Entre houle et déferlante, Entre les vagues est une poignante histoire d’amitié féminine qui nous ballotte sans ménagement au gré des tempêtes de la vie.
Synopsis : Rêver, foncer, tomber, repartir, rêver encore, et recommencer. Elles ont l’énergie de leur jeunesse, sa joie, son audace, son insouciance. Deux meilleures amies, l’envie de découvrir le monde. Margot et Alma sont inarrêtables, inséparables.
Critique : Deux jeunes femmes, l’une noire, l’autre blanche se battent violemment au point de se blesser et de provoquer une vague de protestation autour d’elle. S’agit-il d’un énième film sur les violences urbaines ? Point du tout ! Pour se faire remarquer et tenter de décrocher le rôle dont elles rêvent toutes les deux, Alma (la divine Deborah Lukumuena, César de la meilleure actrice dans un second rôle féminin en 2017 pour Divines et actuellement à l’affiche de Robuste aux côtés de Gérard Depardieu) et Margot (Souheila Yacoub déjà remarquée dans Bas étage de Yassine Qnia et que l’on pourra retrouver dans les prochains jours dans En corps de Cédric Klapisch) ont inventé cette fausse bagarre. C’est vif, animal jusqu’à la démesure. Les deux amies entendent bien prolonger la folle insouciance de l’adolescence même si, à 27 ans, elles n’ont d’autre désir que de décrocher ce rôle de comédienne qui leur permettrait d’exprimer toute cette fougue et cet amour de la vie qu’elles sentent bouillonner en elles.
Comédiennes, elles le sont dans leurs moindres actes. Pour s’en persuader, il suffit d’observer leur ténacité à obtenir, de la part d’un serveur épuisé, les restes d’un repas, leur joie à piéger un ancien amant ou leurs tergiversations, entre séduction et roueries, au sein de ces nombreux jobs d’appoints qu’elles exercent dans l’attente de leur rencontre avec l’art théâtral. Jusqu’à ce que ce jour béni arrive ! Leur combat de chiffonnière a payé et la metteuse en scène (Sveva Alviti) accorde le premier rôle à Alma, déléguant à Margot celui de la doublure. Se profile alors le spectre de la rivalité bien vite balayée car tel n’est pas le propos de la réalisatrice et scénariste Anaïs Volpé dont c’est le premier long-métrage. Comédienne de théâtre, elle s’attache à clamer haut et fort sa foi en la fiction et en son pouvoir bénéfique tant sur les créateurs unis dans un même élan de solidarité pour tendre vers le meilleur que sur les spectateurs renvoyés à leurs questionnements les plus intimes. Défilent alors dans un joyeux désordre coloré mais peu compréhensible des images d’archives entre Paris et New York, entre passé et présent, pour nous conter le parcours d’une jeune femme enceinte qui revient sur la bravoure de sa grand-mère immigrée italienne. Un hymne à la vie et à la volonté de s’en sortir. Car de la pugnacité et du courage, nos deux héroïnes vont devoir en puiser au plus profond d’elles-mêmes dès lors que la maladie vient obscurcir la perfection de cette amitié que l’on imaginait indestructible.
La comédie vire instantanément au mélodrame et ne s’embarrasse guère de nuances pour brinquebaler le spectateur de l’exaltation la plus intense au désespoir le plus noir. Un va et vient émotionnel certes destiné à éviter le piège d’un trop-plein de pathos qui cependant confisque une part d’émotion, d’autant que la superposition de thèmes (répétitions théâtrales, recherche identitaire, événements tragiques) ajoute à la confusion.
C’est sans aucun doute à travers l’osmose parfaite de son duo d’actrices lumineuses qu’Entre les vagues trouve toute sa générosité. Au cœur d’un Paris bigarré, plein de bruit et de fureur, leur spontanéité et leur énergie sans cesse renouvelées alimentent le film d’une joie de vivre communicative, même dans les moments les plus graves.
Un film qui bourlingue, peut amener le cœur au bord des lèvres mais qui n’oublie pas, dès que l’occasion lui en est donnée, de susurrer à l’oreille le doux clapotis du bonheur d’une vie rêvée.
Les sorties de la semaine du 16 mars 2022
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