D’une belle efficacité, The Devil’s Hour est une toute petite série B fort agréable qui vous fera passer un bon moment de frousse, sans vous prendre pour des imbéciles. A découvrir.
Synopsis : Deux entrepreneurs modernes, Drew et Max, diffusent en live sur le web des exorcismes qui sont en fait des canulars. Mais leur business bascule le jour où l’actrice utilisée devient mystérieusement possédée par un véritable démon. Devant un public mondial en croissance rapide, le démon les soumet à une série de défis violents et humiliants destinés à les punir pour leurs mensonges.
Version longue d’un court-métrage, The Devil’s Hour sait être efficace
Critique : Le jeune cinéaste Damien LeVeck a décidé d’exploiter à nouveau une idée qu’il a utilisée dans un court-métrage datant de 2016 intitulé The Cleansing Hour. Il a étoffé le script de façon à passer d’une vingtaine de minutes à une durée standard (une heure et demie). L’intrigue a pour but de confronter un escroc qui se fait passer pour un exorciste à un véritable démon qui le pousse à révéler en direct sa véritable nature.
Le long-métrage commence par une scène d’exorcisme plutôt efficace, même si un peu brouillonne, dont on comprend finalement qu’il s’agit d’un canular, ou plutôt d’une mise en scène destinée à impressionner le grand public présent sur les réseaux sociaux. Le but des compères est de profiter de la crédulité de leur audience pour vendre des produits dérivés. En cela, le début nous fait songer à celui de Ouija : les origines (Flanagan, 2016) qui mettait en scène des fausses séances de spiritisme, avant que des événements surnaturels ne se déclenchent.
Une attaque en règle des évangélistes de pacotille
Ici, Damien LeVeck nous présente assez rapidement les personnages, qui sont tous décrits comme des jeunes arrivistes désireux de se faire de l’argent facile sur le dos des crédules. Toutefois, ils ne sont pas dénués d’humanité et l’auteur parvient à éviter la caricature qui nous les aurait rendus antipathiques. Au bout d’une petite vingtaine de minutes, il nous enferme avec ses protagonistes dans un lieu clos, tout en s’en échappant à plusieurs reprises pour nous raconter l’histoire parallèle de plusieurs spectateurs du show.
Cette structure classique, mais efficace, permet de renouveler des péripéties qui seraient répétitives autrement, tout en ouvrant l’histoire sur une perspective mondiale. Si l’exorcisme en lui-même n’a rien de bien original, on apprécie par contre la volonté des auteurs de donner une ampleur internationale à leur intrigue. Ils installent de manière judicieuse une atmosphère qui est d’abord intimiste, pour ensuite dériver vers une catastrophe généralisée. Damien LeVeck suit ainsi l’exemple de ces films de série B millénaristes qui fleurissaient dans les années 70 en Italie. On songe également aux ghost stories japonaises comme Ring ou Kairo qui se terminaient invariablement par une contamination du mal à l’échelle planétaire.
Un produit vidéo recommandable, malgré quelques effets spéciaux ratés
Grâce à une réalisation efficace et quelques scènes vraiment effrayantes, The Devil’s Hour est donc une jolie petite surprise qui trouve parfaitement sa place en vidéo (ou sur d’éventuels services de streaming). Ryan Guzman y fait preuve d’une belle présence, tandis que la jolie Emma Holzer écope du rôle difficile de la possédée qu’elle incarne avec beaucoup de conviction. Bien entendu, on peut regretter l’utilisation de nombreux effets spéciaux numériques pas toujours maîtrisés, ainsi qu’un recours un peu trop fréquent à des jump scares, mais avouons que l’ensemble demeure fort sympathique. A la fois doucement ironique et d’un premier degré réjouissant dès que l’on aborde l’horreur, ce premier long-métrage est une découverte appréciable.
Le test du blu-ray :
Compléments & packaging : 2/5
Le packaging est tout à fait classique, mais la jaquette est plutôt jolie et ne dépareille pas dans la collection de l’éditeur Wild Side. En matière de suppléments, on devra se contenter par contre d’une unique bande-annonce.
L’image : 3,5/5
On peut regretter l’emploi d’une copie très sombre qui ne permet pas toujours de bien distinguer ce qui se déroule à l’écran. Est-ce une volonté de la part des auteurs ou un défaut lié à cette édition ? Ce problème cesse lors des prises de vues en plein jour, mais ces séquences sont plus rares. On distingue alors une belle colorimétrie et un bon piqué. Les contrastes pouvaient donc être mieux gérés.
Le son : 4/5
Les deux pistes anglaise et française sont proposées en 5.1 DTS HD Master-Audio pour un vrai confort d’écoute et une efficacité réelle. Le caisson de basses est très souvent sollicité, de même que les enceintes arrière. La musique retentit sur tous les canaux et le spectacle est donc total sur ce plan. De quoi susciter la haine de votre voisinage qui vous enverra au diable !
Critique et test blu-ray : Virgile Dumez