The Rental est un thriller sans trop d’écueils qui bénéficie du charisme de ses comédiens et d’une ambiance à point. Reste une descente aux enfers trop sage.
Synopsis : Deux couples louent une sublime maison face à l’océan pour un week-end de fête. Les quatre amis comprennent très vite que derrière la beauté de l’endroit, un danger les guette : une présence mystérieuse semble les espionner et révèle des secrets inavouables sur chacun d’eux. La tension monte et le week-end de rêve va virer au cauchemar absolu…
Location mortelle
Critique : Est-ce dans la maison des autres que les meilleurs thrillers domestiques se produisent ? Après l’excellent You are next d’Adam Wigard, The Rental reprend l’idée d’une demeure prise d’assaut par un type masqué. Le contexte a évolué : exit la réunion familiale, voici les frangins qui partent avec leurs amies respectives faire du Airbnb au bord d’une côte ciselée pour le cinéma et les humeurs dépressives. Le proprio ou son pote pourraient être le psycho, en tout cas des caméras ont envahi les lieux d’intimité de cet espace de mort et de morbidité. Tueur et vicieux, bref, le perverse killer est de retour. Comptez sur le scénariste Joe Swanberg (aussi réalisateur de VHS) pour quelques effets narratifs, afin de manipuler et contourner certaines règles du genre, sans pour autant tomber dans la facilité du slasher répétitif, ce que The Rental ne sera jamais.
Pour son premier long en qualité de réalisateur, le rigolo Dave Franco, frangin de James, qui a rarement décroché des premiers rôles si ce n’est dans Nerve d’Ariel Schulman et Henry Joost, s’éclipse derrière la caméra pour filmer des acteurs convaincants, dont son épouse, Alison Brie. Initialement, Franco devait interpréter le frère paumé incarné par l’une des vedettes de Shameless, Jeremy Allen White (alias Lip Gallagher dans l’interminable série), avant de s’atteler à la réalisation. Jeremy Allen White est un bon choix ; il y est solide et apporte une bonne dose de tourments à son personnage un peu à côté de la plaque. Toutefois, Dan Stevens vole la vedette au casting. Celui qui fut psychopathe canon dans The Guest, encore une autre tuerie du féroce Adam Wingard, bénéficie du premier rôle et, dans un thriller qui se veut psychologique, domestique, conjugal, il a les capacités d’incarnation de tous ces aspects. Curieusement, il abandonne toutefois son talent à susciter l’inquiétude. Cette fois-ci, ce n’est pas lui le bad guy.
Revers de médaille
Ce qui pourrait être la force du film, à savoir la mise en lumière des fragilités de chacun des deux couples et de chaque individu qui les constitue, peut aussi être interprété comme un manque de nerf dans cette production à l’ambiance mélancolique travaillée, au script étiré, qui, de ce fait, ne va jamais prendre aux tripes. Un certain manque de rythme, des enjeux dramatiques trop limités et des écueils dus à son réalisme, rendent The Rental quelque peu basique dans ses ambitions de thriller horrifique. Malgré son effroyable plan vidéo final, on n’en cherchera pas une suite pour autant.
The Rental est d’abord un succès salle au box-office américain
Succès américain de cet été 2020 (en fait, c’est l’un des rares films à avoir été exploités dans le contexte de la Covid, et il s’est distingué avec une première place inattendue), The Rental ne rate pas forcément sa cible, mais vise à côté du cœur, alors que l’on aurait aimé y être frappé d’un vrai coup pour que l’on puisse le garder à l’esprit des semaines après avoir inhalé sa tension lors de sa projection.
Le thriller The Rental n’était pas forcément promis aux salles françaises, mais Metropolitan FilmExport lui a toutefois offert une exposition intéressante sur le grand écran, après avoir dû repousser les films d’épouvante les plus importants de son catalogue (Antebellum, reporté à septembre 2020, et le reboot de Saw, repoussé d’un an, à mai 2021). Une location de saison qui dans le contexte actuel ne devrait pas trop décevoir.