Une recette éprouvée, des personnages à croquer, des gags délicieux et une réflexion légèrement piquante font de ce plat du chef un mets raffiné. Ratatouille est à dévorer.
Synopsis : Rémy est un jeune rat qui rêve de devenir un grand chef français. Ni l’opposition de sa famille, ni le fait d’être un rongeur dans une profession qui les déteste ne le démotivent. Rémy est prêt à tout pour vivre sa passion de sa cuisine… et le fait d’habiter dans les égouts du restaurant ultra coté de la star des fourneaux, Auguste Gusteau, va lui en donner l’occasion ! Malgré le danger et les pièges, la tentation est grande de s’aventurer dans cet univers interdit. Ecartelé entre son rêve et sa condition, Rémy va découvrir le vrai sens de l’aventure, de l’amitié, de la famille… et comprendre qu’il doit trouver le courage d’être ce qu’il est : un rat qui veut être un grand chef…
Un rat de goût
Critique : En 2004, le cinéaste Brad Bird propulsait le studio d’animation Pixar dans le XXIème siècle avec sa famille des Indestructibles qui a cartonné dans le monde entier, cumulant plus de 631 millions de dollars de recettes. Il était donc en position de force pour imposer un nouveau long métrage bien plus traditionnel, s’inscrivant davantage dans la grande tradition Disney époque La belle et le clochard. Il partage d’ailleurs avec ce dernier son cadre français, échappant heureusement aux nombreux clichés très souvent en vigueur.
Certes, on entend de temps à autre de l’accordéon et les voitures sont plutôt datées, mais le film nous présente malgré tout un Paris moderne et crédible. Ne trahissant jamais la politique de la maison Pixar, Bird décrit les hésitations et la crise de conscience d’un rat qui ne se satisfait pas de sa condition. Son désir de devenir un grand chef l’entraîne ainsi dans de nombreuses aventures où les gags s’enchaînent rapidement, faisant de Ratatouille une excellente comédie.
Des personnages craquants
Le design des personnages est particulièrement réussi avec une mention spéciale pour le petit chef mesquin, ainsi que pour le longiligne critique gastronomique. Mais la star véritable est bien le petit rat Rémy, véritable boule de poils qu’on aimerait serrer dans nos bras tant il est trognon. Il fait fondre n’importe quel être humain normalement constitué.
Généralement, les adultes ont besoin de mets plus consistants pour être totalement rassasiés et Ratatouille leur donne aussi toute satisfaction. Effectivement, derrière sa gentille fable animalière, Brad Bird en profite pour régler ses comptes avec une certaine Amérique. Le choix de la France comme décor n’est absolument pas anodin puisque notre pays apparaît souvent comme une terre de résistance face à la globalisation généralisée.
Une critique gourmande de la globalisation
Ainsi, le frère du héros est un rat obèse qui préfère avoir une grande quantité de nourriture sans se soucier de sa qualité, tandis que Rémy est plus maigre que ses compatriotes car davantage sensible à l’art culinaire. Bird oppose donc la nourriture industrielle, incolore et inodore, à l’art de la table. Position courageuse lorsqu’on sait que le métrage est produit par une firme – Disney – qui représente justement cette uniformisation culturelle dénoncée ici.
Au détour d’un gag osé, le cinéaste égratigne également la religion, pourtant triomphante aux States, ainsi que les critiques professionnels, qu’ils soient culinaires ou cinématographiques. Sans animosité, il réfléchit sur la place de l’artiste dans un monde à la seule recherche du profit immédiat et sur ses rapports avec une critique qui devrait toujours être d’avant-garde. Autant de thèmes qui enrichissent considérablement ce joli film dont l’animation est d’une rare élégance. Même si la recette est connue de tous, Ratatouille est donc un plat cuisiné avec amour.
Un triomphe en France, bien moins aux Etats-Unis
Cela a permis au film de cartonner en France au point de devenir le plus gros succès de l’année 2007 avec plus de 7,8 Millions d’entrées et un apport de plus de 65 millions de dollars. Cela fait de notre pays le deuxième plus gros marché mondial pour le long-métrage, ce qui a en partie compensé des résultats américains moins probants. Ratatouille fait notamment partie du peloton de queue des films Pixar au box-office local. Toutefois, il a remporté l’Oscar du meilleur film d’animation en 2008. Au final, le métrage ne fut pas une mauvaise affaire grâce à son succès international et sa bonne réception critique. Il s’agit en tout cas aujourd’hui d’un des grands classiques ayant construit la réputation du studio Pixar.
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Critique de Virgile Dumez