Eaux profondes (Deep Water) est un énième thriller domestique d’Adrian Lyne, dont le retour aux affaires, avec le tandem Ben Affleck et Ana de Armas en haut de l’affiche, s’avère moins sexy que prévu. Une maussaderie d’époque.
Synopsis : Vic et Melinda Van Allen est un couple aisé de la Nouvelle-Orléans dont le mariage s’écroule sous le poids de la rancœur, de la jalousie et du doute. Alors que leurs provocations et manipulations mutuelles s’intensifient, les choses se transforment rapidement en un jeu du chat et de la souris mortel lorsque les amants de Melinda commencent à disparaître.
Critique : A 80 ans, Adrian Lyne, vétéran du cinéma hollywoodien choc et sexy (9 semaines ½, Liaison fatale, Proposition indécente, Lolita) revient dix ans exactement après le succès de Infidèle. Difficile de dire que la nouvelle est excitante tant les films du monsieur – qui a aussi réalisé Flashdance et L’échelle de Jacob -, nous ont rarement émoustillés.
Le projet maudit d’Adrian Lyne
Pas de chance pour ce projet de la 20th Century Studios/News Regency, Eaux profondes (Deep Water) a été privé de sa sortie salle prévue, aux Etats-Unis, au 14 janvier 2022, et ce, à la dernière minute. Disney a effectivement décidé de repasser le bébé à Hulu sur son territoire national, et non sur sa propre plateforme, et à Amazon pour l’exploitation internet mondiale, dont la France.
C’est donc sur Prime Vidéo que les Français ont pu découvrir le thriller domestique sur fond de sexe, de disparitions d’amants, et d’histoire de couple en décomposition.
Si esthétiquement le film revêt un certain charme cinématographique inhérent au talent visuel de son auteur, l’histoire – adaptée initialement d’un roman de Patricia Highsmith de 1957 -, est une supercherie dans son invraisemblance généralisée.
On passera vite sur le caractère nymphomane du personnage de l’épouse volcanique, jouée par Ana de Armas, et sur ses instincts provocateurs consistant à présenter à son époux ses éventuels nouveaux amis, de jeunes hommes d’un brun ténébreux dont le mari vieillissant, Ben Affleck, qui a encore la musculature de Batman mais également son jeu perpétuellement fatigué, a du mal à accepter la compétition. Mais la litanie de disparitions qui égraine l’intrigue ne provoque quasiment aucuns remous, si ce n’est la vacuité de la répétition.
Eaux profondes (Deep Water) un suspense à bout de souffle
Dans un environnement qui n’aura de sexy que la présence d’Ana de Armas, l’aspect thriller est bradé. L’incapacité du réalisateur à bâtir un suspense en est largement responsable. Le choix de l’acteur, époux ambigu qui éconduit les amants de sa légitime en leur suggérant de bien faire attention car il serait le meurtrier de leurs prédécesseurs, est évidemment dommageable. Ben Affleck avait déjà été l’erreur de casting de Gone Girl, thriller diabolique de David Fincher, dont cet Eaux profondes serait un cousin télévisuel.
Au final, le retour d’Adrian Lyne aux affaires est passable, mais dans le cadre d’un abonnement Prime Vidéo, il espère au moins garder la face, avec la possibilité d’une avance en vitesse rapide pour découvrir le fin mot d’une histoire sans finesse aucune.
© Amazon Studios
