Hugh Grant a trouvé en Colin Morgan sa relève. En Benjamin, rêveur déprimé, timide et maladroit, l’acteur de Merlin porte brillamment cette comédie romantique existentielle sur ses épaules.
Synopsis : Benjamin, jeune cinéaste en herbe, est sur le point de sortir son second film, non sans rencontrer quelques difficultés. Un soir, il tombe sous le charme d’un musicien français nommé Noah. Accablé par son manque de confiance en lui, Benjamin se retrouve confronté à sa plus grande angoisse, le sentiment amoureux…
Benjamin, mélange d’Almodovar, Woody Allen et de romcom à la Hugh Grant
Critique : Colin Morgan a beaucoup vu l’œuvre de Hugh Grant et sa ressemblance physique avec Benedict Cumberbatch est frappante. Ce mélange assure à son personnage éponyme de jeune réalisateur, plongé dans des vicissitudes existentielles, à la fois artistiques, romantiques, et surtout narcissiques, une épaisseur immédiate. Il n’a pas de mal à faire vivre un stéréotype bien connu d’artiste paumé et égocentrique, dont l’incarnation est Woody Allen, mais que l’on a d’ailleurs vu en 2019, traité avec plus d’originalité et de maturité par Pedro Almodovar, dans Douleur et gloire. C’était alors Antonio Banderas qui apportait ses traits au double “fictif” d’Almodovar disparaissant totalement pour incarner le maître.
Romance spirituelle, fine et drôle
On sera moins éloquent quant à Benjamin, qui pâtit de ressemblances cinématographiques et humaines. Le film est certes tourné vers l’âge de la trentaine, dans un Londres artistique qui lui sied bien, mais on connaît la chanson, signe des troublantes réitérations de caractère et de pathologies psychologiques d’un auteur à l’autre. Ici c’est l’humoriste et acteur Simon Amstell, très connu au Royaume-Uni, qui se livre à ce petit jeu de déconstruction du soi, non sans succès.
Romance spirituelle, que les anglophones qualifieraient de “witty”, Benjamin déploie de nombreux atouts pour transcender la déprime et faire courir la trame vers un happy end vendu d’avance. L’éloquence est là, la galerie de personnages secondaires nullement lourde, ce qui est rare dans ce genre, le charme opère. On sait ce qu’on va voir et on découvre le résultat dans des lumières de cinéma qui donne une intensité visuelle à cette œuvre loin d’être télévisuelle. et donc plutôt recommandable.
Critique : Frédéric Mignard