The Singing Club, avec son humour léger et son ton alerte, se déguste comme une comédie so british, pleine de musique, d’entrain et de solidarité. Par le réalisateur de The Full Monty.
Synopsis : Yorkshire, 2011. Les soldats de la garnison de Flitcroft sont envoyés en mission à l’étranger. Pour tromper leurs angoisses, leurs compagnes décident de créer une chorale. Elle est dirigée par l’austère mais surprenante Kate Barclay, épouse du colonel. Soudées par une envie commune de faire swinguer leur quotidien, Kate, Laura, Annie et les autres porteront leur « Singing Club » jusqu’au Royal Albert Hall pour un concert inoubliable.
Vingt-trois ans après The Full Monty
Critique : Vingt-trois ans après The Full Monty, immense succès de la fin des années 90, Peter Cattaneo reprend la même structure pour faire vibrer son nouveau long, un film choral dominé par l’optimisme et la bonne humeur. A savoir, mettre en lumière des êtres ordinaires, condamnés à une oisiveté forcée, pour les amener, à force de persévérance et d’émulation collective, à se surpasser.
Cette fois, les chômeurs strip-teaseurs sont remplacés par des apprenties chanteuses, des femmes de militaires qui, aussi sages que Pénélope attendant le retour d’Ulysse, se morfondent, entre les quatre murs d’une caserne. Un sujet qui, sous cet angle, n’incite guère à l’enthousiasme. Et pourtant ! Tout d’abord, le réalisateur prend bien soin de se tenir éloigné de toute allusion guerrière. Enfin, s’inspirant de l’histoire vraie de chorales créées par des épouses de soldats, il mobilise toute son attention sur la force de caractère de ces épouses qui refusent de se laisser enfermer dans un univers de solitude programmée et découvrent la cohésion et l’amitié par le biais de la musique. L’occasion aussi d’offrir au spectateur le bonheur de partager, en compagnie de ce groupe hétéroclite et joyeux, des histoires quelquefois poignantes mais souvent hilarantes. Car si la narration fait le pari de la légèreté, le drame surgit parfois par l’évocation de la mort d’un fils ou l’annonce du décès d’un mari. La grandeur d’âme des unes, le désarroi des autres, les doutes de toutes convoquent toute une panoplie d’émotions qui nous propulsent dans un univers doucement acidulé où l’on se surprend à se laisser bercer par cette dégoulinade de bons sentiments.
The Singing Club, une chorale de bon sentiments pour une composition charmante
Si la première partie consacrée à la composition du groupe et à la présentation de ses éléments s’étire paresseusement, le film trouve son rythme avec l’assemblage de cette multitude de personnages pittoresques aux énergies différentes et complémentaires, auxquelles s’ajoute le plaisir de retrouver quelques-uns des tubes électro-pop des années 80/90.
En digne représentante de son colonel de mari, la rigide Kate prend la direction des opérations. Le ton acerbe néanmoins teinté de bienveillance dont s’affuble, pour mieux cacher les failles qui la tourmentent, le personnage de Kristin Scott Thomas, toujours impeccable dans ces rôles de pince-sans-rire qu’elle a maintes fois endossés, participe efficacement au succès de cette comédie enlevée. Son duo, certes attendu mais ô combien réjouissant, avec la pétillante Lisa (Sharon Horgan qui trouve enfin ici un premier grand rôle à la hauteur de son talent) constitue une vraie belle surprise. Assurément, The Singing Club ne bénéficie pas de la force de frappe de The Full Monty, mais son élégance désuète et sa malice lui accordent le droit de figurer honorablement dans la catégorie des divertissements de bon aloi.
Critique de Claudine Levanneur
Initialement prévu en salle le 4 novembre 2020, The Singing Club sera diffusé en exclusivité sur Canal +, à partir du 4 décembre 2020, sans passer par la case cinéma, son distributeur Pyramide Films ayant décidé d’annuler la programmation en salle. Le film rejoint donc Forte, Brutus Vs César… parmi les victimes 2020 de la COVID 19.