Note des spectateurs :

Belmondo, acteur cannois ? De mémoire de Cannes, non ! Pourtant l’un des comédiens les plus populaires de l’histoire du cinéma français était bien présent en 2011 pour un hommage exceptionnel .

2011. Jean-Paul Belmondo a quelque peu arrêté le cinéma depuis un certain temps. Si la nouvelle génération le connaît pour ses immanquables pitreries rediffusées à la télévision française, on ne doit pas oublier que pendant des décennies, Bébel était l’un des comédiens préférés des Français aux côtés des de Funès, Bourvil, Gabin ou Alain Delon. Un monstre sacré de cinéma qui, sur son seul nom, provoquait des raz-de-marée dans les salles : L’as des as (5.3M d’entrées France), Le professionnel (5.1M), Le marginal (4.8M), Peur sur la ville (3.9M), Flic ou voyou (3.9M), Les morfalous (3.6M)…

Belmondo, itinéraire (Cannes 2011)

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La reconnaissance du cinéma français n’a pourtant pas toujours été au rendez-vous. Trop décontracté, trop commercial, trop populaire. Belmondo n’était pas un acteur à César et encore moins le type parfait pour briller sur le tapis rouge à Cannes. Ses deux apparitions sur la Croisette en compétition se sont soldées par des échecs, notamment en 1974 avec Stavisky de Resnais. Sa dernière venue dans la grande Mecque du cinéma remonte en 2001 lorsqu’il avait rendu hommage à son ami Gérard Oury.

Dix ans déjà… dix ans où la santé n’a pas toujours été au rendez-vous, dix années difficiles où il a eu le courage de revenir au cinéma, affaibli, chez Francis Huster (Un homme et son chien, 2009). Son dernier blockbuster en date, lui, remonte à 1998 : Une chance sur deux de Patrice Leconte. Une chance surtout ratée d’un come-back commercial dans un cinéma de papa avec des stars (Delon et Vanessa Paradis) comme à la grande époque des projets qui se montaient sur son seul nom !

En mai 2011, Belmondo monte les marches du festival et Cannes est à ses pieds. Il est reçu en invité d’honneur pour un hommage exceptionnel le mardi 17 mai. Est projeté un documentaire, Belmondo, itinéraire... Le titre du film de Vincent Perrot et Jeff Domenech, est un clin d’œil à la rencontre du géant avec Claude Lelouch. Les deux hommes avaient connu leur vrai dernier succès populaire ensemble en 1988 avec Itinéraire d’un enfant gâté.

À l’occasion d’une soirée spéciale, l’acteur d’À bout de souffle reçoit des mains de Gilles Jacob une Palme d’or pour l’ensemble de sa carrière. Une longue standing ovation salue le comédien lorsqu’il monte sur scène. Moins physique, mais toujours en verve, il est entouré de ses partenaires et éternels amis : Claudia Cardinale, Jean Rochefort, Jean-Pierre Marielle, Claude Lelouch, Guy Bedos, Charles Gérard… Le documentaire Belmondo, itinéraire… suit. Relatant cinquante ans de carrière, le film est certes convenu mais néanmoins émouvant. Il permet de suivre le parcours d’une légende du cinéma français, acteur culte de la Nouvelle Vague puis grande vedette populaire.

Dix ans et moins de quatre mois après, Jean-Paul Belmondo reçoit un hommage national aux Invalides. Son décès est un choc, mais si la France pleure, l’amour valide un mythe intergénérationnel qui saura, nul n’en doute, traverser les époques à venir.

2011. Cannes a bien fait de se rattraper cette année-là.

Frédéric Mignard

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Illustration © Melki

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