Harka : la critique du film + le test DVD (2022)

Drame | 1h27min
Note de la rédaction :
7/10
7
Affiche de Harka de Lofty Nathan (2022)

  • Réalisateur : Lotfy Nathan
  • Acteurs : Adam Bessa, Salima Maatoug, Ikbal Harbi, Najib Allagui
  • Date de sortie: 02 Nov 2022
  • Année de production : 2022
  • Nationalité : Français, Tunisien, Belge, Luxembourgeois
  • Titre original : Harka
  • Scénariste : Lotfy Nathan
  • Directeur de la photographie : Maximilian Pittner
  • Monteurs : Sophie Corra, Thomas Niles
  • Compositeur : Eli Keszler
  • Sociétés de production : Cinenovo, en coproduction avec Spacemaker, Beachside, Anonymous Content, Kodiak Pictures, Tarantula Luxembourg, Detailfilm, Wrong Men, Cinetelefilms
  • Distributeur : Dulac Distribution
  • Editeur vidéo : Blaq Out (DVD, 2023)
  • Date de sortie DVD : 4 avril 2023 (DVD)
  • Date de sortie VOD : 15 mars 2023
  • Box-office France / Paris-Périphérie : 14 970 entrées / 6 578 entrées
  • Box-office nord américain / monde : -
  • Budget : -
  • Classification : Tous publics
  • Formats : 2.39 : 1 / Couleur (35 mm, DCP, 4K) / 5.1 VOSTFR arabe
  • Festivals et récompenses : Prix d'interprétation masculine : Un Certain Regard au Festival de Cannes 2022, São Paulo International Film Festival 2022, War on Screen International Film Festival 2022, Melbourne International Film Festival 2022, Stockholm International Film Festival 2022, Red Sea International Film Festival, Málaga Film Festival, Istanbul Film Festival
  • Illustrateur / Création graphique : © Le Cercle Noir pour Fidelio. © Photo : Hassene Amri. Tous droits réservés / All rights reserved
  • Crédits : © Cinenovo, Sophie Dulac. Tous droits réservés / All rights reserved
Note des spectateurs :

Harka est le tableau âpre et bouillonnant d’une Tunisie qui, plus de 10 ans après le Printemps arabe, reste engluée dans la misère et la corruption.

Synopsis : Ali, jeune tunisien rêvant d’une vie meilleure, mène une existence solitaire, en vendant de l’essence de contrebande au marché noir. À la mort de son père, il doit s’occuper de ses deux sœurs cadettes, livrées à elles-mêmes dans une maison dont elles seront bientôt expulsées. Face à cette soudaine responsabilité et aux injustices auxquelles il est confronté, Ali s’éveille à la colère et à la révolte. Celle d’une génération qui, plus de dix ans après la révolution, essaie toujours de se faire entendre…

Critique : Toute la journée, Ali (Adam Bessa) erre seul dans les rues. Le soir, il n’a pour domicile que les gravats d’un chantier abandonné. Pour survivre, il vend de l’essence de contrebande, sous les yeux de la police qui laisse faire à condition de toucher son pourcentage sur ce trafic. Et son quotidien se complique encore quand à la mort de son père, il doit non seulement prendre en charge ses petites sœurs mais aussi trouver l’argent nécessaire pour régler les dettes de ce géniteur inconséquent, dont il envisage de reprendre l’ancien emploi ce qui lui sera refusé, ne lui laissant, une fois encore que le choix du travail illégal. Ali rêve alors de l’Europe, loin de cette Tunisie incapable de lui offrir une vie décente.

Harka, la brûlure en arabe

Harka a deux significations en arabe. La première désigne, en argot tunisien, un migrant qui tente la traversée de la Méditerranée en bateau. La seconde se rapporte à l’action de brûler deux thèmes qui imprègnent ce drame intense du réalisateur americano-égyptien Lofty Nathan, remarqué en 2013 pour son documentaire 12 O’Clock Boys sélectionné dans plus de 50 festivals. S’il place son récit à Sidi Bouzid, là où l’auto-immolation de Mohamed Bouaziz servit de déclencheur au Printemps Arabe en Tunisie, il s’ interroge, de manière universelle, sur cette force du désespoir qui pousse certains individus à se sacrifier pour exprimer leur colère et même réclamer une reconnaissance collective pour ceux qui, bien malgré eux, se retrouvent pris au piège d’un système immoral.

Harka, photo d'exploitation

Copyright Dulac Distribution. Tous droits réservés.

A mi-chemin entre le conte pour adultes modulé par la voix off de la petite sœur du héros, et la fiction aux accents politiques proche du documentaire, Harka réalise la prouesse de ne jamais sombrer dans la désolation totale grâce à une photographie lumineuse et à la vivacité d’une jeunesse tunisienne combative.

Adam Bessa, le magnétique

Malgré quelques facilités scénaristiques et le choix d’une musique redondante, les situations s’enchevêtrent habilement pour nous mener vers une tragédie que l’on pressent de plus en plus inéluctable. Enfin et ce n’est pas le moindre atout de ce film, l’authenticité jaillit au détour de chaque plan grâce à la présence magnétique d’Adam Bessa, un jeune comédien que l’on a pu voir dans Les Bienheureux de Sofia Djama et des blockbusters Netflix. Pièce maîtresse de ce récit abrupt, il est de tous les plans. Trouvant le juste équilibre entre sensibilité et rage, il dévoile toutes les nuances d’un être de bonne volonté impuissant face à des événements qui le submergent. Sa retenue, son combat et l’attention qu’il accorde à ses sœurs font de lui un personnage attachant, dont le jeu sans faille a séduit le jury de la section un certain Regard du dernier festival de Cannes qui lui a décerné le prix de la meilleure interprétation masculine.

Harka est une œuvre incandescente qui rappelle sans détours que, malgré la chute du régime dictatorial de Ben Ali, la Tunisie reste une nation profondément divisée, toujours en proie à une crise économique et sociale particulièrement pesante pour ses citoyens.

Claudine Levanneur

Sorties de la semaine du 2 novembre 2022

Affiche de Harka de Lofty Nathan (2022)

© Le Cercle Noir pour Fidelio. © Photo : Hassene Amri. Tous droits réservés / All rights reserved

Box-office :

Malgré ses nombreuses qualités soulignées par son prix cannois et ses excellentes critiques, Harka est passé inaperçu en France. Le film a été un échec en raison de son manque de notoriété. Il a ainsi accompli 60.55% de ses entrées en première semaine. En effet, il rassemble 9 053 cinéphiles dans 42 salles en première semaine pour achever sa carrière en 6e semaine, à 14 970 spectateurs.

Harka a perdu effectivement 65% de sa fréquentation en 2e semaine (3 212 entrées, 45 salles), puis 67% en 3e semaine (1 053 entrées, 43 salles). Il a donc mal commencé sa carrière en raison de l’ignorance du public autour de sa sortie. Il a chuté en deuxième semaine lorsque l’offre autour des nouveautés l’a rangé parmi les films en continuation. Ses premiers chiffres n’étaient pas suffisants pour construire un bouche-à-oreille.

Sur Paris, le film a généré 6 578 entrées, soit 43.88% de sa fréquentation totale, avec une trajectoire similaire.

L’éditeur BlaqOut propose le film en DVD le 4 avril 2023. Au vu des chiffres et du profil des spectateurs, il décide de ne pas le proposer en Blu-ray, réservant la haute définition pour la VOD. Entre temps, le film est sorti en Tunisie le 11 janvier 2023.

Frédéric Mignard

Le test DVD

Superbe film qui mêle une atmosphère tendue de thriller à un constat politique et social accablant pour le pouvoir tunisien, Harka est une œuvre puissante dont le DVD retranscrit toute la majesté. Test effectué à partir du produit fini.

Packaging & Compléments : 3 / 5

Blaq Out nous propose le film dans un boitier Amaray classique, reprenant l’affiche cinéma du film. Sur la galette elle-même, le spectateur pourra retrouver l’acteur Adam Bessa pour un entretien intéressant de 16min. Celui-ci indique sa volonté de tourner des rôles intenses qui l’obligent à se surpasser et à travailler énormément. Ainsi, il indique ici son énorme préparation pour le rôle d’Ali, mais aussi sa confrontation avec un casting essentiellement non-professionnel, ainsi que la volonté du cinéaste Lofty Nathan de tourner un vrai film de cinéma, aussi puissant sur le plan visuel, sonore, que thématique. Intéressant, bien qu’assez court.

L’image : 4,5 / 5

En l’absence de sortie en blu-ray, Harka se devait d’avoir une copie SD de toute beauté. C’est chose faite avec cette galette qui retranscrit avec chaleur la photographie du film et son grain de pellicule, puisque le film a été réalisé « à l’ancienne ». L’image est à la fois d’une belle profondeur, d’une précision à couper au rasoir et d’une belle fluidité et stabilité. Assurément un excellent travail.

Le son : 4 / 5

Là encore, des efforts ont été consentis pour offrir au film un écrin de premier ordre. Si nous avons laissé de côté la version 2.0, la piste 5.1 n’est pas qu’un gadget. Effectivement, la musique de Eli Keszler est d’une réelle puissance, aussi bien dans l’action trépidante que dans l’intimisme des relations humaines. Cette version 5.1 nous immerge totalement dans l’ambiance de la Tunisie contemporaine tout en nous faisant partager l’univers mental du personnage principal. Jusqu’à une scène finale à fois forte, désespérante et terriblement poétique.

Test du DVD : Virgile Dumez

Sortie en VOD le 15 mars 2023

Harka, jaquette DVD

Copyright Dulac Distribution / Graphisme : L’Atelier d’Images. Tous droits réservés.

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Affiche de Harka de Lofty Nathan (2022)

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