Reza : la critique du film (2019)

Comédie dramatique | 1h34min
Note de la rédaction :
7/10
7
affiche du film Reza, de Alireza Motamedi

  • Réalisateur : Alireza Motamedi
  • Acteurs : Alireza Motamedi, Sahar Dolatshahi, Solmaz Ghani
  • Date de sortie: 21 Août 2019
  • Nationalité : Iranien
  • Distributeur : Norte Distribution
  • Éditeur vidéo :
  • Éditeur vidéo :
  • Date de sortie vidéo :
  • Box-office France / Paris :
  • Festivals : Entrevues Belfort – Prix Ciné + / Mumbai Film Festival – Mention spéciale du Jury
Note des spectateurs :

Reza est le premier long métrage en tant que réalisateur de Alireza Motamedi, également acteur masculin principal, scénariste et producteur. Il ouvre son intimité à une réflexion sur le couple universelle, en dépit du cadre iranien qui confère au film un charme persan supplémentaire.

Synopsis : Reza aime Fati, et ce n’est pas leur divorce qui l’en empêchera… Il attend son retour, déambulant dans Ispahan, où il se plonge tout entier dans l’écriture d’un livre sur les légendes persanes…Quant à Fati, elle revient toujours pour mieux repartir aussitôt le jour levé. Finira-t-elle par rester ? Ou Reza finira-t-il par se libérer de son ensorcellement ?

Critique : Alireza Motamedi est aussi blanc qu’un Caucasien, et avec sa carrure de gaillard, pourrait incarner l’archétype du geek dans une comédie grasse américaine. La réalité de sa vie et de son film veut qu’il soit iranien et qu’il soit architecte, écrivain, passionné de la langue perse, dont il saupoudre le film de ses citations littéraires, de poésies imagées dont on écoute les mots, lit les traductions et éventuellement, au-delà du plaisir de l’écoute, cherche à percer le sens de l’image.

Je t’aime, moi non plus

Avec sa carapace oursonne, il incarne un mari visiblement trop passif pour son épouse qui ne semble pas avoir beaucoup à lui reprocher, mais dont il va se séparer, divorcer, avec trois mois pour changer d’avis. Telle est la loi locale, forcément religieuse, représentant un état de contrastes et de paradoxes, comme la modernité du divorce, qui a déjà donné lieu à des film dramatiques, et surtout différents dans leur traitement, contraste avec le voile dont se revêtissent toutes les femmes du film. Elles ont de la personnalité. Fati, cette épouse de 9 ans de mariage, dicte plus ou moins les mots à Alireza Motamedi (Reza, dans le film, c’est donc un peu le cinéaste, qui est l’acteur principal) devant le juge. La femme voyage, se modernise en France, pour l’une d’entre elles… Dans ce film sur un homme, on en apprend beaucoup sur les femmes du coin.

Sahar Dolatshahi dans Reza

© Norte Distribution

Réflexion universelle mais personnelle sur la masculinité, le couple, et le “Je”.

Reza, lui, un peu gauche, débordant dans son humour, lettré, mais jamais engoncé dans la prétention d’une élite, traîne une carapace qui a besoin d’être réparée. Physiquement, le sport lui fait un peu défaut, lui que sa tante trouve si beau, mais qui va risquer gros lors d’une scène importante qui va créer une rupture juste, dans le ton et la narration. Psychologiquement, il c’est bien une âme esseulée qu’il traîne. L’homme abandonné qui doit tout de suite exister par le regard de l’autre, va essayer de tromper la solitude et la tristesse en recherchant celle qui pourra succéder à sa bien-aimée, pour laquelle on ressent encore sa tendresse.

Dans son humanité bonhomme, Reza dépasse les frontières. Son portrait central est surtout l’autoportrait d’un cinéaste quelque peu égocentrique dans l’exercice. Cette romance difficile, où la reconstruction semble impossible tant l’autre se fait présente avec insistance, qu’elle soit purement fictive ou basée sur sa propre histoire, en dit long sur la masculinité. Qu’elle soit iranienne ou non. Toutefois le bain de culture persane permet à ce film singulier d’accentuer ses charmes.

Si le film est bâti sur une réalisation faite de plans profonds et géométriques, l’écueil du maniérisme est évité par la force des non-dits, le sentiment de finitude qui s’exprime par cette course après le temps. Le temps est une obsession, à l’oeuvre dans les gênes du code pénal iranien, avec ses trois mois pour essayer le divorce et l’adopter… L’auteur y apporte sa touche d’humour, d’humanité et de gravité.  Et il réussit donc sans mal l’exercice peu aisé du premier long métrage.

Critique : Frédéric Mignard

Les sorties de la semaine du 21 août 2019

affiche du film Reza, de Alireza Motamedi

© Norte Distribution

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affiche du film Reza, de Alireza Motamedi

Bande-annonce du film Reza

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