Romance métaphysique portée par des efforts de narration complexes, Fin de siècle essaie de donner de la consistance à sa vacuité.
Synopsis : Un Argentin de New York et un Espagnol de Berlin se croisent une nuit à Barcelone. Ils n’étaient pas faits pour se rencontrer et pourtant… Après une nuit torride, ce qui semblait être une rencontre éphémère entre deux inconnus devient une relation épique s’étendant sur plusieurs décennies…
Critique : Réalisé à Barcelone, par un Argentin vivant à New York, avec un casting restreint, autour de trois acteurs espagnol ou argentins, Fin de siècle relève du carnet de voyage arty, un peu vain dans son point de vue artistique qui se veut total. Autobiographique à mi-mots, fasciné par sa propre littérature, sa narration lente, contemplative, voire compliquée dans sa destructuration de la chronologie autour de trois gros blocs, le film embrasse la forme du badinage avec une portée qui se veut sincèrement et profonde, comme Eric Rohmer et Hong Sang-soo s’en sont fait les maîtres et dont le cinéaste est un grand admirateur.
Les intentions sont nobles et peuvent fonctionner. Parfois. Mais on ressort las de l’expérience trop carrée, voire trop cartésienne, fatigué par la lourdeur d’une mise en scène à court d’idées personnelles fortes.
Certes, le cinéaste, Lucio Castro entend bien pousser son concept cosmique autour d’une rencontre et de sa portée sur trois moments, jusqu’au bout, en la bâtissant sur des ellipses, des silences. Des efforts de reconstruction sont demandés au spectateur dans cette histoire d’amour en sempiternelle réécriture au fil des hasards pour les personnages, qui en deviennent des rebondissements ou coups de théâtre de l’intime pour le spectateur.
Fin de siècle, badinage rohmérien à Barcelone
L’idée est certes séduisante, mais l’aspect contemplatif manque d’allant et les efforts requis ne mènent pas à une vraie satisfaction à la fois de pensée et de cinéma. A l’exception des deux minutes finales qui portent un regard intéressant sur la notion de fin, par la mise en scène et tout un travail sur le cadrage, la lumière et le son, le charme, la sensualité, la passion, l’émotion manquent. On ne s’intéresse que trop peu aux propos anodins de cette rencontre masculine estivale assez quelconque. L’intensité physique des corps inconnus (le sont-ils vraiment d’ailleurs ?) ne fait pas palpiter les sens, les thèmes de l’homoparentalité et de la quête de soi dans l’autre sont réduits à des lieux communs.
Lucio Castro dit beaucoup de choses, mais son discours est réduit à l’état d’ébauche, celui d’un procédé qui nous fait dire que, décidément, on ne parle pas le même langage.