Sorry we missed you : la critique du film (2019)

Drame, Drame social | 1h40min
Note de la rédaction :
7/10
7
Sorry we missed you, l'affiche française du Ken Loach

  • Réalisateur : Ken Loach
  • Acteurs : Kris Hitchen, Debie Honeywood, Rhys Stone
  • Date de sortie: 23 Oct 2019
  • Nationalité : Britannique, Français, Belge
  • Année de production : 2019
  • Scénariste : Paul Laverty
  • Sociétés de production : Sixteen Films, BBC Films, BE TV, BFI Film Fund, Canal+, Casa Kafka Pictures Movie Tax Shelter Empowered by Belfius, Casa Kafka Pictures, Les Films du Fleuve, Tax Shelter du Gouvernement Fédéral Belge, Why Not Productions, Wild Bunch
  • Distributeur : Le Pacte
  • Éditeur vidéo / date de sortie vidéo : Le Pacte / 26 février 2020
  • Date de sortie vidéo :
  • Box-office France / Paris-périphérie : 483 516 entrées / 124 676 entrées
  • Box-office nord américain / monde : 28 273$ / 8 943 790$ pour un budget de 5 640 000 €
  • Classification : Tous publics
  • Cannes 2022 : Sélection officielle en compétition
  • Autres festivals et récompenses : Nommé Meilleur film de l'année au David di Donatello Awards (2021), 1 nomination aux BAFTA Awards...
  • Illustrateur/Création graphique : © Le Cercle Noir pour Fidelio. Photo © Joss Barratt. Tous droits réservés / All rights reserved
  • Crédits : © Sixteen Films, Why Not Productions, Les Films du Fleuve, British Broadcasting Corporation, France 2 Cinéma, The British Film Institute 2019
  • Format : 1.85 : 1 / Couleur (D-Cinema) / Dolby SR-SRD
Note des spectateurs :

Sorry we missed you est la quintessence Ken Loach : un cinéma engagé et humaniste qui parvient à émouvoir et bousculer tout en atteignant une vraie limpidité dans l’art de la narration.

Synopsis : Ricky, Abby et leurs deux enfants vivent à Newcastle. Leur famille est soudée et les parents travaillent dur. Alors qu’Abby travaille avec dévouement pour des personnes âgées à domicile, Ricky enchaîne les jobs mal payés ; ils réalisent que jamais ils ne pourront devenir indépendants ni propriétaires de leur maison. C’est maintenant ou jamais ! Une réelle opportunité semble leur être offerte par la révolution numérique : Abby vend alors sa voiture pour que Ricky puisse acheter une camionnette afin de devenir chauffeur-livreur à son compte. Mais les dérives de ce nouveau monde moderne auront des répercussions majeures sur toute la famille…

 

Ken Loach à l’attaque de l’ubérisation

Critique : Dans la digne et logique continuité de ses films sociaux, Ken Loach poursuit sa radioscopie des déshérités de la société anglaise et sa dénonciation des effets pervers du néolibéralisme. On est ici dans sa veine la plus sombre, celle de Family Life, Ladybird ou Moi, Daniel Blake, loin de l’humour tendre et acerbe qui constituait un espace de respiration dans les récits dramatiques de Riff Raff ou Raining Stones.

En s’attaquant à l’ubérisation des emplois, Ken Loach et son fidèle scénariste Paul Laverty tout en restant fidèles à leur démarche élargissent leur problématique mais persistent à démontrer l’hypocrisie d’une idéologie qui continue d’aliéner les plus démunis au nom du respect de l’initiative individuelle et de l’esprit d’entreprise.

Sorry we missed you, une photo de Joss Barratt issu du film de Ken Loach

Crédits Joss Barratt

Une œuvre en mal de nuance

Le couple formé par Ricky et Abby est pourtant plein de bonne volonté mais sera broyé par le système qu’ils ont pourtant cherché à intégrer. Abby est une aide à domicile payée par une agence qui propose des prestations à des prix très bas d’où une rémunération de misère avec un nombre d’heures excessif qui la coupe de son milieu familial.

Abby et son époux n’ont même pas le statut de salarié et sont payés au rendement : étant travailleurs indépendants, ils ne disposent d’aucune protection sociale en cas de maladie ou d’accident de travail. La situation est particulièrement précaire pour Ricky qui doit lui-même acheter et assurer sa camionnette et pour cela endetter son ménage.

Le travailleur n’étant pas ici juridiquement lié par contrat à son employeur, il supporte le maximum des dépenses qui devraient incomber à son entreprise, ce qui n’empêche pas Maloney, le manager cynique, de traiter ses gars avec aussi peu de bienveillance que les contremaîtres des manufactures anglaises du XIXe siècle. « Ce n’est pas l’économie de marché, c’est au contraire une évolution logique du marché, induite par une concurrence sauvage visant à réduire les coûts et à optimiser les bénéfices », rappelle Ken Loach dans le dossier de presse.

Dans les conventions du mélodrame, mais avec dignité et sobriété

On pourra objecter que le réalisateur n’a pas le sens de la nuance et ne montre que les effets pervers de nouvelles formes organisationnelles et managériales du travail. Et il est vrai que l’accumulation de tuiles qui s’abat sur le couple sombre parfois dans la complaisance et le déterminisme naturaliste, du conflit qui éclate entre le père et le fils à l’agression sauvage sur le parcours de livraison des marchandises en passant par les appels urgents du commissariat ou de l’établissement scolaire.

Loach est pourtant cohérent et assume les conventions du mélodrame. Et comme à son habitude, il filme avec sobriété des personnages dignes, témoignant à leur égard d’un véritable respect, comme le firent naguère les cinémas de Chaplin ou de Sica. Et même si la figure de Seb est secondaire dans la narration, Loach dépeint comme à son habitude un beau portrait d’ado écorché, qui fait écho à d’autres jalons essentiels du cinéaste, tels Kes ou Sweet Sixteen.

L’actualité cannoise sur CinéDweller.

Critique de Gérard Crespo

Les sorties de la semaine du 23 octobre 2019

Sorry we missed you : le Ken, Loach cru 2019 banner

Crédits Joss Barratt

Box-office :

Avec un démarrage à 155 913 entrées 200 salles, le distributeur Le Pacte a été enchanté et a étendu la combinaison de Sorry We Missed You à 238 cinémas. En 3e semaine, le parc de son poulain est élargi à 438 salles. Le film cannois grimpera même jusqu’à 507 écrans en 4e semaine.

Le bouche-à-oreille sera relativement bon pendant 4 semaines, le film résidant quinze jours au-dessus des 120 000 entrées. Toutefois, il passe de 85 000 entrées en 3e semaine  à 51 000 spectateurs la semaine suivante.

Avec un total satisfaisant de 483 000 entrées en fin de carrière, Sorry We Missed You se retrouve in fine loin de son prédécesseur, Moi, Daniel Blake qui avait atteint 955 737 spectateurs devenant le deuxième plusieurs gros succès de son auteur. Il s’agissait, il faut le préciser d’une Palme d’Or.

Sorry We Missed You profitera donc un peu de cette aubaine, mais se hissera dans des eaux moins poissonneuses que Le vent se lève, La part des anges, Land and Freedom, Family Life, Looking for Eric, ou My Name is Joe, qui avaient tous séduit plus de 600 000 amateurs de cinéma social britannique.

L’éditeur Vidéo Le Pacte proposera le dernier Ken Loach en format physique, DVD et blu-ray, exactement 4 mois après la sortie cinéma.

Box-office par Frédéric Mignard

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Sorry we missed you, l'affiche française du Ken Loach

Bande annonce de Sorry we missed you

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