Belle et Sébastien, l’aventure continue… est un ticket pour une classe verte dépaysante, mais qui rate de peu le label bio.
Synopsis : Septembre 1945.
Au village, on a fêté la fin de la guerre. Sébastien a grandi, il a maintenant 10 ans. Belle et lui attendent impatiemment le retour d’Angelina…
Mais Angelina ne revient pas. Elle a disparu dans un accident d’avion au coeur des forêts transalpines.
Tout le village a perdu espoir. Tout le village sauf César : le grand père de Sébastien connaît un homme qui pourrait les aider à retrouver Angelina. Mais avant de sauver la jeune femme, l’enfant et son chien vont devoir braver mille dangers, traverser mille épreuves et affronter un secret.
Un secret qui va changer la vie de Belle & Sébastien à tout jamais.
Christian DugUay, le nouveau Jeannot Szwarc ?
Critique : Christian Duguay, c’est un peu le nouveau Jeannot Szwarc du cinéma français. Quelqu’un qui a fricoté avec le cinéma de genre hollywoodien (Szwarc a réalisé Les Dents de la Mer 2, Supergirl, Les Insectes de feu, Quelque part dans le temps, dans les années 70-80, quand Duguay s’est fait un nom avec Planète Hurlante, Scanners 2 et 3 et L’art de la guerre dans les années 90).
La suite, deux ans après un succès européen
Les deux « filmmakers », au sens « non-auteurs » ont fini par évoluer en France, dans des productions radicalement opposées aux ambitions qu’ils caressaient initialement. Szwarc a commis La vengeance d’une blonde avec Clavier, Hercule & Sherlock avec Christophe Lambert et Richard Anconina, Les Sœurs Soleil… quand le Québequois Duguay est réapparu un beau jour sur nos écran avec le parangon du biopic académique français : Jappeloup (2013). .
Deux ans après la superproduction lisse avec Guillaume Canet, Duguay revenait donc Belle et Sébastien, l’aventure continue, suite de l’adaptation cinéma de l’œuvre de Cécile Aubry, qui avait cartonné en France, évidemment, mais aussi en Allemagne et surtout en Italie. Nous étions en 2013, le conte alpin avec une belle chanson de Zaz, méritait les clameurs des enfants, subjugués par les aventures d’un jeune enfant et d’une Patou abandonnée, que le jeune garçon allait sauver de la traque des humains et transformer en son meilleur compagnon. En arrière-plan, les remous de la grande histoire (la Seconde Guerre Mondiale) apparaissait en filigrane, avec la présence de passeurs de clandestins vers l’Italie et de la Résistance. Un beau film d’aventures à l’ancienne, au cœur du massif alpin.
Belle et Sébastien, et l’aventure continue… une épopée factice pour les enfants
Dans Belle et Sébastien, et l’aventure continue…, Christophe Duguay qui aime bien les effets spéciaux, déploie beaucoup de majesté. La suite est opulente et ne manque ni de rebondissements ni d’éclats. Malheureusement, le cinéaste nord-américain recourt à moult images de synthèse qui donnent à cette nouvelle épopée au-delà de la Vanoise un aspect curieusement artificiel. Pour relater les aventures aériennes et sylvestre du petit Sébastien (le jeune Félix Bossuet, toujours aussi trognon, semble, lui, figé dans le temps), il élargit le bestiaire d’invités à pattes, c’est un vrai défilé auquel on assiste. Il invite également les flammes ravageuses d’un gigantesque incendie… Il saisit toutes les occasions pour maquiller la réalité sublime du parc naturel, mais inéluctablement l’abîme de plans assez factices, conçus avec le vertige d’une caméra qui aime les contre-plongées, ne parvient jamais à égaler la beauté irréelle d’une autre espièglerie vagabonde, signée Luc Jacquet, Le Renard et l’enfant, à laquelle on pense très souvent.
Charmante, sûrement à-même de convaincre tous les enfants dont le cerveau n’a pas été azimuté par la multiplication des écrans, cette école verte savoyarde est moins persuasive quand il s’agit d’étayer les arguments pour s’attirer toute la sympathie des parents. On baguenaude moins de plaisir face à ce divertissement de moins bonne facture qui rate de peu le label bio.
Critique de Frédéric Mignard