After Earth : la critique du film (2013)

Science-fiction | 1h40min
Note de la rédaction :
3/10
3
After Earth, de M. Night Shyamalan affiche française

  • Réalisateur : M. Night Shyamalan
  • Acteurs : Will Smith, Jaden Smith, Zoë Kravitz, Isabelle Fuhrman, Lincoln Lewis, Kristofer Hivju
  • Date de sortie: 05 Juin 2013
  • Nationalité : Américain
  • Scénaristes : Gary Whitta, Stephen Gaghan
  • Compositeur : James Newton Howard
  • Société de production : Columbia Pictures, Overbrook Entertainment, Blinding Edge Pictures
  • Distribution : Sony Pictures Releasing
  • Éditeur vidéo : Sony Pictures Home Entertainment
  • Date de sortie vidéo (DVD, blu-ray) : 5 octobre 2013
  • Box-office France / Paris-Périphérie : 1 276 272 entrées / 298 067 entrées
  • Box-office USA / Hors USA : 60 522 097$ / 183 089 885$
  • Budget : 130 000 000$
  • Format : 2.35 : 1 / SDDS / Datasat / Dolby Digital / Dolby Atmos
Note des spectateurs :

Par le réalisateur de Sixième Sens, After Earth est une étrangeté qui ne répond à aucun canon commercial hollywoodien, préférant enfiler les clichés scientologues dans un enfer vert à l’arrière-goût mentholé.

Synopsis : Après un atterrissage forcé, Kitai Raige et son père, Cypher, se retrouvent sur Terre, mille ans après que l’humanité a été obligée d’évacuer la planète, chassée par des événements cataclysmiques. Cypher est grièvement blessé, et Kitai s’engage dans un périple à haut risque pour signaler leur présence et demander de l’aide. Il va explorer des lieux inconnus, affronter les espèces animales qui ont évolué et dominent à présent la planète, et combattre une créature extraterrestre redoutable qui s’est échappée au moment du crash. Pour avoir une chance de rentrer chez eux, père et fils vont devoir apprendre à œuvrer ensemble et à se faire confiance…

Critique : Sony a livré un joli cadeau à l’une de ses stars maison préférées en déployant 130 millions de dollars de budget pour que Will Smith puisse concrétiser une histoire ahurissante de science-fiction “mysticologique” qu’il a lui-même développée avec l’aide de M. Night Shyamalan (le réalisateur de Sixième sens, artistiquement au creux de la vague en 2013) et Gary Whitta (Le livre d’EliThe Walking dead).

Le studio doit après tout quelques-uns de ses plus gros succès à l’ancien Prince de Bel Air (Men In BlackHancockHitch, les deux Bad Boys…). Et même si le pitch était assez penaud, il fallait soigner l’ego de sa vache à lait, surtout lorsque celle-ci s’est mise en tête de mettre sur orbite son rejeton “people”, qui signe même des duos avec Justin Bieber, Jaden Smith en personne !

Sony se paie la fidélité de Will Smith

Dans ce sens, Sony avait déjà produit le remake de Karaté Kid avec le jeune Smith, qui fut un succès. Et donc, la major a évidemment laissé le jeune homme de quatorze ans devenir la figure héroïque particulièrement fade et improbable de ce survival futuriste.

Jaden Smith, maigrelet, la carrure d’un enfant, l’anti-héros par excellence dans un blockbuster, est ainsi mis à rude épreuve sur une Terre désertée par l’homme, où la nature s’est développée avec les millénaires en une planète hostile à notre espèce. Le vaisseau spatial de son père s’y est crashé, laissant tout l’équipage mort, tandis que son paternel, commandant courageux, est sévèrement amoché dans le cockpit… Le petit Smith doit donc rejoindre la queue de l’avion, qui s’est écrasée dans une autre région de cet enfer vert, avec, en plus d’un relief accidenté et la présence d’animaux surpuissants pour le ralentir, un terrifiant alien à ses trousses. Il doit effectivement faire face à une créature qui était tenue captive à bord du vaisseau, avant la tragédie spatiale. L’objectif : lancer un message de survie à l’autre bout de l’univers. Clamer haut et fort que « Smith & son fils » ne sont pas morts !

 

Pourtant, le bide interstellaire au box-office américain en fin de carrière (des recettes ahurissantes de 60 522 097$, moins de 20 millions de recettes en vidéo), démontrerait le contraire. Quand After Earth atterrit en France, tous les signaux étaient clairs quant à l’échec de cette entreprise. En amont, des rumeurs ravageuses de remontage, des critiques hargneuses aux États-Unis, consolidées par une cabale violente orchestrée par les internautes, notamment sur le site IMDB où l’évaluation des spectateurs américains a de quoi horrifier les plus téméraires (moins de 5/10 pour une production de cet acabit, respect !).

After Earth, le vilain petit canard de l’été 2013

Décrite comme le dernier vilain petit canard hollywoodien, cette superproduction de science-fiction poursuit donc la litanie d‘échecs de l’ancien scénariste malin de Hollywood, M. Night Shyamalan (Le VillageSixième sens), condamné aux outrages cinématographiques successifs (Phénomènes, où la nature se retournait déjà contre l’homme, La jeune fille de l’eau ou Le dernier maître de l’air qui prenait déjà des mômes comme héros…).

La consternation se vérifie malheureusement sur pièce à l’écran : décors honteux et accessoires aux relents de secte mystique – tous les intérieurs sont laids comme les sept péchés capitaux et évoquent l’imagerie de cultes illuminés -, montage totalement à côté de la plaque qui élude l’essentiel d’une tragédie terrestre par un résumé introductif qui sent bon le re-editing de dernière minute), mise en scène totalement massacrée qui aime se vautrer dans le ridicule (le final plein de bons sentiments au ralenti), et surtout une histoire inepte qui s’apparente à une course-poursuite de jeu vidéo, façon Temple Run, où le jeune coureur a pour adjuvent un aigle géant, et se prend pour Forrest « jump », l’air perpétuellement apeuré.

Un nanar zérotérique

After Earth se veut le récit d’initiation d’un adolescent à l’âge adulte, et pour cela, il épouse le discours scientologue sur le contrôle de la peur et le salut spirituel de l’humain. L’analogie a été maintes fois décrite dans la presse américaine et apparaît comme une évidence à l’écran, qu’elle soit consciente ou non.

En définitive, que retiendrons-nous de cette fable mystique et écologique où tout confine à l’anesthésie générale ? Le jeu d’acteur de Jaden Smith ? La fierté émue de son papa ? Les mauvais CGI pour animer les mammifères terrestres ? Non, nous retiendrons surtout la question essentielle du cinéaste sur la survie des cétacés. Auront-ils survécu aux massacres contemporains orchestrés par notre espèce ? La réponse nous est donnée en guise de plan final assez surréaliste, confirmant que dans la constellation des nullités ou au cimetière des blockbusters fracassés, After Earth tient désormais une place de choix aux côtés de Sauvez Willy, pour la référence à la baleine, et Battlefield earth, le manifeste scientologue officiel tiré de l’œuvre de Ron Hubbard en 2000, que Warner aimerait éradiquer de la mémoire cinéphile collective.

Frédéric Mignard 

Les sorties de la semaine du 5 juin 2013

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After Earth, affiche française avec Will Smith

Design : BLT Communications, LLC – ©2013 Sony Pictures, Columbia Pictures Industries

Box-office :

Avec 19 974 entrées pour son premier jour Paris-Périphérie, After Earth n’a pas fait de miracle pour un blockbuster de saison estivale, malgré une combinaison riche de 52 écrans. Le film succédait à deux grosses sorties, Fast & Furious 6, en 3e semaine, et Very Bad Trip 3 en 2e semaine.

Shyamalan n’avait pourtant aucune concurrence face à lui. The Iceman avec Michael Shannon, Winona Ryder et James Franco, ne jouissait d’aucune notoriété, Demi-sœur n’intéressait qu’un public provincial d’un certain âge, et Oh boy et Shokuzai cherchaient leur cible du côté des cinéphiles bobos et étudiants des grandes villes. Quant à Pop rédemption, avec Julien Doré, la comédie n’avait aucun avenir.

Toutefois, à l’échelle nationale, la première semaine reste convenable, avec 548 418 entrées, au vue de sa combinaison de 502 salles, ce qui lui permettait d’afficher la seule moyenne supérieure à 1000 spectateurs par salle. Sony et les exploitants n’avaient pas mis le paquet sur le nombre de copies et donc, l’absence de concurrents américains lui a été favorable. Évidemment, dans le top 10, la semaine suivante, c’est bien After Earth qui va connaître la baisse la plus sensible avec 53% de fréquentation en moins et une baisse qui le conduit à 259 661 spectateurs. Désormais à 808 000 entrées, le million est acquis, mais de justesse. Il faut dire que Star Trek into Darkness le dépossédait de sa première position, sans pour autant atteindre la lune (433 073).

After Earth, un bide étasunien, un succès relatif en France

Pour sa troisième semaine, Will Smith est très bas sur Paris (39 000/247 000), et d’ailleurs ne dépassera pas les 300 000 sur Paname et sa banlieue ; en revanche, il y a un certain maintien en province. Avec 170 559 entrées, la production ésotérique de Shyamalan affiche plutôt fièrement un total de 978 000 voyageurs, alors que Warner avait mis sur orbite cette semaine-là un certain Man of Steel, au démarrage à 1 054 552 spectateurs. Ce qui signifie qu’After Earth a tenu le coup. En 4e semaine, c’est l’euphorie sur la programmation, puisque la Fête du Cinéma redonne du carburant à toutes ces grosses machines. Moi, moche et méchant 2 a beau sortir en salle sur 799 écrans, les prix opérés permettent à After Earth de grimper de 5%. Avec 179 268 entrées dans 474 salles, Sony France y trouve son compte, alors que le Royaume-Uni n’y a pas cru et que les Allemands en ont fait un vrai bide, avec moitié moins de recettes. En fait, dans le monde, seul le Mexique, de par sa proximité géographique avec les USA, la Chine et la Russie, qui adhèrent plus facilement aux spectacles de S.F. kitsch, ont mieux accueilli le film que nous. L’Hexagone, que l’on a connu exigeant, démontrait son attachement à Will Smith et aux cartes de cinéma illimitées qui permettent, après tout, de consommer un peu n’importe quoi sans se poser trop de question.

La vraie chute pour After Earth commence en 5e semaine (-61%), quand déboule Brad Pitt dans World War Z. Elle se poursuit en 6e semaine (-67%), mais pour son 8e tour, Smith père et fils sont toujours dans le top 20 avec 12 359 spectateurs dans un parc de 109 salles.

Lors de sa 8e tournée, Shyamalan glisse de 60% pour se retrouver 31e (4 942). Cela sera sa dernière semaine dans le top 40. Avec 1 267 597 entrées, le survival en planète hostile a largement évité le pire, sans pour autant remplir les caisses de son distributeur qui rêvait probablement voir ce projet coûteux finir à deux millions d’entrées. Le bide américain abyssal ne se sera pourtant pas reproduit.

Frédéric Mignard

Will Smith et Jaden Smith ensemble sur l'affiche américaine de After Earth

Design : BLT Communications, LLC – ©2013 Sony Pictures, Columbia Pictures Industries

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