Revenge : la critique du film (2018)

Survival, Thriller, Horreur | 1h48min
Note de la rédaction :
7/10
7
Revenge affiche

  • Réalisateur : Coralie Fargeat
  • Acteurs : Matilda Lutz, Kevin Janssens, Guillaume Bouchède, Vincent Colombe
  • Date de sortie: 07 Fév 2018
  • Nationalité : Français
  • Scénario : Coralie Fargeat
  • Musique : Rob
  • Distributeur : Rezo Films
  • Éditeur vidéo : Sony Pictures Home Entertainment
  • Date de sortie DVD & blu-ray : 13 juin 2018
  • Box-office France / Paris 38 427 entrées / 18 337 entrées
  • Classification : Interdiction aux moins de 12ans avec avertissement : certaines scènes violentes et sanglantes sont de nature à heurter un public sensible.
  • Festival : Festival de Gérardmer 2018 (compétition officielle)
Note des spectateurs :

Revenge, premier long-métrage de Coralie Fargeat, est un périple revanchard jouissif à souhait, qui révèle une metteuse en scène maîtresse de sa caméra, aussi adroite dans la création d’un univers de cinéma, que dans la conduite d’un récit. Le plaisir est réel, malgré les litrons de sang jetés à la figure du spectateur. Prometteur.

 Synopsis : Trois riches chefs d’entreprise quarantenaires, mariés et bons pères de famille se retrouvent pour leur partie de chasse annuelle dans une zone désertique de canyons. Un moyen pour eux d’évacuer leur stress et d’affirmer leur virilité armes à la main. Mais cette fois, l’un d’eux est venu avec sa jeune maîtresse, une lolita ultra sexy qui attise rapidement la convoitise des deux autres… Les choses dérapent… Dans l’enfer du désert, la jeune femme laissée pour morte reprend vie… Et la partie de chasse se transforme en une impitoyable chasse à l’homme…

Revenge, un rape and revenge movie qui prend aux tripes

Critique : L’expression « chasse à l’homme » est ici l’appellation idéale pour résumer le premier film saisissant de la Française Coralie Fargeat, dont l’histoire (celle de la jeune maîtresse, sublime et désirable, d’un riche chef d’entreprise français, tous deux partis en séjour dans une villa en plein désert, rejoints par deux collègues du mari infidèle, qui laisseront, après avoir abusé d’elle, la jeune femme pour morte, laquelle va alors chercher à étancher sa soif de vengeance), si elle reste un modèle, sinon rebattu, du moins conventionnel, du genre, est d’une redoutable efficacité.

Ce script épuré va être pour Fargeat l’occasion de développer un sens de la narration véritablement visuel, grâce à une réalisation impressionnante. Car le film, aussi balisé soit-il – même si les surprises ne manquent pas –, impressionne : dès les premiers plans, très colorés, la réalisatrice installe une atmosphère, et pose les bases d’un environnement irréel, hors du monde, en créant un univers propre – dans lequel les protagonistes règlent leurs différends entre eux, et ce, de manière radicale.

Les acteurs sont assez formidables, et fort justement dirigés : Matilda Lutz parvient à aimanter le regard du spectateur tout au long de sa traque sanguinolente, et Kevin Janssens, acteur belge anglophone survirilisé dès les premières images, est incroyablement charismatique.

Plus qu’une oeuvre #Metoo, une vraie charge cinématographique

Revenge peut être vu, dans le contexte actuel, comme un film féministe revanchard, mais le lire seulement sous cet angle serait passer à côté de la charge purement cinématographique, organique, sensorielle, de l’œuvre, qui se veut avant tout comme un film de genre absolu, dans lequel on ne fait pas de prisonnier, et où les opportunités d’infliger une blessure (et de la filmer de façon presque gourmande) affluent, poussant allègrement tous les curseurs de violence dans le rouge : entre les nombreuses scènes de meurtrissures et autres blessures (aucun personnage n’est épargné), une cautérisation de plaie sous l’emprise de drogue qui ferait passer John Rambo pour un petit joueur rapidement relégué sur le banc de touche, et le pic de tension atteint durant la réjouissante dernière bobine, véritable bain de sang rendu hautement anxiogène par une réalisation formidablement efficace – qui s’élève alors à son faîte –, l’on est constamment secoué.

S’il est conseillé aux âmes sensibles de s’abstenir – le film est interdit aux moins de 12 ans, avec avertissement –, pour les autres, il serait regrettable de passer à côté d’un tel voyage, car le film a la carrure d’une oeuvre culte. Un titre qui lui siérait à merveille.

Critique : Jean-Paul de Harma

Voir en VOD

Copyrights : M.ES. Prod – Monkey Pack Films – Charades – Logical Pictures – Nexus Fratory – Umedia – Rezo Films

x