Black Eagle ressemble fortement aux productions Cannon, sans en posséder le charme régressif. Le nanar est ici intégral et constitue l’un des pires films avec JCVD.
Synopsis : Les restes d’un bombardier abattu lors d’une mission punitive au Moyen-Orient contre une base terroriste dorment paisiblement quelque part dans la mer Méditerranée. A son bord l’objet de toutes les convoitises, un système hautement perfectionné pour que les missiles ne ratent jamais leur but. La C.I.A. et le K.G.B. envoient chacun leur meilleur agent pour s’emparer du précieux objet…
Critique : Alors qu’il n’est pas encore connu, Jean-Claude Van Damme enchaîne les rôles secondaires dans des séries B, voire Z dans lesquelles il espère bien se faire remarquer. Lorsqu’il tourne ce Black Eagle (1988), il retrouve un emploi devenu familier puisqu’il interprète une fois de plus un méchant d’origine russe comme dans Karaté Tiger (1986).
Finalement, le long-métrage d’Eric Karson fut exploité en France comme s’il s’agissait d’une œuvre centrée sur Van Damme puisque le Belge est désormais devenu une valeur sûre du cinéma de castagne grâce au beau succès rencontré par Bloodsport – tous les coups sont permis (1988). Il s’agit pourtant d’une stratégie commerciale mensongère puisque Van Damme n’apparaît qu’en tant qu’antagoniste du véritable héros du film, à savoir Shô Kosugi, acteur populaire grâce à sa participation à la fameuse trilogie mettant en scène L’implacable ninja (Menahem Golan, 1981). Il n’est d’ailleurs pas étonnant de trouver à la production de Black Eagle un autre Israélien nommé Shimon Arama, par ailleurs auteur de l’intrigue.
Ce film ressemble donc trait pour trait à une production Cannon, sans en être une. On y retrouve notamment le goût pour un exotisme de pacotille, avec un tournage dans un lieu touristique, où la main d’œuvre est bon marché. Ici, l’équipe a posé ses caméras dans l’île de Malte qui sert de décor de carte postale à une intrigue cousue de fil blanc dont on se contrefiche dès les cinq premières minutes. Non seulement l’histoire de rivalité entre CIA et KGB ne présente aucun intérêt, mais le scénario se révèle incapable de créer la moindre tension par le biais de rebondissements efficaces.
Il faut dire que le film souffre du manque total de charisme de Shô Kosugi, piètre héros dont les évolutions martiales font pitié. Outre un jeu d’acteur confinant au degré zéro, l’acteur n’est même pas crédible sur le plan physique, ce qui apparaît de manière flagrante lors de son court affrontement contre JCVD qui, lui, assure plutôt bien sur le plan sportif. Et de fait, le Belge est de loin celui qui tire le mieux son épingle du jeu dans ce naufrage intégral.
Car Black Eagle n’est pas seulement un mauvais film, mais bien un nanar catastrophique, ennuyeux au possible. Les acteurs sont tous médiocres, les cadrages déplorables et Eric Karson parvient à tourner les scènes d’action les plus molles de l’histoire du cinéma. Même les courses poursuites paraissent interminables, tandis que les combats se résument souvent à deux coups échangés avant que l’adversaire ne s’écroule.
Par contre, il faut supporter un nombre considérable de plans de coupe sur les monuments de Malte, ainsi que des séquences insipides où Shô Kosugi s’amuse à trimballer ses enfants en vacances (les deux gamins du héros sont aussi ses fils dans la vraie vie). Black Eagle fait donc à peu près le même effet qu’une soirée diapo chez un couple d’amis vous imposant leur centaine de photos de vacances, soit une certaine idée de l’ennui. Jamais trépidant, le résultat final est une catastrophe même pas drôle, destiné à sombrer dans l’oubli le plus total pour le bien de l’humanité et des cinéphiles.
Malgré la totale vacuité du produit, le métrage a connu un certain succès en salles lors de sa sortie française du mois de décembre 1988. Magnifié par une jolie affiche, le film a tout de même poussé 333 385 masochistes à venir fréquenter les cinémas le programmant. Un exploit quand on s’aperçoit de l’extrême médiocrité de ce faux Cannon movie.
Critique de Virgile Dumez