Pour sa première semaine d’exploitation dans les salles françaises, le dérivé de la saga rapide et furieuse s’impose sans surprise, quand les autres nouveautés de la semaine connaissent des fortunes diverses. Playmobil, le film essuie un bide sans appel et C’est quoi cette mamie ? est un succès catégorique.
Hobbs & Shaw détrône le Roi Lion
Parvenant à embarquer dans sa carlingue déjà gâteuse (rappelons que l’opus initial de cette saga vrombissante date du début du siècle) plus d’un million de spectateurs pour sa première semaine d’exploitation, Fast & Furious présente : Hobbs & Shaw réalise le cinquième meilleur démarrage de la franchise avec 1 131 000 entrées. Ce lancement se classe juste derrière celui de Fast & Furious 5 (1,179 million de spectateurs en 2011 pour un total de plus de 2,5), mais se situe bien loin des amorçages des deux derniers épisodes, qui avaient respectivement démarré à 2,16 et 1,86 millions pour s’établir en fin de parcours à 4,6 millions de spectateurs pour Fast & Furious 7 et 3,8 pour Le destin des furieux (titre original de la huitième mouture des aventures de la famille Toretto).
Au-delà de l’aspect purement comptable de ces constats, ce démarrage solide montre que la saga peut s’accommoder de l’absence des noms historiques, Vin Diesel en tête de file. Ce dernier, qui essaie de relancer la machine de son côté avec Fast & Furious 9, n’est par ailleurs jamais parvenu à développer des franchises sur son seul nom, de Xxx 3 au Dernier chasseur de Sorcières en passant par Riddick, tous se sont avérés être de cinglants échecs.
Pour le catcheur Dwayne Johnson à Hollywood, il s’agit de très loin son meilleur démarrage hors de la série Fast & Furious. L’acteur, qui a aligné les projets originaux (Skyscraper, Rampage, Agents presque secrets, San Andreas) quand d’autres se contentent de films de super-héros, démontre le capital de sympathie que les spectateurs français portent à son égard. De même Jason Statham, qui a accumulé les succès de séries B musclées, parvient à son plus gros démarrage en France, hors Expendables et Fast & Furious.
Disney Roi du monde (re)
Ce nouveau maître des entrées permet ainsi de supplanter Le Roi Lion version 2019, qui, en quatre semaines, s’est imposé comme le plus gros succès de l’année en France : avec un peu moins d’un million d’entrées supplémentaires, le long-métrage atteint un cumul de 7,9 millions de spectateurs.
La version originale animée de 1994 avait quant à elle dépassé les 10 millions d’entrées, prouesse qu’accomplira certainement ce copié-collé.
Rappelons enfin que le top 10 de l’année 2019 est à ce jour constitué de 6 titres estampillés Disney : Le Roi Lion 2.0, Avengers : Endgame (6,8 millions d’entrées), Toy Story 4 (4 millions), Captain Marvel (3,4 millions), Aladdin 2.0 (2,4 millions) et Dumbo 2.0 (2,4 millions). Un règne sans partage, donc, qui laisse peu de place au cinéma national dont seuls six films en 2019 ont dépassé le cap symbolique du million d’entrées.
Les films d’animation sont légion, et ne connaissent pas tous la même forme
Heureusement pour la production hexagonale, en quatrième position, la suite non-attendue de C’est quoi cette famille? réalise une première semaine des plus enthousiasmantes : 425 000 individus ont déchiré leur ticket pour C’est quoi cette mamie?, quand le démarrage du premier épisode s’était contenté de moins de 200 000 spectateurs en première semaine (pour un cumul de 750 000). Le film confirme le bon écho critique et l’engouement autour de Chantal Ladesou. C’est l’unique succès français de l’été, à ce jour, puisque même l’autre nouveauté de la semaine, Playmobil, le film, réalise de calamiteux premiers jours : alors que les indicateurs parisiens annonçaient le jour de sa sortie un échec en bonne et due forme, les chiffres de sa première semaine en salles sont sans équivoque : 200 000 figurines, c’est loin d’être suffisant pour concurrencer les adversaires Lego et lancer une franchise en salle. Cette production étant européenne (franco-britannique allemande), on ne peut que le déplorer.
La suite de Comme des bêtes enregistre un score en-deçà des attentes (plus de 550 000 tickets vendus supplémentaires, pour un total de 1,3 million), en dépit d’une baisse de fréquentation limitée (-22%). Au même moment, l’épisode inaugural, en 2016, en était à 1,8 million d’entrées. Il devrait faire bonne figure jusqu’à la fin de l’été et dépasser les 2 500 000, ce qui restera une bonne affaire pour Universal.
Parasite dix-neuvième plus gros succès de l’année
Parmi les continuations, Toy Story 4, en ces moments de villégiatures, maintient très correctement sa trajectoire (-14%) et passe tout juste le cap des 4 millions d’entrées, tandis que Spider-Man : Far from home dépasse les 3 millions. Quant à l’exilé Alexandre Aja, son film d’attaque d’alligator Crawl enregistre 70 000 entrées (cumul à 423 000), pour sa troisième semaine d’exploitation, quasiment autant que Parasite, qui clôt sa dixième. La Palme d’or 2019, récemment ressortie dans une version française, se permet même une légère augmentation de fréquentation (+2%), et approche désormais dangereusement des 1,5 million de tickets vendus. Un très beau succès pour son distributeur The Jokers, et, de loin, le plus gros score pour un film coréen sur le sol français. On n’en attend pas autant du Gangster, le flic et l’assassin qui sort cette semaine.
Quand le dernier film de Luc Besson s’affirme comme l’un des plus gros bides de sa carrière (Anna est à moins de 700 000 entrées), le deuxième essai du prodige Ari Aster, Midsommar, bien qu’adulé, paie son radicalisme et son étrangeté : avec une baisse de 44% et une deuxième semaine comptabilisant 34 000 amateurs supplémentaires (qui ne lui permettent pas d’atteindre les 100 000 tickets vendus), cette production A24 n’atteindra pas les presque 180 000 entrées de Hérédité. De nombreux multiplexes n’ont pas réitéré leur contrat de confiance pour la 3e semaine d’exploitation, préférant diffuser le Tarantino sur plusieurs écrans, à la place.
Jean-Paul de Harma