Beau documentaire sur une amitié de quarante ans entre deux artistes, Ricardo et la peinture offre un bel écrin au peintre argentin aux compositions monumentales. A découvrir.
Synopsis : « Ricardo et la peinture » est le portrait que nous propose Barbet Schroeder de son ami Ricardo Cavallo, qui consacre sa vie à la peinture. De Buenos Aires au Finistère, en passant par Paris et le Pérou, ce film est une invitation à plonger dans l’histoire de la peinture, mais aussi à découvrir la vie de cet homme exceptionnel qui, avec simplicité et humilité, s’est toujours engagé entièrement, jusqu’à transmettre sa passion aux enfants de son village…
Au départ, une amitié de 40 ans entre deux artistes
Critique : Au début des années 80, le cinéaste Barbet Schroeder fait la rencontre du peintre Ricardo Cavallo par l’intermédiaire du galeriste Karl Flinker, un ami de longue date. Aussitôt se tisse une amitié au long cours entre les deux artistes qui vont se voir régulièrement pendant une quarantaine d’années. Pourtant, ces dernières années, le réalisateur désormais octogénaire décide de consacrer un documentaire à son ami de quarante ans, avec pour but de mieux faire connaître sa méthode de travail, mais aussi afin de saisir l’inspiration de ce véritable moine ascétique des temps modernes.
Effectivement, le spectateur est amené à partager l’existence spartiate du peintre d’origine argentine désormais domicilié en Bretagne, mais qui conserve une chambre de bonne à Neuilly afin de lui servir d’atelier et d’entrepôt. On apprend ainsi que l’artiste ne se nourrit que de riz depuis son enfance, qu’il refuse de chauffer sa maison afin de rester toujours à la température ambiante et qu’il a dormi pendant des années sur le sol de sa chambre de bonne parisienne afin de ne consacrer son temps libre qu’à sa création picturale. Voilà pourquoi Barbet Schroeder le compare aux moines du Moyen-Age.
Mieux connaître un artiste hors normes
Pendant toute la première partie du film, nous chaussons les pas de l’artiste dans son processus créatif, avec son obsession pour la reproduction du réel à travers une multitude de plaques peintes et finalement assemblées en des toiles monumentales de plusieurs mètres de long et de hauteur. Même si les thèmes abordés sur ses toiles ne nous touchent pas forcément, le talent de l’artiste est évident et frappe d’autant plus quand l’on en connaît les ressorts.
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Par ailleurs, le réalisateur insiste sur la passion de Ricardo Cavallo pour l’histoire de la peinture. Ainsi, le spectateur participe à des discussions passionnantes qui vont des peintures rupestres jusqu’aux innovations picturales de Braque et Picasso en passant par les maîtres que sont Le Caravage et Velazquez, par ailleurs artiste préféré du peintre. En insérant les représentations des toiles qui font l’objet de la discussion, Barbet Schroeder livre donc en même temps qu’un portrait d’un homme attachant une magnifique leçon d’histoire de la peinture.
Ricardo et la peinture réunit les générations autour de la passion pour le dessin
Toujours didactique, mais dans le bon sens du terme, Ricardo et la peinture atteint même une certaine humanité en se terminant sur l’expérience menée par le peintre en Bretagne. Effectivement, celui-ci a ouvert une école de peinture gratuite, ouverte pour les enfants et adolescents de toutes origines sociales. Dès lors, le réalisateur filme en parallèle le geste du peintre émérite avec ceux plus maladroits des enfants, établissant un émouvant lien entre générations. Le tout est filmé avec classicisme par un cinéaste décidément passé maître de son art.
Un beau documentaire à saisir d’urgence
Les images sont très définies, mais toujours belles et travaillées, bien loin des documentaires destinés à la télévision et justifiant pleinement sa place sur un grand écran. Avec l’apport non négligeable d’une jolie musique signée Hans Appleqvist, Ricardo et la peinture est donc un documentaire fort réussi qui a séduit les publics des différents festivals où il a été programmé. Ainsi, il a été présenté hors compétition au Festival de Locarno, ainsi qu’au Festival de Vienne en 2023, mais également au Festival d’Angoulême.
Présent sur les écrans français la semaine du 15 novembre 2023, le documentaire a disposé de 8 écrans dans la capitale et d’une cinquantaine de cinémas dans toute la France, le condamnant à un certain anonymat. Le métrage a su séduire 8 006 amateurs d’art en première semaine et a bénéficié d’un bon bouche à oreille puisque la chute fut modérée durant les cinq premières semaines de son exploitation. Ainsi, le métrage est parvenu à dépasser les 20 000 entrées en un mois, pour terminer sa carrière avec 25 136 entrées en 11 semaines de présence, soit un triplement de ses chiffres inauguraux. Ce parcours satisfaisant se poursuit désormais en vidéo avec un DVD et un blu-ray édités tous deux par Carlotta Films.
Critique de Virgile Dumez
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Affiche © Jeff Maunoury pour Metanoïa, Eugène Delacroix, Le mort de Sardanapale – Photo Musée du Louvre
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Cinéma suisse, L’amitié au cinéma, La peinture au cinéma, La Bretagne au cinéma, Documentaires