Sex : the Annabel Chong Story : la critique du film (1999)

Documentaire, Pornographique, Biopic | 1h26min
Note de la rédaction :
6/10
6
Sex, the Annabel Chong Story

  • Réalisateur : Gough Lewis
  • Acteurs : Annabel Chong, Ron Jeremy, Grace Quek
  • Date de sortie: 15 Déc 1999
  • Nationalité : Américain
  • Titre original : Sex : the Annabel Chong Story
  • Distributeur : Pretty Pictures
  • Éditeur vidéo : ?
  • Date de sortie vidéo : 2000
  • Box-office France / Paris-Périphérie : 9 530 entrées / 5 125 entrées
  • Classification : Interdit aux moins de 16 ans
Note des spectateurs :

Complément de talk-show et programme de télé réalité narcissique, ce documentaire sexe sur Annabel Chong, porn star névrosée au bord de l’implosion, jadis célèbre pour son record mondial du plus grand nombre d’hommes consommés lors d’un gang-bang, se suit aisément. Le divertissement est étrange, cocasse mais surtout intrinsèquement opportuniste.

Synopsis : Le 19 janvier 1995, Annabel Chong, vingt-deux ans, bat le record mondial du plus grand « gang bang » (deux cent cinquante hommes en dix heures) et devient une star du porno. Qui est Annabel Chong, née Grace Quek en 1972 à Singapour de parents professeurs ? Le réalisateur Gough Lewis la découvre lors d’un show télévisé. Il l’a suivie et filmée pendant plusieurs années, rencontrant sa famille, ses amis, ses professeurs, ainsi que les protagonistes de l’industrie du film pornographique.

Gang Bang 251. Triste record

Critique : Pauvre fille ! C’est la remarque qui nous vient immédiatement à l’esprit lorsque l’on voit Annabel Chong sur le plateau de Jerry Springer, assumant avec fierté et une bonne dose d’agitation névrotique son record tristement célèbre de dévoreuse d’hommes. Celui d’avoir jadis englouti 251 mâles en 10 heures d’action sexuelle non-stop.

Le record a été depuis dépassé par d’autres goulues et même relativisé par Annabel Chong, elle-même, par la suite. Peu importe. Tous ces chiffres inquiètent. Comment en vient-on à se lancer dans un défi aussi dangereux ? Et quelles conséquences corporelles et forcément mentales pareil exercice de saccage peut-il provoquer?

Ce « doculmentaire », essaie de répondre à ces questions en se focalisant sur la personnalité complexe de miss Chong, nymphomane passionnée de sexologie, qui réfléchit beaucoup à la sexualité en combattant toute forme de féminisme, comme pour mieux revendiquer ses besoins de prédatrice.

Annabel Chong : la souffrance d’une femme déracinée

Pourtant, par manque de recul, la star – ascendante, puis déchue (la gloire appelle la débauche de drogue, les parasites et la banqueroute) – s’étend moins sur les fêlures qui l’ont conduite à sa boulimie destructrice que sur le baragouinage pseudo intello destiné à miner les tabous bourgeois.

Une rébellion de pacotille dans un cercle vicieux, très vicieux même, qui dissimule mal la souffrance de cette femme déracinée, véritable choc des cultures (une Asiatique qui s’est expatriée à Londres puis aux States), toujours au bord de l’hystérie.

Le sujet monstrueux d’une œuvre opportuniste

Le documentariste, complice, fasciné mais également inquiété par son monstrueux sujet, en révèle plus ou moins subtilement ses contradictions. Il jette des pistes – psychologiques, familiales, culturelles – pour finalement illustrer la quête désespérée de célébrité d’une jeune femme dans un milieu du X qu’on aura connu plus vénal (elle n’œuvrait que pour la gloire et le plaisir, et non pour l’argent).

Opportuniste à ses heures, l’auteur du métrage qui a connu une distribution en salle, sombre aussi dans la manipulation malhonnête en créant un suspense mélodramatique autour des tests de sérologie – finalement négatifs – de sa gloire; et se sert indélicatement de sa famille pour nourrir le besoin de voyeurisme du spectateur face à ce pur sujet de talk-show.

Mais donc comment va réagir la maman en découvrant que sa fille est non seulement vorace, mais bel et bien boulimique du phallus? Bref, la sensation interloque les foules incrédules sur le mode cocasse de la télé réalité d’avant-garde, en parlant franchement de cul (triple pénétration, quand même !), tout en préservant un minimum d’humanité à son interprète qui a depuis un peu sombré dans les oubliettes, désertant les écrans depuis 2003, prenant une retraite précoce, mais méritée, en devenant web designer.

Critique : Frédéric Mignard

Sorties de la semaine du 15 décembre 1999

 

Coffee House Films, Greycat Releasing, Omni International

 

 

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