Jojo Rabbit : la critique du film (2020)

Drame, Film de guerre | 1h48min
Note de la rédaction :
7.5/10
7.5
Jojo Rabbit affiche du film

  • Réalisateur : Taika Waititi
  • Acteurs : Scarlett Johansson, Rebel Wilson, Roman Griffin Davis, Thomasin McKenzie, Sam Rockwell
  • Date de sortie: 29 Jan 2020
  • Nationalité : Américain
  • Scénariste : Taika Waititi, d'après le livre de Christine Leunens, Le ciel en cage
  • Distributeur : Twentierth Century Fox
  • Editeur vidéo : A suivre
  • Date de sortie vidéo : Premier semestre 2020
  • Box-office USA : 25M$ (au 26 janvier 2020, en cours d'exploitation)
  • Box-office France / Paris-Périphérie : A suivre
  • Festivals & prix : Prix du Public Festival International de Toronto, 6 nominations aux Golden Globes 2020, 6 nominations aux Oscars dont Meilleur film de l'année, Meilleur scénario, Meilleure actrice dans un second rôle...
Note des spectateurs :

Drame à portée d’enfant, d’une grande richesse humaine, Jojo Rabbit convoque Chaplin, Mel Brooks, l’Européen Benigni, et tous les grands artistes qui ont su utiliser l’humour pour dénoncer les ravages de la pensée nazie et l’antisémitisme. Taika Waititi échappe à bien des pièges pour livrer une œuvre intègre, faute d’être entièrement formidable.

Synopsis : Jojo est un petit allemand solitaire. Sa vision du monde est mise à l’épreuve quand il découvre que sa mère cache une jeune fille juive dans leur grenier. Avec la seule aide de son ami aussi grotesque qu’imaginaire, Adolf Hitler, Jojo va devoir faire face à son nationalisme aveugle.

Jojo Rabbit apprivoise Hitler pour une satire puissante contre la haine et l’antisémitisme

Critique : Un peu moins de dix ans après Boy, long métrage néo-zélandais où il mettait en scène la vie imaginaire d’un jeune garçon, le cinéaste, acteur et producteur Taika Waititi revient à ce thème qui lui est cher. Il confirme son originalité de point de vue, de ton, sa vivacité artistique, au sein d’un système hollywoodien sclérosé que l’on ne pensait plus capable de livrer pareil OVNI.

Jojo Rabbit, l’une des dernières œuvres produites par la 20th Century Fox, avant son rachat par Disney, ose confronter les fantaisies d’un garçon au personnage d’Hitler, puisque, chose difficilement imaginable en 2019, le protagoniste principal, du haut de ses dix ans, jeune allemand durant le second conflit mondial, est un petit bonhomme qui voue un culte au Führer, ce dernier s’étant substitué à la figure paternelle, pour lui servir d’ami imaginaire. Ce point de départ gonflé, gênant lors de premières scènes où le garçon apprend la haine du juif au sein des jeunesses hitlériennes, est vite intégré dans ses intentions sans ambiguïtés. Avec délicatesse, le réalisateur, lui-mêle juif et maori, délivre un pamphlet contre les haines à hauteur d’enfant dans un spectacle qui n’a pas la naïveté de la pédagogie indigeste, mais plutôt la générosité du divertissement intelligent. L’auteur se livre ainsi à une introspection du contexte historique pour mieux démontrer, dans une situation aussi dure, comment l’environnement peut effectivement aliéner l’enfant. La valeur universelle du message est appréciable, évoquant l’endoctrinement des plus faibles et des plus influençables, à toutes les époques, y compris la nôtre, ramenant la monstruosité à l’humain et à la société.

Jojo Rabbit : autour de lui Sam Rockwelle et Scarlett Johansson

Photo : Larry Horricks. © 2019 Twentieth Century Fox Film Corporation All Rights Reserved

Une fantaisie courageuse sur le fil du rasoir

Le jeune Jojo Rabbit, qui découvre un lourd secret derrière les murs de sa maison, qui va remettre en question son image de l’ennemi juif, découvre la différence et à désapprendre le stéréotype étatique, dans une Allemagne en guerre et en pleine déroute, mais montrée dans un bain de lumière et une vitalité de conte, celle de l’enfant qui n’a rien d’autre que cette cosmétique pour maquiller ses angoisses les plus profondes. Courageuse, Scarlett Johansson vient donner un message d’espoir au cinéma hollywoodien ankylosé dans le politiquement correct, en interprétant le rôle de la mère courage de l’enfant. On la voit peu, mais elle est toujours remarquable dans cette fantaisie sur le fil du rasoir, toujours au bord de basculer dans le ridicule (les caricatures nazies grotesques qu’incarnent Rebel Wilson et Sam Rockwell, avec tout autant de courage), mais dont la finesse intellectuelle valide bien des dangers et des partis pris artistiques.

L’enthousiasme autour de Jojo Rabbit, de Toronto où le public lui a décerné son prix, jusqu’aux nombreuses nominations aux Oscars et aux BAFTA, est largement justifié.

Critique : Frédéric Mignard

Sorties de la semaine du 29 janvier 2020

 

Jojo Rabbit affiche du film

© 2019 Twentieth Century Fox Film Corporation All Rights Reserved

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Jojo Rabbit affiche du film

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