The Foreigner : la critique du film (2017)

Série B étonnante, The Foreigner propose une histoire plus complexe qu’il y paraît de prime abord et offre à Jackie Chan un rôle dramatique assez fort. Intéressant et efficace.

Synopsis : À Londres, un modeste propriétaire de restaurant de Chinatown va tenter de retrouver les terroristes irlandais responsables de la mort de sa fille.

Critique : Adapté de The Chinaman écrit par Stephen Leather et publié en 1992 dans le contexte tendu de la guerre entre l’Angleterre et le groupe indépendantiste IRA, The Foreigner est une série B étonnante qui réactive le spectre du terrorisme irlandais à une époque où l’islamisme déchaîne les passions. Si ce contexte thématique peut paraître décalé – et quelque peu dépassé – il permet surtout de dépayser le spectateur et donc de rendre la projection nettement plus intéressante que la moyenne des productions du même acabit.

Les séquelles du conflit irlandais offrent un contexte intéressant

Tout d’abord, le contexte britannico-irlandais est nettement plus séduisant qu’une énième confrontation entre Américains et musulmans, et le sous-texte sur les compromissions d’anciens terroristes reconvertis à la politique est beaucoup plus intéressant que le traditionnel combat entre le bien et le mal. Certes, le personnage de Jackie Chan est bien un vigilante qui cherche à venger la mort de sa fille en luttant contre une cellule terroriste, mais le script ne se borne pas à opposer un héros irréprochable à des méchants caricaturaux. Ainsi, le personnage incarné par Pierce Brosnan représente à lui tout seul l’ambiguïté de ces anciens membres de l’IRA qui jouent toujours un double jeu face au pouvoir britannique en agitant le spectre d’une reprise des hostilités afin d’obtenir des avancées institutionnelles.

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Loin de n’être qu’une simple série B où seule l’action serait privilégiée, le réalisateur Martin Campbell a eu le mérite de conserver des passages entiers de dialogues politiques pertinents quand on connaît les subtilités du conflit en question.

Un Jackie Chan vieilli, méconnaissable

Les fans de Jackie Chan auront d’ailleurs du mal à reconnaître leur héros habituel qui est vieilli par un maquillage impressionnant et qui incarne avec un certain charisme cet homme lessivé, au bout du rouleau et qui n’a plus rien à perdre. L’acteur chinois révèle donc un beau tempérament dramatique et obtient un effet saisissant, assez proche de celui de Coluche dans Tchao Pantin. Sans être exceptionnelle, sa prestation a le mérite d’innover et de proposer une alternative séduisante à son emploi traditionnel. Face à lui, Pierce Brosnan retrouve son metteur en scène de Goldeneye (1995) et livre également une belle prestation, toute en ambiguïté. La confrontation des deux acteurs, plus psychologique que physique, débouche sur un thriller tendu, assez stressant et qui ose plonger dans les tréfonds de l’âme humaine.

Une dernière demi-heure trépidante

Les amateurs d’action retrouveront leurs marques dans la dernière demi-heure où Jackie Chan reprend du service pour éliminer un à un ses adversaires. Les combats du bonhomme demeurent efficaces, bien mis en valeur par un réalisateur habitué à dynamiser ce genre de séquences. Sans être le film du siècle, The Foreigner est donc plutôt une bonne surprise, ce qui explique sa sortie sur nos écrans au mois de novembre 2017, avec un résultat peu convaincant sur le territoire national. Par contre, les performances mondiales furent globalement suffisantes pour faire du film une bonne affaire, d’autant que les ventes en vidéo ont également permis une bonne rentabilité d’ensemble.

Critique de Virgile Dumez

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