Bonne mère : la critique du film et le test DVD (2021)

Drame social | 1h39min
Note de la rédaction :
7/10
7
Bonne mère, affiche du film

  • Réalisateur : Hafsia Herzi
  • Acteurs : Halima Benhamed
  • Date de sortie: 21 Juil 2021
  • Année de production : 2021
  • Nationalité : Français
  • Titre original / Titres alternatifs Bonne mère / Good Mother (USA)
  • Autres acteurs : Sabrina Benhamed, Justine Gregory, Noemie Casari
  • Scénaristes : Hafsia Herzi
  • Directeur de la photographie : Jérémie Attard
  • Monteur : Eric Armbruster, Camille Toubkis
  • Compositeur : Remi Durel
  • Producteurs : Saïd Ben Saïd, Michel Merkt
  • Sociétés de production : SBS Productions, Arte France Cinéma (coproduction), en association avec Cinécap 4, Cinémage 15, Indéfilms 9 et la participation de Canal+, Ciné+
  • Distributeur : SBS Distribution / Paname (Programmation)
  • Distributeur reprise : -
  • Date de sortie reprise : -
  • Editeur vidéo : Blaq Out
  • Date de sortie vidéo : 7 décembre 2021 (DVD, VOD)
  • Box-office France / Paris-Périphérie : 29 633 entrées / 9 895 entrées
  • Box-office nord américain / monde : -
  • Budget :
  • Rentabilité :
  • Classification : Tous publics
  • Formats : 2.35 : 1 / couleur / 5.1
  • Festivals et récompenses : Prix d'ensemble Un Certain Regard - Festival de Cannes 2021, Jerusalem Film Festival 2021, Busan International Film Festival 2021, Hamburg Film Festival 2021, Hamptons International Film Festival 2021, Rome MedFilm Festival 2021
  • Illustrateur / Création graphique : Design affiche : Benjamin Seznec pour Troïka © 2021 Photo Guy Ferrandis / SBS Productions. Tous droits réservés / All rights reserved
  • Crédits : © SBS Productions, Arte France. Tous droits réservés / All rights reserved
Note des spectateurs :

Bonne mère, deuxième long de l’actrice Hafsia Herzi, est une évidence de simplicité, d’authenticité et de sincérité. Les quartiers nord de Marseille vus avec mélancolie par une auteure qui a vécu de l’intérieur la générosité méconnue de ce microcosme de misère sociale.

Synopsis : Nora, la soixantaine, femme de ménage de son état, veille sur sa petite famille dans une cité des quartiers nord de Marseille. Après une longue période de chômage, un soir de mauvaise inspiration, son fils aîné Ellyes s’est fourvoyé dans le braquage d’une station-service. Incarcéré depuis plusieurs mois, il attend son procès avec un mélange d’espoir et d’inquiétude. Nora fait tout pour lui rendre cette attente la moins insupportable possible…

Au travers des Oliviers

Critique : Pour son second long métrage en tant que réalisatrice, après Tu mérites un amour (2019), la muse du cinéma indépendant français, Hafsia Herzi (La graine et le mulet d’Abdellatif Kechiche, L’Apollonide : Souvenirs de la maison close de Bertrand Bonello), propose un projet qu’elle a nourri pendant plus de dix ans. Une œuvre personnelle, ancrée dans son expérience sociale et familiale – sans pour autant être autobiographique -, dont elle a écrit le scénario complexe, aux personnages multiples, mais toujours passionnants, pendant de longues années, en attendant que des producteurs curieux s’intéressent enfin à cette pauvreté marseillaise autrement qu’à travers le prisme de la délinquance et de la violence (voir BAC nord, distribué un mois plus tard de la même année).

La chronique des quartiers nord de Marseille, au sein de la cité des Oliviers, notoire pour ses trafics de drogue et ses règlements de comptes, est apaisante de par son personnage central, une mère courage à la vie de sacrifice, qui se lève aux aurores pour essayer de faire vivre sa famille et surtout sortir son fils de prison.

A hauteur de femme

Le personnage de la Bonne mère – autre lecture, celle de la mère qui sert de “bonne” -, est interprétée, à l’instar de tous les personnages, par une habitante du quartier, une actrice non professionnelle du nom d’Halima Benhamed. Elle habite le film par ses errances, toujours périphérique au monde, isolée quand beaucoup l’entoure, notamment sa bruyante famille, aux engueulades cocasses. Figure matriarcale d’une grande beauté, la tête toujours haute, elle se montre néanmoins toujours triste, perdue dans ses pensées.

L’actrice et la “Bonne mère” ne font plus qu’une apportant un caractère de docu-fiction à une narration pourtant authentiquement fictive, mais qui se veut vraie dans tout ce qu’elle raconte, de par l’expérience de la réalisatrice, dont la maman elle-même, ancienne femme de ménage, s’élève au rang de mère courage.

Halima Benhamed dans Bonne mère

Halima Benhamed dans Bonne mère © 2021 Photo Guy Ferrandis /SBS Productions Tous droits réservés / All rights reserved

Loin des clichés des médias conservateurs

Filmant les invisibles avec bonté, générosité, Hafsia Herzi ne porte aucun jugement. Au contraire, l’auteure partage un amour pour une population dont elle reconnaît la valeur, souillée par une actualité parallèle à la sortie du film, qui a permis aux médias conservateurs français de prospérer sur du sensationnel, et à Eric Zemmour d’envahir les espaces médiatiques. Même Macron s’invitera dans la cité fosséenne pour déployer son grand plan Marshall.

Après le traitement sensationnel accordé à Marseille en 2021 par des médias déchaînés, le film cannois, primé à Un Certain Regard, offre un regard assainissant sur des personnalités diverses qui cohabitent dans des blocs repliés sur eux-mêmes et qui nous sont donc méconnus, avec un amour palpable à l’égard d’êtres périphériques, qui méritent bien pareil traitement.

Une démarche apaisante

Formidablement interprété par Halima Benhamed, Bonne mère apaise, sans donner de solution. La peinture brossée de cette misère sociale, somme toute universelle, celle des quotidiens difficiles pour des familles aux abois et sans espoir, nous touche dans sa mélancolie et la force de la caméra qui ne nous épargne pourtant pas la dure réalité de la criminalité. Au moins, est-elle traitée sans misérabilisme, voyeurisme et manichéisme, toujours à hauteur de l’humain.

Oui, il y a bien de la noblesse et de la dignité dans ce bas monde.

Box-office : une victime du pass sanitaire

On regrettera seulement que ce beau film soit apparu sur les écrans lors de la mise en place du pass sanitaire, durant le mois de juillet 2021, détruisant toutes ses chances au box-office. Le distributeur et la réalisatrice ont été pris de court et ne pouvaient plus différer la sortie, calée juste après l’édition estivale du festival de Cannes, où Bonne mère était présenté. La distribution s’est accomplie, à une période d’embouteillage sur les écrans, quand le public cible n’était pas encore revenu en salle, dans l’indifférence généralisée d’un public en vacances et réfractaire à des mesures soudaines qui ont vidé les salles de façon abruptes. Il faudrait attendre septembre pour revoir une progression de la fréquentation. Ce très beau récit arrêtera sa carrière sous les 30 000 entrées. Heureusement, un DVD et la VOD permettent aujourd’hui une vraie séance de rattrapage.

Frédéric Mignard

Les sorties de la semaine du 21 juillet 2021

Bonne mère, affiche du film

© 2021 SBS Productions – Arte France Cinéma / Photo © 2021 Guy Ferrandis / SBS Productions / Design : Benjamin Seznec / Troïka

Le Test DVD

L’éditeur Blaq Out poursuit une ligne de conduite courageuse et favorable aux auteurs et aux cinéphiles. Malgré un échec en salle cinglant, en raison d’un contexte sanitaire difficile, Bonne mère connaît une sortie en vidéo physique le 7 décembre 2021. Notre analyse…

Compléments & Packaging : 2 .5/ 5

Une interview de la réalisatrice, sans fard et glamour, mais avec authenticité, nous est proposée pendant une vingtaine de minutes. Les explications et notes d’intention sont toujours personnelles et justes. Une vraie belle présentation du film.

Malheureusement, pas d’autres suppléments ne sont proposés, ce qui est frustrant. En effet, durant l’entretien, Hafsia Herzi évoque un premier montage de 3 heures… Certaines coupes auraient pu être présentées en bonus, d’autant plus que la réalisatrice semble avoir été affectée par ce long processus.

Le packaging est standard, mais avec un étui pour mieux le personnaliser. On prend ce petit plus avec plaisir.

Image : 4 / 5

Faute de copie HD ailleurs qu’en dématérialisé, Bonne mère peut se targuer d’une édition visuellement pimpante. Le support SD est bien exploité pour retranscrire les informations visuelles, sans approximations. La qualité est au rendez-vous sur la galette. Un DVD de haute tenue.

Son : 3.5  / 5

L’environnement sonore aurait gagné à davantage de puissance qu’un mi débit, mais le 5.1 Dolby Digital, celui typique d’une œuvre d’art et essai intimiste, est suffisante pour couvrir la réalité de cette fiction. La bande originale, quelques morceaux extradiégétiques, notamment l’excellent titre du générique de fin, ainsi que la musique même du film, somptueuse dans sa justesse mélancolique notamment dans la dernière partie, trouve suffisamment de volume et d’équilibre pour parer la projection de bonnes conditions sonores.

Bonne mère en DVD, chez Blaq Out

Editeur : Blaq Out (2021)

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Bonne mère, affiche du film

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