Rendre la justice : la critique du film (2019)

Documentaire | 2h00min
Note de la rédaction :
8/10
8
Rendre la justice, affiche du documentaire de Robert Salis

  • Date de sortie: 13 Nov 2019
  • Nationalité : Français
  • Scénario : Jean-Christophe Hullin, Robert Salis
  • Distributeur : Jour2Fête
  • Editeur vidéo :
  • Date de sortie vidéo :
  • Box-office : France / Paris-Périphérie
Note des spectateurs :

Rendre la justice, un documentaire qui humanise, grâce aux témoignages de ceux qui la font vivre, une institution jugée froide et implacable.

Synopsis : L’appareil juridique français apparaît souvent, pour les non-initiés, comme une sorte de trou noir mystérieux et fascinant, dont il vaut mieux ne pas trop approcher, ou alors comme une machine infernale, impitoyable et impersonnelle, dont on ressort broyé… Rendre la justice lève le voile sur les individus qui le composent, et composent au quotidien avec cette complexité et ces paradoxes. Malgré la lourdeur, la fatigue et la distance imposée par la procédure, l’humain est toujours là, et même plus présent que jamais, mis à nu et à vif derrière la robe et l’hermine.

Critique : « La justice est une illusion » dit Bernard Werber. Le trublion Michel Audiard proclame « La justice, c’est comme la Sainte Vierge. Si elle n’apparaît pas de temps en temps, le doute s’installe », tandis que sur les murs vétustes du Palais de Justice, on peut lire « La Mère Justice = l’amère justice », « Nul n’est censé ignorer la loi…sauf les juges » ou encore « Ici, on ne rend pas la justice, on la vomit ». Toujours est-il que chacun d’entre nous est un justiciable potentiel et peut se retrouver, bien malgré lui, happé par une machine judiciaire dont les impénétrables rouages font peur.  Innocent ou coupable, on se retrouve alors étranglé dans un infernal engrenage.

Etre juge : mode d’emploi

Les dérapages de certains grands procès ultra médiatisés de ces dernières années installent définitivement, au cœur du peuple, méfiance et défiance vis-à-vis d’une justice qui semble ne plus remplir son rôle.

Rendre la Justice, documentaire sur la justice de Robert Salis

© Eden Films, Ladybirds Films

Fort de ces constations et de sa rencontre avec le magistrat Jean-Christophe Hullin qui vient de publier Au cœur de la justice, un livre où il dresse un état des lieux sans complaisance de la justice en France, Robert Salis construit une réflexion instructive autour de l’acte de juger à travers le regard, le vécu, les expériences et les témoignages de ceux qui ont la lourde tâche de juger leur semblables et ont prêté serment pour le faire.

D’abord dubitatif quant à la volonté de ces édiles, astreints au devoir de réserve, à s’exprimer devant une caméra, il découvre finalement avec surprise des hommes et des femmes tout à fait désireux de dénoncer les reproches et les malentendus qui ternissent leur profession si mal aimée parce que si mal connue.

Un assemblage systématique d’interviews (23 au total) sous-tend le récit. Il y est question autant de justice civile que pénale. Il n’en faut pas plus pour, l’espace d’un instant, laisser craindre l’installation d’une ronronnante monotonie. Pourtant bien vite le charisme, la fluidité de l’éloquence et le sens de la pédagogie de ceux qui nous font face balaient tout risque d’ennui.

Pour aérer la démonstration, des scènes paisibles de la vie quotidienne, la découverte de la magnificence des salles d’audience et de l’apparat qui entoure ses métiers de la magistrature se fracassent contre la sensation confuse de malaise et de fascination mêlés qu’a fait naître la rapide mais douloureuse incursion dans les couloirs du Dépôt du Palais de Justice (lieu où l’on enferme les personnes en attente de passer devant le juge).

Rendre la Justice, documentaire sur la justice de Robert Salis

© Eden Films, Ladybirds Films

Les témoignages, tous différents et copieusement étayés, insistant unanimement sur la difficulté, qui incombent aux simples humains qu’ils sont, d’utiliser à bon escient ce pouvoir placé entre leurs mains et de trouver la plus parfaite impartialité, frappent par leur bienveillance et leur humilité. Certes les plus sceptiques des spectateurs objecteront que la présence d’un juge arrogant ou médiocre n’aurait pas nui à une meilleure crédibilité. Mais ceux-là, affirme le réalisateur, n’ont pas souhaité s’exprimer.

Rendre la justice par le témoignage

Finalement, n’est-il pas plus enrichissant d’écouter quelqu’un qui ne cache rien de ses difficultés, de ses doutes, de ses émotions, de ses contraintes, de ses obligations et de ses valeurs ? Ce qui n’empêche cependant pas la présidente de la Chambre Correctionnelle au TGI de Paris, peu adepte de la langue de bois, de s’attaquer au corporatisme toujours prompt à protéger les vilains petits canards au risque de jeter l’opprobre sur une profession déjà trop facilement décriée.

Si le substitut du Procureur et la juge aux affaires familiales, tous deux issus de l’immigration, rapportent, non sans humour, les malentendus nés de leurs origines, la palme de l’émotion revient à François Molins, qui malgré une fonction (procureur général auprès de la Cour de Cassation) synonyme d’implacabilité, nous serre le cœur dans son évocation, pleine d’une pudeur inattendue, des attentats du Bataclan. Une manière d’affirmer qu’il ne faut pas toujours se fier aux apparences et que la justice peut finalement se faire plus douce qu’il n’y paraît.

Critique : Claudine Levanneur 

Les sorties de la semaine du 13 novembre 2019

Rendre la justice, affiche du documentaire de Robert Salis

© Eden Films, Ladybirds Films

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Rendre la justice, affiche du documentaire de Robert Salis

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