Note des spectateurs :

Marco Bellocchio recevra une Palme d’or d’honneur lors du Festival de Cannes 2021. Il présentera également son documentaire Marx peut attendre dans la section Cannes Première.

Bandeau Cannes 2021 bleu

© FDC / Philippe Savoir (www.filifox.com)

Un cinéaste politique et un auteur majeur

Formé à l’Académie d’art dramatique de Milan et au Centro sperimentale di cinematografia de Rome, Marco Bellocchio réalise des courts métrages à partir de 1961. Il se fait connaître avec le long métrage Les poings dans les poches (1965). L’œuvre, ancrée dans une vision pré-soixante-huitarde, révèle un cinéaste engagé et critique vis-à-vis de la société italienne. Le film est récompensé notamment à Venise et Locarno. La Chine est proche (1967), Prix FIPRESCI à Venise, s’inscrit dans une démarche thématique et stylistique plus radicale, dans la mouvance d’auteurs comme Bertolucci ou les frères Taviani.

Les années 70 sont moins marquantes pour le cinéaste, qui reçoit toutefois un accueil positif avec quatre longs dont Au nom du père (1972) et La marche triomphale (1976). Avec Le saut dans le vide (1980), Bellocchio approfondit le thème de la famille qui lui est cher. L’œuvre obtient un double prix d’interprétation au Festival de Cannes pour Michel Piccoli et Anouk Aimée, et le Donatello du meilleur réalisateur. Le cinéaste traverse ensuite une période creuse avec des métrages qui enthousiasment peu la critique et ne trouvent pas leur public, et dont certains sont sélectionnés à Cannes. On peut citer Henri IV, le roi fou (1984), La sorcière (1988), Le prince de Hombourg (1997) ou La nourrice (1999). Quant à la nouvelle version du Diable au corps (1986), elle mérite mieux que sa réputation sulfureuse due à une scène de sexe oral.

Marco Bellochio, un habitué du Festival de Cannes

Le réalisateur retrouve une vraie inspiration créatrice avec Le sourire de ma mère (2002), Prix œcuménique avec mention spéciale au Festival de Cannes 2002. Buongiorno, notte (2003) qui aborde l’affaire Aldo Moro le remet en selle définitivement. Le film est couvert de prix, notamment pour son interprète, Roberto Herlitzka. Le metteur en scène de mariages (Un Certain Regard 2006) reprend la thématique des doutes politiques et religieux d’une Italie en pleine phase réflexive, tout en se voulant une introspection artistique. Quant à Vincere (2009), il dépasse le cadre du simple film politique et historique pour atteindre l’universel. Alternant films historiques et cinéma à caractère sociétal, Bellocchio se penche sur l’euthanasie dans La belle endormie (2012), avant d’aborder un cas de sorcellerie dans Sangue del mio sangue (Prix FIPRESCI à Venise 2015).

Marco Bellocchio garde toujours la main avec Fais de beaux rêves (Quinzaine des Réalisateurs 2016), récit d’un traumatisme d’enfance saisissant de finesse et d’intensité. Il revient en compétition officielle cannoise avec Le traître (2019), biopic stupéfiant au carrefour de l’efficacité du polar sur la mafia et d’une réflexion dans la tradition du meilleur cinéma politique italien. Marco Bellocchio a gagné de nombreuses distinctions, en plus de celles déjà mentionnées. Parmi elles figurent un Lion d’or pour la carrière (Venise 2011) et une Palme d’or d’honneur décernée à Cannes en 2021. À cette dernière occasion, Marco Bellocchio présente le documentaire Marx peut attendre.

Gérard Crespo

Crédit visuel : Photo promotionnelle Le Traître Crédit : IBC Movie, Kavac, Rai Cinema, Match Factory Prod, Ad Vitam.

Le-traitre de Bellocchio dévoile son affiche définitive

Le Traitre Crédit : IBC Movie, Kavac, Rai Cinema, Match Factory Prod, Ad Vitam.