Dans les mains du pistolero : la critique du film (1969)

Western | 1h28min
Note de la rédaction :
7/10
7
Dans les mains du pistolero

Note des spectateurs :

Premier film de l’espagnol Rafael Romero Marchent, Dans les mains du pistolero est un long métrage de facture très classique qui tient toutefois le spectateur en haleine par son scénario haletant.

Synopsis : Après que le sheriff a accidentellement tué son enfant, un pistolero se venge en kidnappant celui de ce dernier pour l’élever comme sa propre progéniture. Les années passent et le destin va bientôt rattraper l’ancien homme d’armes devenu paisible citoyen…

Dans les mains du pistolero doit davantage au classicisme hollywoodien qu’à Leone

Critique : 1965. Un an après le révolutionnaire Pour une poignée de dollars, Rafael Romero Marchent, issu d’une famille ayant joué un rôle capital dans l’essor du western espagnol, signe son premier film, Dans les mains du pistolero. Néanmoins, Marchent n’adopte pas les codes de Leone et prône un certain classicisme, qui n’est pas pour autant synonyme de manque de qualité. En effet, si la réalisation est relativement peu inventive, elle est efficace. Les personnages quant à eux sont archétypaux mais charismatiques, à la faveur d’acteurs inspirés. La présence de l’américain Craig Hill, qui campe à merveille un personnage de pistolero tragique, nous donne l’impression de visionner une série B américaine des années 50 de très bonne facture.

Une œuvre cathartique où l’on éprouve beaucoup de compassion pour le protagoniste

La grande force de ce film réside en fait dans son scénario particulièrement tragique, caractéristique qui deviendra la marque de fabrique du western ibérique. On a l’impression que le destin s’acharne sur le protagoniste, ancien pistolero n’aspirant qu’à la tranquillité en dépit d’un passé houleux, et on enrage face aux exactions d’une fratrie de voyous faisant tout pour le remettre sur la voie de la violence. A noter toutefois que le spectateur doit avoir recours à la suspension d’incrédulité pour apprécier le film. En effet, de manière assez saugrenue, le héros a enlevé le fils du meurtrier de son propre enfant pour l’élever comme tel, décision aux conséquences désastreuses.

Dans les mains du pistolero peut plaire aux amateurs de westerns américains et spaghetti.

En dépit de son aspect classique mais efficace, le film présente toutefois quelques caractéristiques propres au western européen post-Leone. La violence y est en effet parfois exacerbée, et ce n’est pas la scène d’ouverture, mettant en scène le meurtre d’un nourrisson, qui fera dire le contraire. Si les protagonistes restent assez propres sur eux, certains méchants se révèlent particulièrement pervers et sadiques. Le générique, quant à lui, renvoie à l’esthétique multicolore propre à beaucoup de westerns spaghetti. Enfin, la musique n’est pas symphonique et use d’instruments récurrents dans les bandes-son de westerns européens. Bien qu’elle manque de relief, elle accompagne efficacement l’action.

Tous ces éléments montrent bien qu’en dépit d’un classicisme affiché, l’ombre de Leone plane sur ce Dans les mains du pistolero, qui mettra d’accord les amateurs de western américain et spaghetti. Les uns apprécieront la sobriété du film, tandis que les autres apercevront en filigrane les prémices d’éléments qui se révéleront constitutifs d’un genre tout juste naissant.

Acheter le DVD (version espagnole sans piste audio ni sous-titres français)

Critique : Kevin Martinez

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Dans les mains du pistolero

© P.E.A. Roma/C.C. Astro, Madrid

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