Pororoca, pas un jour ne passe : la critique du film + le test DVD (2018)

Drame | 2h32min
Note de la rédaction :
8/10
8
Pororoca, pas un jour ne passe, affiche du film

  • Réalisateur : Constantin Popescu
  • Date de sortie: 13 Juin 2018
  • Nationalité : Roumain
  • Titre original : Pororoca
  • Acteurs : Bogdan Dumitrache, Iulia Lumanare
  • Scénariste : Constantin Popescu
  • Distributeur : New Story
  • Éditeur vidéo : New Story
  • Date de sortie VOD, DVD 15 octobre 2019
  • Box-office France / Paris-Périphérie : 7 453 entrées France
  • Festivals : Prix du meilleur acteur – Festival International du film de San Sebastian 2017 / En compétition – Festival de Cinéma Européen des Arcs 2017 / Festival International du film de Rotterdam
Note des spectateurs :

Sur une intrigue minimale, Popescu réalise, avec Pororoca une œuvre forte, dérangeante, aux parti-pris esthétiques risqués.

Synopsis : Cristina et Tudor Ionescu forment une famille heureuse avec leurs deux enfants, Maria et Ilie. Ils ont la trentaine, vivent dans un bel appartement en ville. Il travaille dans une entreprise de téléphonie, elle est comptable. Un dimanche matin, alors que Tudor se trouve avec les enfants au parc, Maria disparaît.

Critique : « Pororoca » désigne une vague destructrice et ce film éponyme s’acharne, deux heures trente durant, à filmer la métaphore du ravage sur un être humain. L’être humain, c’est Tudor, époux et père de deux enfants, croqué au début, de manière lumineuse, dans son heureuse banalité quotidienne. Survient le drame, en un long plan-séquence, c’est à dire la disparition de sa fille Maria dans un parc. Ce plan-séquence témoigne certes d’une grande maîtrise formelle, mais il est surtout le point de départ énigmatique d’une quête sans fin. Que s’est-il passé ? L’image est nette, les témoins nombreux, mais Maria a bel et bien disparu le temps que le plan large la laisse de côté. Autrement dit, elle s’est comme soustraite au champ, ne laissant qu’un vide dont la béance ne cesse de s’accentuer au fur et à mesure.

Glacial et dense, Pororoca n’est pas confortable

A la manière d’un personnage de  Blow Out auquel on pense parfois, Tudor interroge les photos puis les mères, cherchant l’indice qui lui permettrait de comprendre. Mais l’image, comme la vie, est opaque et privée de sens. Au trop plein initial succède la raréfaction : de moins en moins de bruit, de moins en moins d’humains, un cadre de plus en plus serré qui signifie l’enfermement progressif du protagoniste.

Tudor se dépouille peu à peu de ce qui le rend civilisé ; à l’aisance bourgeoise répondent la privation, le dénuement et, in fine, la violence. On le sait depuis longtemps, la civilisation n’est qu’un mince vernis : Popescu le montre, le détaille en des plans hachés qui se vident lentement de leur contenu humain. Ne demeurent qu’un policier enfermé dans son métier, un suspect possible, et Tudor qui fait de ce suspect une obsession, la seule chose qui le fasse tenir debout. Debout mais voûté, rasé, dépenaillé.

Montrer le vide est un pari risqué : l’ennui guette vite. Cependant le cinéaste parvient à maintenir et même accroître la tension tout au long du film jusqu’à un final certes outré, mais logique dans la froide description de ce qui est aussi un en-sauvagement.

Glacial et dense, Pororoca n’est pas confortable. Sur pareil sujet, on aurait pu imaginer œuvre plus rassurante qui nous délivre du malaise. Le corps retrouvé, un coupable châtié, voilà qui aurait donné au spectateur l’impression d’un monde cohérent et ordonné. Au contraire, Popescu assume le choix d’inquiéter jusqu’au bout. De faux indices en absence de réponse, il plonge dans un efficace mais dérangeant cauchemar et entraîne avec lui son spectateur haletant, bouleversé, déstabilisé.

 

Pororoca, pas un jour ne passe, affiche du film

© Scharf Advertising et Irreverence Films


Pororoca, le film de Constantin Popescu en DVD

© Scharf Advertising et Irreverence Films

Le test DVD

Le film en VOD.

 Compléments : 0 / 5

Aucun bonus.

Image : 3,5 / 5

L’image est propre mais entachée de légers défauts, en particulier dans les séquences d’intérieurs dont les noirs sont insuffisamment profonds.

Son : 4 / 5

Une seule piste, VO roumaine (5.1), qui parvient à faire exister la bande-son riche et oppressante, tout entière faite de dialogues et de bruitages.

Critique et test vidéo : François Bonini

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