Dieu les crée, moi je les tue est un western italien sans grande envergure, qui risque de laisser sur leur faim les amateurs du genre, tant il manque de violence et de lyrisme.
Synopsis : Une bande de malfrats ont pillé la banque de Wells City et assassiné plusieurs personnes. Les notables de la ville font appel à Sam Corbett, un prestigieux chasseur de primes venu de l’Est pour débusquer les coupables.
Critique : C’est en 1968 que Paolo Bianchini réalise son premier western, Dieu les crée, moi je les tue. (le film ne sera distribué en France qu’en 1973, ndlr). Le bougre ne fera pas les choses à moitié puisqu’il sortira quelques mois plus tard Clayton l’implacable et Avec Django, ça va saigner.
Dieu les crée, moi je les tue, c’est avant tout un héros un peu particulier
Bianchini ne cessera de clamer son amour du cinéma américain dans ses westerns. Ainsi, dans Dieu les crée, moi je les tue, le protagoniste, Corbett, est un héros extrêmement propre sur lui, qui se distingue des chasseurs de prime de Leone. Un “pied tendre”, diront certains, tant il peut parfois exaspérer. Dean Reed, davantage connu en tant que musicien au parcours de vie hors-norme, incarne ce héros haut en couleurs. Il interprète aussi avec grande conviction le thème final du film, sans le rendre pour autant mémorable, à l’image de l’ensemble des partitions du film. L’amateur de westerns all’italiana sera bien plus séduit par le générique d’ouverture et ses filtres visuels sur fond de trompette lancinante.
Permis de tuer ?
L’une des étonnantes particularités de Dieu les crée moi je les tue réside dans les nombreuses similitudes qu’il partage avec la série des James Bond. Tout d’abord, Reed ressemble énormément à Roger Moore, qui incarnera l’agent cinq ans plus tard. L’attitude de Corbett égale celle de 007 : costumes impeccables, répliques cyniques, décontraction à toute épreuve et séduction de deux jeunes filles à la fois. Son véhicule est un chariot rutilant rempli de gadgets, tracté par un magnifique cheval blanc. Tomate cerise sur le plat de spaghettis, le film se finit dans le repaire du méchant qui a pour acolyte un nain ! Beaucoup de ces ressemblances doivent être involontaires, même si elles trouvent un écho au fait que le premier film de Bianchini, Bagarre à Bagdad pour X27, est un film d’espionnage avec Roger Hanin.
Dieu les crée, moi je les tue risque de décevoir les adeptes du spaghetti
En effet, le classicisme gentillet du film et ses décors redondants sans aucune envergure (ici, pas de désert de Tabernas par faute de budget, mais des extérieurs très italiens et beaucoup de studio) ne sont pas à même de satisfaire ceux qui attendent quelque chose de plus qu’un simple western bon enfant. Le scénario, pourtant signé Fernando Di Leo, ne convainc pas vraiment et multiplie les moments de flottement inutiles. Tout n’est pourtant pas à jeter dans ce film qui propose des moments d’action intéressants. A noter aussi un duel final sympathique au cours duquel le héros présente enfin quelques signes de vulnérabilité. La réalisation de Bianchini est fluide en dépit des contraintes budgétaires, et annonce un style qu’il développera dans ses westerns ultérieurs.
Si le métissage des genres dans le cinéma populaire italien des années 60 a su donner naissance à des œuvres très créatives, il ne fait ici pas mouche. Il ne faudra néanmoins attendre que quelques mois pour que Bianchini nous offre une vision un peu plus convaincante du western d’espionnage dans son Avec Django, ça va saigner.
Critique : Kevin Martinez