Par le réalisateur de Sixième Sens, After Earth est une étrangeté qui ne répond à aucun canon commercial hollywoodien, préférant enfiler les clichés scientologues dans un enfer vert à l’arrière-goût mentholé.
Synopsis : Après un atterrissage forcé, Kitai Raige et son père, Cypher, se retrouvent sur Terre, mille ans après que l’humanité a été obligée d’évacuer la planète, chassée par des événements cataclysmiques. Cypher est grièvement blessé, et Kitai s’engage dans un périple à haut risque pour signaler leur présence et demander de l’aide. Il va explorer des lieux inconnus, affronter les espèces animales qui ont évolué et dominent à présent la planète, et combattre une créature extraterrestre redoutable qui s’est échappée au moment du crash. Pour avoir une chance de rentrer chez eux, père et fils vont devoir apprendre à œuvrer ensemble et à se faire confiance…
Le studio doit après tout quelques-uns de ses plus gros succès à l’ancien Prince de Bel Air (Men In Black, Hancock, Hitch, les deux Bad Boys…). Et même si le pitch était assez penaud, il fallait soigner l’ego de sa vache à lait, surtout lorsque celle-ci s’est mise en tête de mettre sur orbite son rejeton “people”, qui signe même des duos avec Justin Bieber, Jaden Smith en personne !
Sony se paie la fidélité de Will Smith
Dans ce sens, Sony avait déjà produit le remake de Karaté Kid avec le jeune Smith, qui fut un succès. Et donc, la major a évidemment laissé le jeune homme de quatorze ans devenir la figure héroïque particulièrement fade et improbable de ce survival futuriste.
Jaden Smith, maigrelet, la carrure d’un enfant, l’anti-héros par excellence dans un blockbuster, est ainsi mis à rude épreuve sur une Terre désertée par l’homme, où la nature s’est développée avec les millénaires en une planète hostile à notre espèce. Le vaisseau spatial de son père s’y est crashé, laissant tout l’équipage mort, tandis que son paternel, commandant courageux, est sévèrement amoché dans le cockpit… Le petit Smith doit donc rejoindre la queue de l’avion, qui s’est écrasée dans une autre région de cet enfer vert, avec, en plus d’un relief accidenté et la présence d’animaux surpuissants pour le ralentir, un terrifiant alien à ses trousses. Il doit effectivement faire face à une créature qui était tenue captive à bord du vaisseau, avant la tragédie spatiale. L’objectif : lancer un message de survie à l’autre bout de l’univers. Clamer haut et fort que « Smith & son fils » ne sont pas morts !
Pourtant, le bide interstellaire au box-office américain en fin de carrière (des recettes ahurissantes de 60 522 097$, moins de 20 millions de recettes en vidéo), démontrerait le contraire. Quand After Earth atterrit en France, tous les signaux étaient clairs quant à l’échec de cette entreprise. En amont, des rumeurs ravageuses de remontage, des critiques hargneuses aux États-Unis, consolidées par une cabale violente orchestrée par les internautes, notamment sur le site IMDB où l’évaluation des spectateurs américains a de quoi horrifier les plus téméraires (moins de 5/10 pour une production de cet acabit, respect !).
After Earth, le vilain petit canard de l’été 2013
Décrite comme le dernier vilain petit canard hollywoodien, cette superproduction de science-fiction poursuit donc la litanie d‘échecs de l’ancien scénariste malin de Hollywood, M. Night Shyamalan (Le Village, Sixième sens), condamné aux outrages cinématographiques successifs (Phénomènes, où la nature se retournait déjà contre l’homme, La jeune fille de l’eau ou Le dernier maître de l’air qui prenait déjà des mômes comme héros…).
Un nanar zérotérique
After Earth se veut le récit d’initiation d’un adolescent à l’âge adulte, et pour cela, il épouse le discours scientologue sur le contrôle de la peur et le salut spirituel de l’humain. L’analogie a été maintes fois décrite dans la presse américaine et apparaît comme une évidence à l’écran, qu’elle soit consciente ou non.
En définitive, que retiendrons-nous de cette fable mystique et écologique où tout confine à l’anesthésie générale ? Le jeu d’acteur de Jaden Smith ? La fierté émue de son papa ? Les mauvais CGI pour animer les mammifères terrestres ? Non, nous retiendrons surtout la question essentielle du cinéaste sur la survie des cétacés. Auront-ils survécu aux massacres contemporains orchestrés par notre espèce ? La réponse nous est donnée en guise de plan final assez surréaliste, confirmant que dans la constellation des nullités ou au cimetière des blockbusters fracassés, After Earth tient désormais une place de choix aux côtés de Sauvez Willy, pour la référence à la baleine, et Battlefield earth, le manifeste scientologue officiel tiré de l’œuvre de Ron Hubbard en 2000, que Warner aimerait éradiquer de la mémoire cinéphile collective.