Partant d’un postulat intéressant, cette petite production indépendante souffre d’un manque de moyens patent, ainsi que de choix artistiques douteux. Bébé vampire est à destination des fans hardcore du genre.
Synopsis : Après une surprise-party, dans une ville universitaire de Californie, un couple, Paul et Leslie, décide de faire une promenade en voiture. Paul arrête sa voiture à proximité d’un cimetière et enlace Leslie. C’est alors que des bruits étranges s’élèvent. La pierre tombale d’un certain Charles Croft bascule, un individu sort du cercueil et s’élance sur la voiture. Après avoir tué brutalement Paul, l’individu se jette sur Leslie…
Critique : Spécialisé dans le petit film érotique destiné aux salles d’exploitation durant les années 60, le cinéaste new-yorkais John Hayes (1930-2000) a profité de la vague horrifique initiée par La nuit des morts vivants (1968) de George A. Romero pour tourner successivement quelques petites bandes horrifiques complètement fauchées. Ce triptyque démarre en 1970 avec Dream No Evil, puis Garden of the Dead (1971), avant de se clore par ce Bébé vampire dont le titre original est bien moins ridicule, à savoir Grave of the Vampire. Ce dernier a semble-t-il été tourné en seulement onze jours pour la modique somme de 50 000 dollars, ce qui se voit nécessairement à l’écran.
Effectivement, si le métrage s’inscrit pleinement dans une vague de modernisation du mythe du vampire, les auteurs ne parviennent pas à tenir leurs promesses jusqu’au bout. Alors que la première scène se déroulant dans un cimetière joue la carte de la copie de La nuit des morts vivants en décrivant l’agression d’un jeune couple par une créature de la nuit (ici un vampire), le film retombe très rapidement dans un traitement réaliste, délaissant tous les artifices du cinéma gothique attaché généralement à la figure des suceurs de sang, notamment depuis le triomphe des productions britanniques de la Hammer. On espère alors que John Hayes dépoussière pour de bon ce personnage horrifique.
Il y parvient lors de la première demi-heure, plutôt efficace, notamment lors de la découverte de l’anormalité du bébé issu du viol. Cela donne lieu à une scène assez dérangeante où la mère s’aperçoit que son bébé ne consomme pas son lait, mais préfère son sang. Filmé de manière ingénieuse, cette scène pour le moins déviante vaut à elle seule le coup d’œil. Malheureusement, le réalisateur abandonne trop rapidement cette piste et, par le biais d’une ellipse temporelle particulièrement maladroite, nous transporte plus de 30 ans après afin de suivre la traque du père vampire par sa progéniture. Tout d’abord, c’est lors de cette ellipse que l’on s’aperçoit que les premières séquences se déroulaient dans les années 40 car aucun effort n’a été tenté pour retracer cette époque. Le spectateur a donc l’impression d’une parfaite continuité temporelle, aussi bien dans les décors que dans les costumes.
Ensuite, le casting n’est pas particulièrement soigné avec des acteurs ayant largement entamé la trentaine d’années dans des rôles d’étudiants. La plupart affichent un niveau de conviction minimal, ce qui est encore renforcé lorsqu’ils sont affublés de canines saillantes semblant échappées d’un surplus de farces et attrapes. Avec ses décors vides, sa réalisation atone, ses images crades et son absence de réel enjeu, Bébé vampire ne se distingue pas du reste de la production indépendante américaine de l’époque. Malgré son air de famille avec des œuvres comme Le mort-vivant (Bob Clark, 1974) ou encore Martin (Romero, 1976), cette série Z ne leur arrive jamais à la cheville.
Bébé vampire sort relativement inaperçu à la fin du mois de janvier 1977, essentiellement en province et notamment à Marseille où il vampirise 1 357 spectateurs au K7 en première semaine, puis 1 171 spectateurs en semaine 2. Cette sortie tardive (5 ans après les USA) est très certainement due au succès de Dracula père et fils, comédie d’Edouard Molinaro, avec Christopher Lee et Bernard Menez, en septembre 1976.
Distribué en vidéocassette chez Fantastic Vidéo/RCA Vidéo en 1981, au tout début de l’ère de la vidéocassette, Bébé vampire devient Les enfants de Frankenstein en VHS, avant de retrouver en 2017, en DVD chez Artus, son titre cinéma. Dans les années, on peut le redécouvrir en VOD sous le titre de Bébé vampire, les enfants de Frankenstein. C’est du grand n’importe quoi.
Critique de Virgile Dumez / Box-office de Frédéric Mignard
Les sorties de la semaine du 19 janvier 1977
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Le test DVD de Bébé Vampire
Une édition Artus datée, peu soignée, mais au potentiel commercial quasiment nul. C’est déjà un miracle que ce DVD existe, alors ne faisons pas la fine bouche.
Compléments : 2/5
Un unique supplément de 25mn consiste en une présentation par Eric Peretti de la carrière méconnue de John Hayes, de l’évolution du film de vampire à l’aube des années 70 et d’une petite analyse rapide des thèmes du film. C’est bien renseigné, même si la réalisation en plan fixe est un peu terne. Les passionnés seront ravis du travail effectué. Reste à consulter les bandes annonces de la collection.
Image : 2/5
Trop méconnu, le métrage n’a fait l’objet d’aucune restauration visible. Le rendu est donc frustre avec des couleurs délavées, des griffures et des rayures réparties sur l’ensemble de l’écran. Toutefois, l’image reste stable et si le grain est très important et la définition hasardeuse, le tout reste regardable. Certains pourront même trouver que cela ajoute un charme grindhouse au spectacle.
Son : 2.5/5
Deux pistes sonores sont présentes avec une version française très rare. Le doublage est passable et le son met clairement en avant les voix au détriment des ambiances. La version originale sous-titrée est bien plus équilibrée et naturelle, même si l’on n’échappe pas au léger bruit métallique typique de l’éditeur, et ceci sur les deux pistes.
Test DVD de Virgile Dumez
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