Une colonie : la critique du film (2019)

Drame, Comédie, Teen-movie | 1h42min
Note de la rédaction :
3/10
3
Affiche du film Une Colonie

  • Réalisateur : Geneviève Dulude-De Celles
  • Acteurs : Emilie Bierre
  • Date de sortie: 06 Nov 2019
  • Nationalité : Canadienne
  • Titre original : Une colonie
  • Distributeur : Wayne Pitch
  • Editeur vidéo :
  • Date de sortie vidéo :
  • Box-office France / Paris-Périphérie :
  • Festival : Berlin 2019 (Ours d'Argent du Meilleur Film), Festival de Cinéla de la ville de Québec 2018 (Grand Prix compétition long métrage et Prix du public), Festival du Film de Whistler 2018 (Meilleur long métrage, meilleure réalisation, et meilleur interprétation pour Émilie Bierre), Prix de la Vague, Festival international du cinéma francophone en Acadie 2018 (meilleur long métrage de fiction canadien)
  • Récompenses : Canadian Screen Awards : Meilleur film, Meilleure actrice pour Emilie Bierre.
Note des spectateurs :

Malgré une jeune actrice prometteuse, Une colonie désole par un scénario bâclé et une mise en scène sans inspiration.

Synopsis : Mylia, une enfant timide et farouche, s’apprête à quitter sa campagne natale pour la grande école. À la recherche de repères dans ce milieu qui lui semble hostile, elle apprendra à mieux se connaître à travers la rencontre de Jimmy, un jeune autochtone marginal de la réserve voisine. Mylia avancera comme elle peut, parfois maladroitement, en se frottant à l’absurdité de l’adolescence, à ses malaises et à ses petites victoires. 

Critique : Le genre du teen movie, quand il n’est pas traité sur un mode comique, a connu, au risque de paraître schématique, dans le cinéma contemporain deux veines glorieuses : celle, élégiaque et contemplative, comme a pu l’immortaliser Gus Van Sant, ou celle plus frontale et éruptive, comme chez Larry Clark. L’acteur désormais réalisateur Jonah Hill a proposé une troisième voie, plus empathique mais pas nécessairement moins âpre, plus tôt cette année avec le très réussi Mid 90s.

Une colonie est une chronique adolescente sous-dramatisée

La jeune cinéaste Geneviève Dulude-De Celles – il s’agit de son premier long-métrage de fiction après un documentaire resté inédit en France – a choisi la voie de la chronique, soit d’une narration dédramatisée, davantage attentive au quotidien de son personnage qu’aux péripéties qu’il pourrait affronter. Solution périlleuse mais paradoxalement ambitieuse car si elle se désintéresse de tout enjeu dramatique réel, la densité scénaristique étant très faible, la mise en scène doit en retour prendre en charge avec suffisamment de corps l’indolence de l’adolescente pour rendre intéressante cette histoire.

Emilie Bierre dans Une colonie

Credits : Lena Mill Reuillard -Etienne Roussy

Il s’agit donc moins de narrer un apprentissage, fût-il douloureux, que d’accompagner une vie sans grande aspérités, sans climax d’une adolescente québécoise de province. Une colonie ne racontera pas de grande histoire d’amour ni de découverte violente et intense de la sexualité, les situations sont comme euphémisées ou rapidement étouffées. Alors certes, le film narre malgré tout une histoire d’amitié qui devient d’amour au fil du récit mais sans éclat, ni réel nœud scénaristique, en pointillés.

Ce refus du drama– l’anti-Dolan en quelque sorte – est louable et intéressant : il témoigne d’une approche plus réaliste et quotidienne de l’adolescence, mais il peut vite basculer dans un vide narratif d’une intensité tellement faible qu’il en devient parfaitement ennuyeux.

Une mise en scène sans personnalité ni éclat

Et c’est malheureusement ce qui arrive au film, la faute notamment à une mise en scène anonyme, neutre, sans regard. Ce n’est pour ainsi dire pas filmé, sans un seul vrai plan, la cinéaste ne proposant rien d’autre que ce qu’on s’attendrait à voir en lisant le scénario. Si dans une conception moderne de la mise en scène on conçoit celle-ci comme l’écart qu’elle produit avec ce qui est écrit dans le script, alors on peut en conclure qu’Une colonie n’a pas de mise en scène. Cela pourrait être une pub, un clip, un spot gouvernemental, bref littéralement n’importe quoi d’autre, on ne remarquerait pas la différence.

Un scénario bâclé

Ce rien filmique s’ajoutant à une indigence scénaristique percluse de clichés, c’est peu dire que le film n’est in fine pas grand-chose. A titre d’exemple, l’aspect vaguement politique du personnage de Jimmy, d’origine indienne et en proie aux moqueries et à l’incompréhension de ses camarades, est superficiellement traité. A plusieurs moments, le spectateur a l’impression de se retrouver devant ces séries à destination des adolescents qui avaient cours fin des années 90, du genre d’Hartley cœur à vif, le sens du rythme en moins. Sauf que ces séries avaient au moins pour mérite, fût-ce au prix d’une certaine grosseur de trait, de construire des situations, ce que refuse ce film-ci, qui procède soit de l’évitement (en témoigne ce personnage sacrifié de l’amie, dont le rapport ambivalent à l’héroïne n’est pas creusé, c’est en réalité pur prétexte à faire avancer le récit), soit du bâclage (l’expérience sexuelle ratée du personnage principal, expédiée en une demi-scène d’une minute trente).

Alors, devant un tel néant de cinéma, on essaie désespérément se raccrocher à quelque chose, en l’occurrence le jeu de l’actrice Emilie Bierre, opaque et instinctive comme une adolescente peut l’être. Elle est de tous les plans, c’est heureux, car il n’y a malheureusement rien d’autre à voir dans Une colonie.

Critique : Charles Chambenois

Les sorties de la semaine du 6 nombre 2019

 

Affiche du film Une Colonie

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Affiche du film Une Colonie

Bande annonce de Une colonie

Drame, Comédie, Teen-movie

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