Dark Tower est le dernier film en tant que réalisateur du grand Freddie Francis, un nanar qu’il répudia et qui sortit directement en vidéo, sous pseudo. Au vu de cette tour vraiment infernale, on comprend pourquoi.
Synopsis : Suite à la mort accidentelle d’un laveur de vitres du haut d’une tour high-tech, à Barcelone, la police enquête. Les soupçons se portent sur l’architecte du bâtiment. Une femme de pouvoir qui semble inaccessible.
Le pire film de Freddie Francis
Critique : Après l’ambitieux Le Docteur et les assassins (Avoriaz 1986) qui devait relancer le cinéma gothique à l’anglaise, Freddie Francis, que l’on avait surtout connu comme un directeur de la photographie de légende (Les Innocents, de Jack Clayton ; Elephant Man de David Lynch), se retrouve confronter à la réalité d’un marché dominé par les productions vidéo.
Les vidéo-clubs ingurgitent tout le cinéma de genre sans passer par la case salle, et c’est ainsi que le film Dark Tower, réalisé en 1987, finit en VHS aux USA. Tellement mauvais que Freddie Francis le répudia, cette série B à tendance Z fut co-réalisée par Ken Wiederhorn (Le commando des morts vivants, King Frat, Le retour des morts vivants 2), mais signée sous le pseudo unique de Ken Barnett.
Freddie Francis quitte le gothique pour l’high-tech eighties
Petit budget, terrifiant de médiocrité visuelle, incapable de suspense, ce thriller horrifique éloignait Freddie Francis du folklore de la campagne anglaise et de ses monstres (il a mis en scène pour la Hammer Frankenstein, loup-garou et autre Dracula), pour un environnement urbain high tech, celui d’une tour ultra-moderne où le mal est à tous les étages (apparitions, morts soudaines, tuerie de masse…).
Les gratte-ciels maléfiques, un décor à la mode
Empruntant à L’ascenseur de Dick Maas ou évoquant beaucoup Poltergeist 3 (1988), réalisé parallèlement, Dark Tower ferait passer n’importe laquelle de ces deux œuvres pour des chefs d’oeuvre du genre. Même Devil de John Erick Dowdle paraît formidable à côté de cette histoire de vengeance d’outre-tombe paresseuse, où une apparition zombiesque en fin de métrage nous plonge dans le nanar total.
Paranormal activity
Avec son paranormal de bas étage et des acteurs de seconds rôles, sympathiques ailleurs mais pathétiques ici, faute de direction d’acteur, Dark Tower précipita le retour de Freddie Francis à la photographie, notamment chez Scorsese (Les nerfs à vif) et David Lynch (Une histoire vraie). Comme quoi dans la nullité, on peut toujours y trouver du bon…
Critique : Frédéric Mignard