeunesse face à la violence du monde adulte qu’ils croisent en chantant dans des bus bondés. Les enfants de l’espoir sillonnent les autres quartiers de la ville, où richesse, commerce, et mondialisation des produits (les véhicules que sont la musique, la publicité et le cinéma contrastent avec leur indigence) offrent un spectacle bien différent du déterminisme inhérent à ces drôles de petites bouilles que l’on se met à aimer.

Film pour enfants qui saura susciter l’enthousiasme de n’importe quel adulte accompagnateur, Juliana est resté bien trop longtemps confiné parmi les invisibles du cinéma. Le public saura lui rendre justice. Collège au Cinéma également.

Frédéric Mignard

Les sorties de la semaine du 9 juin 2021

 

Juliana, affiche du film de Alejandro Legaspi et Fernando Espinoza (1989), reprise 2021

Juliana © Reprise 2021 Bobine Films

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Juliana, affiche du film de Alejandro Legaspi et Fernando Espinoza (1989), reprise 2021

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