Paul Thomas Anderson

Réalisateur, Scénariste, Producteur, Directeur de la photograghie
Affiche de Magnolia

Personal Info

  • Nationalité : Américain
  • Date de naissance : 26 juin 1970, à Studio City, Los Angeles, Californie (Etats-Unis)

Biographie

Note des spectateurs :

Paul Thomas Anderson est un cinéaste américain surdoué, mais incapable de se restreindre dans la durée et de toucher un large public. Retour sur une carrière hors normes.

Paul Thomas Anderson est le fils du comédien Ernie Anderson. Issu d’une fratrie de 9 enfants, il est le seul à faire carrière dans le show-business. Sa relation au père sera l’une des thématiques fortes de son œuvre, l’une des plus solides du cinéma indépendant des années 90-2020.

Particulièrement obtus, avec une vision de cinéma empruntée à Kubrick, qui lui permet de tenir tête aux pontes d’Hollywood, il est l’un des cinéastes les plus talentueux issus du cinéma des années 90. Son œuvre est aussi l’une des plus exigeantes et l’une des moins accessibles au grand public. Elle est rarement couronnée par un succès public franc et évident. En revanche, malgré quelques errances dans les années 2010 avec The Master et Inherent Vice, ses deux œuvres les plus faibles, il réussit un certain consensus auprès des critiques.

There Will Be Blood, affiche du film de Paul Thomas Anderson

Copyrights Miramax. All Rights Reserved

Double Mise, un premier film charcuté au montage

Fort de son second court métrage Cigarettes and Coffee, en 1993, Paul Thomas Anderson enchaîne avec un premier long métrage en 1996. Double Mise, distribué par la MGM, propose un cast de rêve : le vétéran Philip Baker Hall, John C. Reilly, Samuel L. Jackson, Philip Seymour Hoffman et surtout Gwyneth Paltrow qui venait de décrocher le rôle de Se7en de David Fincher, retardant le tournage du film.

Cette production indépendante de 3 000 000$ lui coûte deux ans de mise en œuvre. Elle est présentée à Sundance en janvier 1996, puis à Cannes, en section parallèle, en mai de la même année, et à Deauville. Le cinéaste a été évincé du montage à la suite d’un conflit avec le studio. Et pour cause, ce dernier refusait le director’s cut de 2h30. Estimé trop arty et trop contemplatif dans la forme, le film perdra une heure dans son montage salle, réduit à 1h41min. Il sera édité directement en VHS en France, sous le titre de Double mise, et ne connaîtra qu’une sortie salle tardive, en 2018, chez Splendor, sous son titre original (Hard Eight). Il réalisera alors 1 253 entrées dans 19 salles.

Le jeune réalisateur (moins de la trentaine) perd son père d’un cancer quelques jours avant la sortie de son premier long métrage. Ce décès marquera beaucoup l’artiste qui évoquera cette relation filiale via le personnage mourant de Jason Robards, dans Magnolia, son troisième film, en 1999.

Affiche de Boogie Nights de Paul Thomas Anderson

Affichiste : F.K.G.B. / agence Bonne Question ! Tous droits réservés

Boogie Nights démarre une carrière XXL

Paul Thomas Anderson enchaîne alors avec Boogie Nights, le film de la révélation. Il s’agit ni plus ni moins de la version longue de son premier long métrage sur un acteur porno fictif au sexe démesuré, Dirk Diggler, inspiré de la star du X John Holmes. Son faux documentaire The Dirk Diggler Story (1988) était long de 32 minutes. Boogie Nights de son côté dure pas moins de 155 ! Le cinéaste qui souhaitait Leonardo DiCaprio, alors pris sur le tournage épique de Titanic, doit se résoudre à employer Mark Wahlberg dont il s’agira du film le plus ambitieux sur un plan artistique.

Le casting de Boogie Nights est vertigineux : Julianne Moore, Heather Graham, Luis Guzman, Don Cheadle, John C. Reilly et Burt Reynolds, star vieillissante des années 70 et 80, qui regretta avoir tourné le film, mais qui sera néanmoins nommé aux Oscars pour un second rôle. Julianne Moore sera également nommée dans la catégorie du Meilleur second rôle féminin. Quant à Paul Thomas Anderson, il devra se contenter d’une nomination au scénario, malgré une réalisation brillante.

Magnolia, un échec au box-office pour Tom Cruise

Son film suivant, Magnolia, sera encore plus long, à savoir près de 3h08, malgré des conflits avec New Line Cinema qui lui a fait néanmoins confiance grâce à la présence de Tom Cruise à contre emploi, dans un second rôle (dans le contexte profus du film choral à la Robert Altman, l’une des références évidentes de l’auteur). Cette œuvre brillante, servie par une bande originale marquante, ne profite pas des critiques élogieuses et connaît un échec fulgurant avec 22 millions de dollars de recettes en Amérique du Nord, pour un budget de 37M$. Dans le monde, il réalisera à peine plus de 25M$. En France, où le film est considéré comme trop américain dans ses thématiques, jamais Tom Cruise n’était descendu sous la barre des 690 000 entrées (Horizons lointains de Ron Howard, 1992). Magnolia se résigne à 333 292 curieux.

Affiche de Magnolia

Affiche : F.K.G.B. – © New Line Cinema. All Rights Reserved

Tom Cruise, nommé à l’Oscar du Meilleur second rôle, ne réussira pas à décrocher la statuette, malgré l’obtention du Golden Globe équivalent. Même punition pour le cinéaste qui n’avait obtenu qu’une nomination pour le scénario. Magnolia décrochera néanmoins un Ours d’or à Berlin, en février 2000, quelques semaines après la sortie américaine.

Adam Sandler, sauvé de la médiocrité avec Punch-Drunk Love

Paul Thomas Anderson prend son temps pour le film suivant, l’étonnant Punch-Drunk Love. Pour le cinéaste, également réalisateur de clips vidéo émérite, la tonalité musicale de cette œuvre lumineuse est une évidence. Il offre cette fois-ci un contre-emploi magistral à l’acteur Adam Sandler, habitué jusqu’alors aux comédies lourdes, loin du style sophistiqué d’Anderson.

Punch-Drunk Love gagne un Prix de la réalisation mérité à Cannes. Dans cette œuvre positive et gaie, d’une durée d’1h29 et d’un budget réduit à 25M$, l’auteur essaie de répondre à certaines critiques reçues sur Magnolia, jugé trop sombre et trop long. Malheureusement, l’échec est une évidence, avec 25M$ de recettes dans le monde. Le marché américain sera le plus élevé (18M$), mais à des années lumière des scores d’Adam Sandler habitué aux comédies à 100 000 000$ de recettes. Avec 326 000 entrées, la France sera le deuxième marché après l’Amérique, fort d’une présentation cannoise qui a fait du bruit. Mais cela reste moyen par rapport à l’écho médiatique.

La consécration avec le monumental There Will Be Blood

There Will Be Blood, cinquième long de Paul Thomas Anderson, est une œuvre plus consensuelle. Un film académique brillant et puissant, d’une force magnifique, qui est le premier succès commercial du cinéaste, avec un budget de 25M$ et des recettes mondiales de 76M$. En adaptant pour la première fois le travail d’un autre, en l’occurrence le roman d’Upton Sinclair, l’auteur verse dans la noirceur, les tourments et les sentiments tempétueux d’un personnage sombre magnifié par Daniel Day-Lewis. A l’instar des autres films du cinéaste, la sortie américaine est calée en fin d’année pour les Oscars. Des huit nominations, There Will Be Blood n’en remportera que 2. Evidemment l’acteur irlandais est une fois de plus consacré. L’autre est technique et revient à la photographie. L’épopée de la terre et du pétrole trouvera consolation ailleurs, avec des nominations et des prix un peu partout dans le monde. Aux César, la nomination dans la catégorie du Meilleur film étranger résonne comme une victoire en elle-même.

Affiche du film Inherent Vice

Design : BLT Communications, LLC. © Warner Bros. All Rights Reserved

There Will Be Blood, avec 657 070 entrées en France fait office d’exception commerciale dans la carrière d’un cinéaste qui intéresse peu le public.

La mauvaise passe de Paul Thomas Anderson

Avec son sixième film, The Master, avec Joaquin Phoenix, la déroute commerciale est totale. Le film en costume évoquant sans la nommer la naissance du mouvement sectaire de la Scientologie, est rejeté par le public (28M$ dans le monde, dont 16 millions aux USA), malgré des critiques globalement positives. La biographie peine à intéresser 209 000 spectateurs en France et compte parmi les œuvres oubliées de son auteur. Avec une durée de 2h18, The Master ennuie. Les Académiciens le nomment trois fois aux Oscars (Meilleur acteur, Meilleur second rôle masculin pour Philip Seymour Hoffman, et Meilleure second rôle féminin pour Amy Adams).

Paul Thomas Anderson retrouve Joaquin Phoenix pour le film noir Inherent Vice. Artificiel, nombriliste, confus, ennuyeux, le film de 2h28 est un flop embarrassant pour son cinéaste qui y a mis beaucoup d’ambitions narratives et formelles. 14M$ au box-office américain, même pour un budget de 20M$, c’est une catastrophe pour Warner. Anderson ne dépasse même pas les 150 000 entrées en France. Au moins sera-t-il nommé au Meilleur scénario aux Oscars.

Affiche de PhantomThread avec Daniel Day-Lewis

Design : eclipse © Universal Pictures. All Rights Reserved.

Phantom Thread et Licorice Pizza, le retour en grâce

Daniel Day-Lewis, acteur de légende, prend sa retraite avec Phantom Thread, le 7e long de Paul Thomas Anderson et une belle réussite dans un style d’étoffe et de soie qui confine au brio. D’une durée “courte” de 2h10, ce film académique extrait son auteur de la Californie qu’il aime habituellement tant filmer, puisqu’il se déroule à Londres. Le film en costume est un succès relatif pour son auteur avec 47M$ de recettes dans le monde pour un budget de 35M$. Même si commercialement, cela reste trop juste, artistiquement, la critique loue le style et ce sont 7 nominations aux Oscars que le bijou décroche.

Avec le long métrage Licorice Pizza, romance enthousiasmante dans le Los Angeles des années 70, Paul Thomas Anderson revient à un budget plus costaud, le plus élevé de sa carrière, avec 40M$. Il ne place pourtant aucune star au centre de son intrigue, mais reconstitue avec précision le Los Angeles flamboyant de l’époque.

Anderson dirige un casting à contre-courant, à savoir Cooper Hoffman, fils du défunt Philip Seymour Hoffman, l’un des acteurs fétiche du cinéaste génial qu’il dirigea dans 5 longs, et Alana Haim, membre de la formation musicale Haim dont il a réalisé pas moins de 7 clips entre 2017 et 2020. Licorice Pizza éblouit les critiques mondiales et devient l’une des œuvres les mieux notées dans la filmographie pourtant applaudie de son auteur. Curieusement, le film ne reçoit que trois nominations aux Oscars, pour l’éternel scénario, la réalisation et Film de l’année. Au moins recevra-t-il cinq nominations aux BAFTA, dont un prix, quatre aux Golden Globes… Au total, Licorice Pizza le magnifique savoure pas moins de 182 nominations et 58 prix.

Distribué en salle à une époque où la COVID-19 dicte sa loi dans les cinémas d’art et essai et indépendants, ce huitième long de Paul Thomas Anderson réalise 32M$ dans le monde, dont 17M$ aux USA. C’est peu, mais la crise sanitaire y est pour beaucoup. En France, cela sera le troisième plus gros succès de son cinéaste avec 364 796 spectateurs sous le charme.

Frédéric Mignard

Filmographie (réalisateur)

  • 1996 : Double mise (Hard Eight)
  • 1997 : Boogie Nights
  • 1999 : Magnolia
  • 2002 : Punch-Drunk Love, Ivre d’amour (Punch-Drunk Love)
  • 2007 : There Will Be Blood
  • 2012 : The Master
  • 2014 : Inherent Vice
  • 2017 : Phantom Thread
  • 2021 : Licorice Pizza
Licorice Pizza, affiche

Design affiche : eclipse. Copyrights : 2021 Metro-Goldwyn Meyer Productions. All Rights Reserved.

x