Drive My Car : la critique du film (2021)

Drame, Romance | 2h59min
Note de la rédaction :
8/10
8
Drive My Car, affiche 2021

  • Réalisateur : Ryûsuke Hamaguchi
  • Acteurs : Hidetoshi Nishijima, Tôko Miura, Masaki Okada
  • Date de sortie: 18 Août 2021
  • Année de production : 2021
  • Nationalité : Japonais
  • Titre original : Doraibu mai kâ
  • Titres alternatifs : -
  • Autres acteurs : Reika Kirishima, Sonia Yuan, Perry Dizon
  • Scénaristes : Ryûsuke Hamaguchi, Takamasa Oe
  • D'après une nouvelle du recueil : "Des hommes sans femmes" de Haruki Murakami
  • Directeur de la photographie : Hidetoshi Shinomiya
  • Monteur : Azusa Yamazaki
  • Compositeur : Eiko Ishibashi
  • Producteurs : Akihisa Yamamoto, Tamon Kondo, Kazuo Nakanishi, Yuji Sadai
  • Sociétés de production : C&I Entertainment, Culture Entertainment, Bitters End
  • Distributeur : Diaphana Distribution
  • Distributeur : (reprise) -
  • Date de sortie reprise : -
  • Editeur vidéo : -
  • Date de sortie vidéo : -
  • Box-office France / Paris-Périphérie : -
  • Box-office nord-américain : -
  • Budget : -
  • Classification : Tous publics
  • Format : 1.85 : 1 / Couleur / Dolby 5.1
  • Sélection officielle Cannes 2021 : Prix du Scénario, Prix Fipresci, Prix AFCAE
  • Autres festivals et récompenses : -
  • Illustrateur / Création graphique : © Tous droits réservés / All rights reserved
  • Crédits: © C&I Entertainment, Culture Entertainment, Bitters End. Tous droits réservés / All rights reserved
Note des spectateurs :
Bandeau Cannes 2021 bleu

© FDC / Philippe Savoir (www.filifox.com)

Drive My Car est une vertigineuse mise en abyme qui confirme l’importance de Ryûsuke Hamaguchi. Une œuvre majeure !

Les jeux du théâtre et de la vie

Synopsis : Alors qu’il n’arrive toujours pas à se remettre d’un drame personnel, Yusuke Kafuku, acteur et metteur en scène de théâtre, accepte de monter Oncle Vania dans un festival, à Hiroshima. Il y fait la connaissance de Misaki, une jeune femme réservée qu’on lui a assignée comme chauffeure. Au fil des trajets, la sincérité croissante de leurs échanges les oblige à faire face à leur passé.

Critique : Ryûsuke Hamaguchi est l’une des plus fortes révélations du cinéma japonais de ces dernières années. On avait admiré Senses (2015), d’une durée de plus de cinq heures, distribué en France en trois parties, et la romance semi-fantastique Asako I et II (compétition officielle Cannes 2018). Et nous avions rendu compte sur ce site de Passion (2008), son premier long métrage proposé par Art House Films en 2019. Drive My Car est adapté d’une nouvelle extraite du recueil Des hommes sans femmes, écrit par Haruki Murakami, l’auteur le plus lu au Japon. Le film dure trois heures ce qui permet au réalisateur de prendre le temps d’étoffer la psychologie de ses personnages et de proposer une profonde réflexion sur les affres du métier d’artiste et les liens entre le processus créatif et l’existence personnelle.

Drive My Car, photo

©2021-Culture Entertainment – Bitters End- Nekojarashi Quaras – Nippon – Shuppan – Hanbai -Bungeishunju – L’espace Vision – The Asahi Shimbun Company

Contrairement à ce que son titre et le synopsis pourraient laisser penser, Drive My Car n’est guère une version nipponne de Driving Miss Daisy. Le film met certes en avant des échanges verbaux entre Kafuku et Misaki, de condition sociale différente. Tous deux partagent un traumatisme qui les rapproche et nouent ensuite un lien progressif. Mais ce n’est là qu’un aspect du scénario (coécrit avec Takamasa Oe) qui insiste aussi sur la relation entre Kafuku et deux autres protagonistes. Il s’agit de son épouse, Oto, une scénariste de la télévision japonaise, qui trouve l’inspiration pendant les rapports sexuels avec son époux. L’autre est un jeune acteur, Kôji, amené à être dirigé sur scène par Kafuku, après avoir interprété les textes d’Oto pour le petit écran. Nous n’en dirons pas plus, pour ne pas déflorer les enjeux de la narration. Mais plusieurs éléments caractérisent le scénario de Drive My Car.

Drive My Car, trois heures fascinantes

En premier lieu, les trois heures du métrage sont structurées de telle façon que le premier tiers ne prend son véritable sens qu’après la durée totale. En second lieu, l’ambiguïté de certains personnages nous fait douter de leurs réelles intentions. En troisième lieu, la répétition théâtrale d’Oncle Vania de Tchekhov motive Kafuku tout en le mettant mal à l’aise, l’argument de la pièce révélant les failles personnelles du metteur en scène. La subtilité avec laquelle Hamaguchi agence cette mise en abyme rappelle les grands films ayant traité du rapport entre le théâtre et la vie, comme Le carrosse d’or de Jean Renoir et Le dernier métro de François Truffaut. Mais Drive My Car se se limite pas à ses enjeux d’écriture, tant le film exerce un réel pouvoir de fascination, par un style qui fait de Hamaguchi le digne héritier d’un Antonioni.

Drive My Car, photo 2

©2021-Culture Entertainment – Bitters End- Nekojarashi Quaras – Nippon – Shuppan – Hanbai -Bungeishunju – L’espace Vision – The Asahi Shimbun Company

Sa mise en scène dénote un sens réel de l’atmosphère, comme l’attestent les séquences du rituel du trajet en voiture entre le lieu de répétition et l’hôtel, filmées à chaque fois sous des angles différents. Ce cinéaste de l’intime est en outre d’une grande précision technique. Il tient à préciser : « J’apprécie tout particulièrement l’instant où je dois filmer mes interprètes. Je guette avec impatience le moment où je me trouve confronté aux impondérables et qui ne manquent jamais de survenir pendant un tournage. L’idéal, c’est quand la caméra se trouve positionnée au meilleur endroit lorsqu’ils se produisent ». D’une équipe d’acteurs remarquables, on peut citer l’étonnant Hidetoshi Nishijima dans le rôle de Kafuku. On l’avait vu dans License to Live et Creepy de Kiyoshi Kurosawa. Grande œuvre ambitieuse qui se mérite, Drive My Car est assurément l’un des événements du Festival de Cannes 2021.

Critique de Gérard Crespo

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Sorties de la semaine du 18 août 2021

Drive My Car, affiche 2021

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Drive My Car, affiche 2021

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