Chantre du cinéma social britannique, Ken Loach a remporté deux Palmes d’Or durant sa longue carrière, l’une pour Le vent se lève (2006), l’autre pour Moi, Daniel Blake (2016).
Cet auteur engagé, au style inlassablement réaliste, officie à la réalisation depuis 1967 et Poor Cow (Pas de larmes pour Joy). C’est en 1970, avec Kes que l’auteur de gauche trouve un écho auprès des spectateurs français. Ce second film est présenté à la Semaine de la Critique et dépasse les attentes de son distributeur dans le domaine de l’art et essai (348 000).
A l’exception du fameux Family Life (754 000 entrées) en 1972 et du film à costume Black Jack, en 1980, on verra peu Ken Loach au cinéma durant la décade 70, puisque le cinéaste anglais tournera surtout pour la télévision.
Les films qui suivront connaîtront une carrière discrète, mais sont pourtant tous valeureux : Fatherland (1987), Hidden Agenda (1991), et Riff Raff (1991) sont peu vus en France.
Ken Loach ne devient vraiment incontournable qu’à partir de 1993 avec le succès considérable de Raining Stones, acclamé par 520 000 spectateurs. D’autres grands films suivront : Ladybird, Land and Freedom, My name is Joe, Bread and Roses…
Très régulièrement sélectionné en compétition officielle à Cannes, il obtient (entre autres) deux Palmes, l’une pour Le vent se lève, un autre film en costumes, qui s’approche du million d’entrées (971 000 en 2006), puis, dix ans plus tard, avec Moi Daniel Blake un jalon dans sa carrière, et son deuxième film le plus vu (955 000).
Malgré ses intentions de mettre un terme à sa carrière à la suite de la sortie de Jimmy’s Hall, l’auteur né en 1936, poursuit une carrière engagée, dans un contexte d’uberisation de la société et d’un Brexit dévastateur.
Sorry we missed you (2019), son treizième film en compétition à Cannes, s’attaque en particulier à la libéralisation de la société britannique et à l’insupportable fracture sociale.
En 2023, désormais âgé de 87 ans, l’auteur revient en compétition avec ce qu’il annonce être son ultime long métrage, mais pas son dernier projet. The Old Oak est un drame plus sombre que ces derniers films qui revient sur l’arrivée des premiers migrants syriens, au Royaume-Uni, dans les années 2010. Il y dirige un acteur non professionnel, Dave Turner, et une comédienne syrienne Ebla Mari, dans les rôles principaux. Si leur histoire d’amitié à l’écran revient bredouille du Festival de Cannes, elle remportera les suffrages du public dans de nombreux festivals internationaux.