Réalisateur, scénariste et peintre tchèque, František Vláčil est né en 1924 à Český Těšín en Tchécoslovaquie. Alors qu’il ne se destinait aucunement au cinéma, le jeune homme étudie d’abord les arts appliqués à Prague, avant de se lancer dans l’histoire de l’art juste après la guerre. Cela explique notamment son goût pour l’image. Au début des années 50, il débute au cinéma en tant que scénariste pour des films d’animation. Toutefois, c’est véritablement par le biais du court-métrage documentaire et pédagogique qu’il se lance dans la réalisation. Il en tourne tout de même une vingtaine, dont plusieurs œuvres de propagande qui font déjà preuve de grandes qualités graphiques.
Les chefs d’œuvre des années 60
Après avoir participé au film collectif Vstup zakázán (1960), František Vláčil tourne enfin son premier vrai long-métrage intitulé La colombe blanche (1960) qui est un drame contemporain marqué par une esthétique très travaillée. Dès son film suivant, l’auteur s’échappe du réel et part dans le passé avec Dáblova past (1962) qui confirme le talent du cinéaste. Toutefois, c’est aussi à cette époque que le réalisateur initie le projet de Marketa Lazarova (1967), l’adaptation d’un roman de Vladislav Vancura. La totalité de la production va prendre cinq ans, dont 18 mois de tournage. C’est durant cette période de création intense que František Vláčil commence à boire plus que de raison. Cela ne l’empêche nullement de signer un chef d’œuvre absolu, élu en 1998 plus grand film tchèque de tous les temps.
Après une telle reconnaissance, le réalisateur enchaîne rapidement avec La vallée des abeilles (1968) où il repart au Moyen-Age pour un nouveau classique tchèque. Il semble légèrement moins inspiré par la couleur qu’il retrouve avec le drame Adelheid (1970). Malheureusement pour lui, le pouvoir en place durcit le ton et il perd des soutiens au cœur de l’industrie cinématographique tchèque, ce qui n’est guère aidé par son addiction à la bouteille.
Le déclin des années 70-80
Durant les années 70, František Vláčil travaille à nouveau dans le court et moyen-métrage pour la télévision. Il réalise notamment des œuvres pour enfants dont son moyen-métrage Sirius (1975) qui est exploité en salles en France en 1982.
En 1977, František Vláčil retrouve le chemin des grands studios tchèques, mais ne signe plus d’œuvres majeures, même si l’ensemble est encore de qualité. Aucun de ses films ne parvient en France, mais on peut toutefois signaler l’existence d’un biopic sur le compositeur Antonin Dvorak intitulé Koncert na konci léta (1980) ou encore un drame sur l’alcoolisme intitulé Hadí jed (1981). Le reste de sa production des années 80 semble plus anodine, même si elle reste à découvrir en France.
Mis sur le banc de touche à partir de 1988, ruiné par son addiction, František Vláčil décède en 1999 à l’âge de 74 ans, non sans avoir reçu une reconnaissance tardive pour ses chefs d’œuvre des années 60.