Perro Bomba : la critique du film (2020)

Drame, Film social | 1h20min
Note de la rédaction :
6,5/10
6,5
Perro Bomba, l'affiche

  • Réalisateur : Juan Cáceres
  • Acteurs : Steevens Benjamin, Alfredo Castro, Blanca Lewin, Gastón Salgado
  • Date de sortie: 24 Juin 2020
  • Nationalité : Chilien, Français
  • Distributeur : Bobine Films
  • A l'affiche en exclusivité : Cinéma Saint-André-des-Arts (Paris)
  • Sortie vidéo : A suivre
  • Budget : 550 000 $
  • Box-office France / Paris-périphérie : 491 entrées / 157 entrées
  • Crédits affiche et photos : © 2019 Infractor Films - Pejeperro Films - Promenade Films / © 2020 Bobine Films. Tous droits réservés.
Note des spectateurs :

Premier film d’un jeune cinéaste chilien à suivre, Perro Bomba suit la descente aux enfers d’un migrant opposé au racisme d’une société chilienne en plein développement. A voir pour son acteur principal et sa portée documentaire.

Synopsis : Jeune immigré haïtien vivant à Santiago, Steevens mène une vie sans histoires et sans grandes perspectives d’avenir. L’arrivée de Junior, un ami d’enfance, ramène un peu de gaieté dans sa vie. Mais le bonheur est fugace et Steevens en fait l’amère expérience lorsqu’il perd son travail suite à une altercation avec son patron. Un événement qui sera le début d’une longue descente aux enfers pour le jeune homme confronté, malgré lui, à la haine et la xénophobie d’une société conservatrice…

De l’intégration vers la désintégration

Critique : Tout jeune cinéaste d’origine chilienne, Juan Cáceres n’a à son actif que deux courts-métrages qui ont attiré l’attention des critiques. A l’occasion de l’un d’entre eux, le réalisateur a fait connaissance avec Steevens Benjamin, jeune homme venu tout droit d’Haïti. Ce dernier lui fait part de son expérience en tant que migrant et ainsi se dessine peu à peu le projet donnant naissance à Perro Bomba.

Perro Bomba, photo d'exploitation 1

© 2019 Infractor Films – Pejeperro Films – Promenade Films / © 2020 Bobine Films. Tous droits réservés.

Dans un style naturaliste que l’on pourrait même qualifier de néoréaliste, Cáceres suit la lente descente aux enfers d’un migrant haïtien qui semble avoir réussi à s’intégrer dans une société chilienne présentée de prime abord comme positive. Effectivement, le jeune homme travaille sur des chantiers de construction, gagnant suffisamment pour se loger relativement décemment et paraît même bien intégré à la communauté haïtienne. Pourtant, un grain de sable va venir détraquer cette belle description. L’arrivée d’un ami d’enfance vient perturber le quotidien de Steevens et va démontrer à quel point sa situation était illusoire.

Chronique du racisme ordinaire au Chili

L’arrivée de ce nouveau migrant incapable de parler l’espagnol déclenche chez les Chiliens un sentiment de rejet immédiat qui met à jour le racisme latent de la population, ainsi que l’exploitation économique honteuse dont ils font l’objet.

Perro Bomba, photo d'exploitation 2

© 2019 Infractor Films – Pejeperro Films – Promenade Films / © 2020 Bobine Films. Tous droits réservés.

En ce sens, le personnage du patron incarné par l’excellent Alfredo Castro est symbolique d’un racisme larvé qui ne demande qu’un léger incident pour se révéler. Odieux, le Chilien déverse un flot de clichés sur les Noirs qui ne peut laisser indifférent. Lorsque Steevens réagit vivement face à ces insultes racistes, il se retrouve mis au ban de cette société, aussi bien par les Chiliens que par sa propre communauté qui refuse de le soutenir afin de ne pas faire de vague.

La Passion selon Steevens

Dès lors, le jeune homme se retrouve à la rue, en proie aux exploiteurs de tout poil. Entre obligation de faire la manche, de venir hanter les hébergements d’urgence pour SDF et même avoir recours à des ONG, Juan Cáceres suit le parcours chaotique de Steevens qui représente dès lors les migrants du monde entier. Rien de vraiment nouveau dans cette œuvre puisque l’on y retrouve les galères bien connues des migrants, le scandale des marchands de sommeil et même une exploitation plus insidieuse avec la séduction opérée par l’avocate payée par une ONG. Le défraiement des heures de procédure se fera ici en nature, ce qui revient peu ou prou à de la prostitution déguisée.

Le réalisateur suit son acteur à chaque pas de son parcours, le filmant sous toutes les coutures. Ce naturalisme fondé sur une caméra à l’épaule très mobile est uniquement rompu par quelques petites séquences musicales qui viennent égayer le long-métrage, tout en offrant une vision plus esthétique de la ville par des cadrages plus rigoureux.

Une démarche documentaire intéressante, mais limitée sur le plan fictionnel

Intéressant dans sa démarche quasiment documentaire, Perro Bomba est donc un premier essai modeste, mais qui bénéficie surtout de la présence indéniable de son acteur principal avec lequel on est immédiatement en empathie. Dommage que l’auteur n’aille pas jusqu’au bout de cette descente aux enfers, laissant le spectateur seul juge de son avenir, apparemment bouché. Certes, cela permet de ne rien imposer au spectateur, mais ce procédé limite également la portée émotionnelle du long-métrage. En tout cas, Perro Bomba a le mérite de mettre en avant le talent naissant d’un nouveau cinéaste chilien prometteur.

Le film sur le site du distributeur

Critique de Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 22 juin 2020

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Perro Bomba, l'affiche

© 2019 Infractor Films – Pejeperro Films – Promenade Films / © 2020 Bobine Films. Tous droits réservés.

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Perro Bomba, l'affiche

Bande-annonce de Perro Bomba (VOSTF)

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