Légende du cinéma français, à la carrière brassant plus de six décennies, Emmanuelle Riva est l’héroïne d’Hiroshima mon amour, d’Alain Resnais, en 1959. Après de nombreux jalons, comme Léon Morin, prêtre et Thérèse Desqueyroux, elle bouleverse en 2012 avec Amour de Michael Haneke.
Une actrice rare et sublime
Révélée en 1959 par son rôle de Française meurtrie dans Hiroshima mon amour, Emmanuelle Riva devient une actrice emblématique de la Nouvelle Vague. Après le triomphe critique et public du film d’Alain Resnais, elle a le premier rôle d’œuvres délicates et subtiles comme Léon Morin, prêtre (1961) de Jean-Pierre Melville, avec Jean-Paul Belmondo, ou Thérèse Desqueyroux (1962) de Georges Franju, avec Philippe Noiret.
Actrice exigeante et sensible, dont la voix musicale et le jeu troublant ravissent les cinéphiles, Emmanuelle Riva prend ses distances avec le cinéma à partir des années 70, malgré des compositions remarquées pour Jean-Pierre Mocky (Y a-t-il un Français dans la salle ?, 1982), Philippe Garrel (Liberté, la nuit, 1984) ou Krzysztof Kieslowski (Trois couleurs : Bleu, 1993).
Emmanuelle Riva, de Resnais à Haneke
Elle préfère se consacrer au théâtre où elle joue Shakespeare, Goldoni ou Sarraute, dirigée par des metteurs en scène de la trempe de Georges Wilson, Marcel Maréchal ou Roger Planchon. Son grand retour au septième art a lieu avec Amour (2012) de Michael Haneke, Palme d’or à Cannes, dont elle partage l’affiche avec Jean-Louis Trintignant. Elle y incarne avec force une musicienne victime d’une attaque cérébrale. Sa performance lui vaut plusieurs récompenses dont un César et un BAFTA, ainsi qu’une nomination à l’Oscar de la meilleure actrice.
Parmi les autres œuvres qui ont jalonné sa carrière, on peut citer Kapò (1960) de Gillo Pontecorvo, Thomas l’imposteur (1965) de Georges Franju, Les yeux, la bouche (1982) de Marco Bellochio, et Vénus Beauté (1999) de Tonie Marshall. Son dernier film est Paris pieds nus (2015) de Dominique Abel et Fiona Gordo, dans lequel elle a pour partenaire Pierre Richard.