Ben is back : la critique du film (2019)

Drame, Mélodrame, Drame social | 1h42min
Note de la rédaction :
7/10
7
affiche du film Ben is back

Note des spectateurs :

Ben is back est un drame poignant sur une tragédie américaine contemporaine, méconnue des Français, qui permet à Julia Roberts de livrer l’une de ses plus belles compositions. L’actrice y est magistrale.

Synopsis : La veille de Noël, Ben, 19 ans, revient dans sa famille après plusieurs mois d’absence. Sa mère, Holly, l’accueille à bras ouverts tout en redoutant qu’il ne cède une fois de plus à ses addictions. Commence alors une nuit qui va mettre à rude épreuve l’amour inconditionnel de cette mère prête à tout pour protéger son fils.

Critique : L’Amérique contemporaine est terrassée par une épidémie d’overdose aux opiacés. Sous l’emprise des grands laboratoires qui ne se gênent pas de vendre des drogues dures, sous la forme d’antidouleurs (la mort de Prince, vous remettez ?), puisqu’ils y sont autorisés, la population tombe ; la mortalité grimpe. Pas un jour sans deuils liés à cette vague sans précédent qui défraie quotidiennement la chronique américaine, détruisant des familles, bien au-delà des populations pauvres des ghettos, avec une certaine indifférence du gouvernement de Trump, plus préoccupé par la propagation de mythes autour de l’immigration pour ériger son grand mur le long de la frontière du sud.

Ben is back ne brille pas par sa réalisation

Ben is back, film à Oscars, aborde cette thématique avec un certain courage. Ecrit et réalisé par Peter Hedges, le drame, qui relate le retour impromptu d’un jeune homme au sein de sa famille, le soir de Noël, alors qu’il devrait être dans son centre de désintoxication, nous laisse sûrement sur notre faim au niveau de la réalisation. Très illustrative, plate dans son montage, elle démontre les limites du réalisateur du film indépendant Pieces of April, dont on a surtout apprécié l’écriture du formidable Gilbert Grape, avec DiCaprio môme, et Johnny Depp jeunot, dans l’un de ses grands rôles indépendants. Hedges a un talent quand il s’agit d’infiltrer le mal-être d’une jeunesse cassée, il le fait avec pudeur et une absence de jugement, puisqu’il ne s’agit pas de livrer un regard moralisateur sur cette jeunesse perdue ; pourtant ici, le jeune accro a aussi été dealer pour pouvoir se camer, et donc a été complice de l’overdose d’autres jeunes gens innocents, dans une situation identique à la sienne.

En fait, il s’agit bien d’un réquisitoire brillant auquel le réalisateur se livre quand il s’agit de confronter l’Amérique à son vrai bourreau, un système de santé complètement sénile, aux ordres des laboratoires, à l’image du médecin de famille qui a invité le mal à se répandre dans la famille. En quelques phrases, Julia Roberts, mère du jeune homme malade, démontre toute la puissance de son jeu, lorsqu’elle croise l’homme qui a prescrit les antidouleurs à son fils, à la suite d’un banal accident de skate-board. Un contexte banal qui est celui de bien des familles américaines et qui touche toutes les couches sociales, quelle que soit la couleur de peau. Le fléau est ainsi traité par Hedges avec une forme de réalisme et de simplicité, qui est aussi celle d’une petite Amérique portée sur la religion, la prière, et les traditions. Autant d’hypocrisie inhérente à la culture locale alors que rodent en ville un professeur pédophile et des jeunes âmes errantes livrées à leurs démons.

… Mais par ses acteurs en état de grâce

Porté par la grâce de ses deux acteurs principaux -Julia Roberts, aussi émouvante que crédible en mère désespérée, prête à affronter le glauque d’une nuit d’hiver pour sauver son fils de la mort certaine, et le fiston joué par Lucas Hedges, fils du réalisateur, talent né, apprécié dans Manchester by the Sea, Lady Birdet 3 Billboards-, Ben is Back porte en lui une vraie valeur pédagogique, dans la détresse parfaitement retranscrite de ses personnages, une force humaine remarquable, malgré une réalisation naturaliste trop cadrée, qui aurait dû laisser plus d’espace au vrai cinéma, celui qui porte vraiment les films dans les classements de fin d’année et au palmarès des cérémonies annuelles. Cela ne sera pas le cas pour ce drame, mais il demeure essentiel dans son message et la pureté de ses sentiments. Un authentique beau film.

 

 

Disponible en streaming et VOD

Critique : Frédéric Mignard 

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