Œuvre fabriquée de toute pièce par des petits malins, Wedding Nightmare est une série B sympathique qui mange un peu à tous les râteliers. Efficace, mais inégal.
Synopsis : La nuit de noces d’une jeune mariée tourne au cauchemar quand sa riche et excentrique belle-famille lui demande d’honorer une tradition qui va se révéler meurtrière et où chacun luttera pour sa survie.
Critique : Signé Guy Busick et Ryan Murphy, le script à tiroir de Wedding Nightmare (ou plutôt Ready or Not en version originale) a fait le tour de quelques maisons de production avant d’être acheté par le collectif Radio Silence. Pour mémoire, ce nom quelque peu mystérieux cache en réalité trois personnalités qui aiment à se définir comme un groupe de rock. Il s’agit du duo de réalisateurs Matt Bettinelli-Olpin et Tyler Gillett, auquel il faut ajouter le producteur Chad Villella.
Les trois complices ont notamment participé à l’anthologie horrifique V/H/S (2012), mais également signé The Baby (2014), d’assez sinistre mémoire. Ils nous reviennent donc ici avec une nouvelle série B qui s’inscrit dans un premier temps dans la longue tradition des films de chasse à l’homme (à la femme, ici). On pense bien évidemment au séminal Chasse du comte Zaroff (Pichel et Schoedsack, 1932), tout en ressentant l’influence très récente des productions Jason Blum comme la saga des American Nightmare ou encore Get Out (2017).
Malins, les réalisateurs surfent effectivement sur cette nouvelle mode du film horrifique à forte connotation sociale. Ainsi, Wedding Nightmare se pare d’une métaphore pas forcément très finaude sur l’odieux comportement de la classe aisée qui cherche à protéger ses intérêts en éliminant ceux de la catégorie inférieure. Cela permet aux cinéastes de se lâcher totalement en dénonçant des puissants totalement déconnectés des réalités du monde, mais qui n’hésitent pas à recourir aux moyens les plus extrêmes pour parvenir à leurs fins.
Le point le plus intéressant du long-métrage tient au fait que la jeune femme rejetée par les nantis finit par assassiner un à un tous les domestiques de la demeure, sans jamais pouvoir atteindre les membres de la famille riche. Cela nous invite à réfléchir sur l’intérêt de la lutte des classes, puisque les puissants finissent toujours par s’en tirer, tandis que les plus pauvres se sont étripés en vain.
Toutefois, cette thématique sociale intéressante n’est pas poussée jusqu’au bout puisque les auteurs choisissent de faire dévier leur histoire vers le surnaturel. Et si celui qui tirait les ficelles n’était tout simplement pas le Malin himself ? Dès lors, il est à se demander si le fait de maintenir les membres de la famille sains et saufs n’était pas qu’un truc de scénariste pour pouvoir dégoupiller le twist final, vraiment inattendu et particulièrement sanglant. Pour avoir sa dose d’hémoglobine, le spectateur devra patienter jusqu’à cette ultime scène puisque les différents meurtres sont souvent filmés rapidement et dans une certaine confusion.
Parfois inspirée lorsqu’elle arpente les couloirs de la vaste demeure, la caméra est davantage brouillonne lorsque l’action se fait plus saignante. Le montage cut, la photographie assez sombre et des effets de shaky cam viennent souvent gêner la lisibilité de l’action, ce qui gâche une bonne partie des effets. C’est d’ailleurs bien dommage car on imagine que le produit initial devait être bien plus radical et violent. L’humour, toujours volontaire, vient également soulager le spectateur lors des hausses de tension. Parfois, cela tourne au procédé.
Inégal donc, le résultat final est une série B aussi sympathique que dispensable dont on retiendra surtout le jeu très assuré de Samara Weaving à qui le spectateur s’attache immédiatement. Les amateurs de méchanceté seront également ravis de la présence de nombreux personnages féminins vachards dont la langue vipérine donne droit à quelques éclats de rire. Parmi ces dames particulièrement odieuses, on a plaisir à retrouver Andie MacDowell, même si son personnage n’est pas le plus savoureux. On lui préférera notamment Nicky Guadagni (déjà vue dans le Crash de Cronenberg et le Cube de Natali) dans le rôle d’une tante tendance Famille Addams. Sa prestation vaut à elle seule le détour, tant elle nous fait sourire. Le reste est donc divertissant, mais un peu anecdotique.
Le site officiel du collectif Radio Silence
Critique de Virgile Dumez
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