I am Divine est une déclaration d’amour à l’égérie trash des années 70/80, le travesti Divine, personnalité exubérante qui fascine par son comportement outrancier. Le culte est obligatoire !
Synopsis : L’histoire de Divine, alias Harris Glenn Milstead : du jeune homme en surpoids de Baltimore à la drag queen de renommée internationale qu’il est devenu grâce à sa collaboration avec John Waters. Faisant fi des idées préconçues à propos de la beauté et des convenances en matière d’apparence physique, d’identité sexuelle et de sexualité, Divine est le symbole absolu du marginal devenu égérie underground.
Critique : 1988. Harris Glenn Milstead, travesti connu sous le nom de Divine, trépasse des suites d’une crise cardiaque.
I Am Divine : CV d’une icone LGBT sans aucun tabou
Obèse, hyperactif, accro aux plaisirs de la vie qui entament durablement la santé…Divine était à l’écran et dans ses spectacles une femme obèse au maquillage excessif et aux tenues outrancières. Il avait le CV le plus chargé en immondices : réaliser en vrai une fellation sur un personnage censé incarner son fils, souiller le mobilier d’une demeure de sa bave pour marquer son territoire, feindre de se repaître de chair humaine, se faire violer par un homard géant (était-ce une écrevisse ?), simuler des actes sexuels avec des poissons devant une foule hystérique… et même manger un étron canin sous les yeux éberlués du spectateur.
Divine était devenu le personnage le plus immonde de l’histoire, un titre que Glenn assumait avec réjouissance dans les films de John Waters, l’un de ses amis de Baltimore qui le dirigea régulièrement entre les années 60 et les années 80, dans des classiques du trash comme Pink Flamingos ou Female trouble, tous classés X en leur temps et promis aux projections de minuit.
Une héroïne bigger than life
Saisie d’une frénésie déconcertante à l’écran, l’héroïne bigger than life osait pour le fun, le spectacle et la gloire, avec une générosité décomplexée, les actes les plus improbables dans l’Amérique partiellement libérée du puritanisme des années 70. Cette incarnation “Ab Fab” d’avant l’heure, inconditionnelle du bestiaire de Russ Meyer, est décrite à la ville, dans le documentaire I am Divine comme un gentil garçon, timide, très souvent sous l’emprise de la drogue, qui passait son temps à s’engloutir des beignets à la chaîne tout en rêvant d’une célébrité qui lui revint de droit et qui prit des proportions épiques dans les années 80, avec des singles signés Stock, Aitken et Waterman et sa dernière collaboration avec John Waters, Hairspray, qui allait donner naissance à un remake avec Travolta, un musical à Broadway…
Dans son documentaire, Jeffrey Schwarz déclare sa flamme à son idole disparue, une source d’inspiration pour les jeunes gays en quête de libertés à l’époque où la communauté homosexuelle était priée de rester au placard. Il lui rend hommage avec fougue via une biographie agrémentée d’entretiens précieux (la famille de Divine, ses amis de Baltimore, sa première petite amie, ses agents, et évidemment Waters en personne). Les documents rares sont multiples, des sources audio et vidéo, et des photos incroyables, retravaillées pour une exploitation la plus proche possible de la haute définition contemporaine.
Long Live the Queer
Schwarz, ébloui de fascination pour l’objet de son étude, redonne vie à l’exubérant travesti le temps d’un film où l’on redécouvre le sens du mot “indépendant”. Pour peu que l’on soit un jeune spectateur ou que Divine n’évoque qu’un vague nom, il y a matière à découvrir à travers ce tribut très recommandable l’une des plus grandes forces de la nature que le 7e art américain ait jamais portée en son sein. Un homme schizophrène attachant, décrit comme probablement dépassé par sa propre image qu’il délaissa une fois pour jouer dans Wanda’s café d’Alan Rudolph. Respect.
Déployons donc le tapis rouge pour accueillir l’égérie obscène du cinéma underground, le croisement mutant entre Jayne Mansfield et Elizabeth Taylor saucissonné dans l’obésité. Faisons preuve pour une fois de bon goût en savourant les délices de l’icone la plus subversive. Long live the Queer !