How to Plan an Orgy in a Small Town est une comédie de mœurs qui traîne en France en streaming, entre VOD et programme Prime Vidéo. Une place qui lui va bien plutôt bien.
Synopsis : Beaver’s Ridge est paisible et abrite l’élite du Canada aux valeurs familiales conservatrices. Mais cette vie bien ordonnée va être bousculée par le retour de Cassie Cranston, qui avait dû fuir la ville alors qu’elle n’était alors qu’une adolescente. Devenue une célèbre chroniqueuse du sexe, elle s’attend à un accueil froid et dédaigneux de ses anciens amis…
Critique : How to Plan an Orgy in a Small Town ressemble énormément à Young Adult de Jason Reitman. Aucun des acteurs n’a le charisme hollywoodien de Charlize Theron ou Patrick Wilson, les moyens canadiens sont ici moindres, mais l’idée est identique. Une journaliste urbaine se voit contrainte de rentrer au bercail provincial pour régler des problèmes familiaux et se retrouve confrontée aux fantômes qui l’ont chassée du patelin… Comme nous nous situons dans le domaine de la comédie, il s’agit en l’occurrence d’un acte de rébellion et d’une humiliation vécue lors de son adolescence, lié à la sexualité, traité de façon assez drôle pour ouvrir le film lors d’une introduction en forme de flashback.
How to Plan an Orgy in a Small Town : manifeste technique rigolo
Le regard détaché de la journaliste sur les ploucs conservateurs de son enfance donne lieu à une comédie de mœurs, genre affectionné par le réalisateur qui aime s’interroger sur la sexualité des couples de façon décomplexée sans être trop salace. Avec Sex After Kids, il envisageait déjà la complexité des rapports sexuels dans un couple après l’arrivée des enfants au foyer. Son regard lui avait valu de nombreux Canadian Comedy Awards en 2013. Avec How to Plan an Orgy in a Small Town, il reconstruit les couples mal assortis d’une ville, où la frustration d’une communauté conservatrice qui ne se connaît que trop bien, cache en fait plus de progressisme dans les idées qu’on ne pourrait le croire.
Indépendant mais jamais très loin du conformisme
L’une des mères la morale du petit bourg de campagne décide effectivement de défier l’égérie littéraire de la grande ville en la prenant au mot de l’orgie. Elle se met en tête d’organiser une partouze, avec les compétences de son ancienne amie, mais dont le but (caché) est en fait d’accueillir la semence féconde qui lui permettra de devenir mère, ce que son époux ne peut lui permettre.
L’accroche humoristique autour de l’orgie, avec des gens simples et donc forcément improbables sur un écran de cinéma pour ce type de prouesse, donne lieu à quelques mises en situation, dictées par la dite journaliste (qui s’avère être vierge), plutôt drôles. La citadine confronte les excités du slip et les récalcitrants, à la technicité de la chose et à l’incongruité des premiers instants, forcément maladroits. La pluralité des personnages, rarement cocasses, souvent fades, mais au mieux sympathiques, n’enlève rien au cachet indépendant qui rend le spectacle plutôt regardable. La même chose traitée avec un ton hollywoodien aurait pu être difficilement regardable.
Le recueil de conseils donnera sûrement des tuyaux techniques aux spectateurs aguichés par le mot “orgy”. How to Plan an Orgy in a Small Town a au moins l’honnêteté de répondre à la question, mais tout cela demeure sage et brouillon, et surtout validé par une bienveillance conjugale qui, sous couvert de vendre des idées de liberté extraconjugale, est surtout un manifeste à souder les couples.