Hotel by the River : la critique du film (2020)

Drame | 1h36min
Note de la rédaction :
9/10
9
Hotel by the river, l'affiche

  • Réalisateur : Hong Sang-soo
  • Acteurs : Ki Joo-bong, Kim Min-hee
  • Date de sortie: 29 Juil 2020
  • Nationalité : Sud-coréen
  • Titre original : Gangbyun Hotel
  • Scénariste : Hong Sang-soo
  • Directeur de la photographie : Hyung Koo Kim
  • Distributeur : Les Acacias
  • Année de production : 2018
  • Editeur vidéo :
  • Sortie vidéo :
  • Box-office France / Paris-périphérie :
  • Format : 1.90 : 1 / Noir et blanc / Son : Dolby Digital
  • Récompenses : Prix d’interprétation masculine pour Ki Joo-Bong au Festival de Locarno 2018
  • Crédits visuels et photos : Copyright 2018 Jeonwonsa Film Co. / 2020 Acacias films. Tous droits réservés.
Note des spectateurs :

Fin, élégant, racé, Hotel by the River utilise des procédés minimaux pour capter au plus près la vie dans son essence.

Synopsis : Un vieux poète, qui loge dans un hôtel au bord d’une rivière, fait venir ses deux fils, pensant que sa fin est proche. Lieu de retrouvailles familiales, l’hôtel est aussi celui d’un désespoir amoureux : une jeune femme trahie par l’homme avec qui elle vivait vient y trouver refuge et demande à une amie de la rejoindre…

Hong Sang-soo creuse le même sillon avec bonheur

Critique : Les familiers de Hong Sang-soo retrouveront ce style épuré fait de longs plans, d’un minimum de musique, d’enjeu narratif ténu, de dialogues subtils ; certes, ils noteront quelques nouveautés, comme la caméra portée ou l’âge avancé du protagoniste. Mais pour l’essentiel, les amateurs seront sensibles comme d’habitude à cet art singulier qui consiste, à partir d’éléments minimaux (cinq personnages, deux situations : un poète vieillissant fait venir ses deux fils parce qu’il sent qu’il va mourir, une femme abandonnée par son amant marié se confie à une amie proche), à creuser un sillon fait de discussions qui partent du quotidien pour s’envoler vers des sommets de réflexion et d’émotion.

Hotel by the river, photo d'exploitation 1

Copyright 2018 Jeonwonsa Film Co.

Imaginé à partir d’un lieu, un hôtel découvert par le cinéaste, Hotel by the River se concentre sur ce décor réel : les couloirs, les baies vitrées, le salon, autant d’endroits saisis parfois vides de personnages avec une précision méticuleuse. Les protagonistes s’y cherchent (le poète ne cesse de disparaître), mais cherchent surtout à comprendre : le film repose sur un pourquoi généralisé. Pourquoi faire venir ses fils ? Pourquoi un amant rompt-il ? Pourquoi avoir choisi un prénom ? Pourquoi demander un autographe ? Etc. Si le spectateur n’a pas toujours les réponses, il comprend que l’humain selon Hong Sang-soo est en quête perpétuelle face à une réalité et des agissements opaques.

Une célébration de la beauté, de la vie et du pouvoir des mots

L’interrogation porte sur des faits concrets, mais elle renvoie implicitement aux grandes questions qui ne cessent de nous agiter. Rien pourtant de théorique, ni de gémissant : le film est aussi une célébration de la beauté (des femmes, des paysages), du plaisir d’exister (d’où ces longues répliques de remerciements) et des mots. Car il y a une vraie jouissance à parler, à dire, à questionner : les personnages bougent peu, ils existent par leurs dialogues. Hong Sang-soo profite de ce que son héros est un poète pour glisser des phrases superbes (« La neige ne tombe jamais par hasard ») et pour lui faire prononcer un long poème énigmatique, mais ces effets ne sonnent jamais de manière artificielle : le cinéaste sait les intégrer dans un flot de paroles qui portent sur les sujets les plus triviaux. D’ailleurs, dès le début, le générique dit par le réalisateur (hommage à Guitry?), Hotel by the River est placé sous le signe du mot.

Hotel by the River, photo d'exploitation 2

Copyright 2018 Jeonwonsa Film Co.

L’image n’est pourtant pas une illustration des dialogues : la caméra placée la plupart du temps à une distance qui exclut le gros plan ne cesse de guetter les surgissements impromptus du réel ; un chat qui traverse longuement le champ, la difficulté du poète à mettre ses chaussettes, un inconnu devant une station-service, autant d’images qui questionnent la représentation et la fiction.

Un film fascinant, mais non sans humour

De la même manière, le montage raréfié participe de cette attention patiente qui peut irriter ou, comme c’est notre cas fasciner. Hong Sang-soo a assez d’humour pour se moquer de lui-même en imaginant un cinéaste dont une femme dit qu’il est ambigu, ni populaire ni auteur, ce à quoi son amie rétorque qu’il doit être ennuyeux.

Si la réalisation et les dialogues sont particulièrement soignés, on admire aussi la construction du scénario qui, sous des apparences désinvoltes, ne cesse de tresser des motifs récurrents (les chiots, le personnage « pas humain », la disparition du père…) en d’infinies variations. Porté par un noir et blanc lumineux, ce film qui tourne autour du grand thème de la séparation et de l’abandon possède une élégance rare, un charme ineffable qui le rendent infiniment précieux.

Critique de François Bonini

Les sorties de la semaine du 29 juillet 2020

Le film sur le site du distributeur

Hotel by the river, l'affiche

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Bande-annonce de Hotel by the River (VOstf)

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