Pendez-le par les pieds est un film complètement fou qui nécessite une certaine ouverture d’esprit pour être apprécié.
Synopsis: L’étranger arrive dans un village fantôme où il rencontre une famille de gitans. Ces derniers lui proposent une fortune pour escorter une princesse Espagnole jusque chez elle. Le pauvre étranger se retrouve catapulté on ne sait comment dans une Espagne fantasmagorique au beau milieu d’une bataille entre Maures et Vikings…
Pendez-le par les pieds est un film original et jusqu’au-boutiste
Critique : Avec ce dernier volet de la série The stranger, initiée avec Un dollar entre les dents, l’acteur Tony Anthony et le réalisateur Fernando Baldi ont décidé de jouer la carte de l’excès. Nous avons ici affaire à un film surréaliste, qui va bien au delà du film de genre.
En effet, Pendez-le par les pieds nous fait perdre tous nos repères et joue brillamment avec le concept de suspension d’incrédulité. C’est en toute logique que les spectateurs friands de cohérence vont détester ce film. Nous sommes ici de l’autre côté du miroir , comme l’écrivait Lewis Caroll. Ainsi, les situations ubuesques s’enchaînent: le héros devient Noir, se fait courser par un taureau ou manque de se faire passer au barbecue. Le but du film est de soumettre l’étranger à toutes sortes de péripéties incroyables sans s’embarrasser d’explications. De fait, si le scénario est incohérent d’un point de vue logique et historique, il n’en demeure pas moins haletant.
S’il peut rebuter, Pendez-le par les pieds recèle de nombreuses qualités
Bien sûr, les excès du film peuvent lui conférer un aspect involontairement comique. Néanmoins, la très bonne réalisation de Baldi vient les magnifier. Ainsi, la violence est exacerbée par certaines fulgurances. Comment oublier cette scène qui a bien dix ans d’avance, où l’on peut voir Anthony marcher au ralenti alors que tout explose autour de lui ?
Si les situations sont hallucinantes, les personnages ne sont pas en reste et le film nous sert une belle brochette d’individus hauts en couleurs. Les acteurs, qui doivent incarner un barbare, un bossu citant Shakespeare à tout va ou une caricature d’homosexuel cabotinent à tout va. Nonobstant, le tout ne choque pas tant du fait de l’ambiance du film, et peut être perçu comme volontairement outré. Par contre, la musique se révèle vraiment décevante car trop enjouée et minimaliste. En effet, elle se résume à un unique thème au banjo et à l’harmonica, ridicule mais pas assez délirant pour être efficace.
Avant-gardisme postmoderne
En dépit de grandes difficultés pour l’obtenir, Pendez-le par les pieds a pu profiter d’un certain budget, qui se voit à l’écran. Ceci corrobore cette impression de ne pas avoir affaire à un simple délire. On sent que tout a été réfléchi et que l’ esthétisme poussé du film vise à tester les limites du genre. Le long-métrage peut ainsi s’envisager comme une sorte d’ expérimentation qui cherche à voir jusqu’où on peut aller avec le western spaghetti. En résulte un film postmoderne qui va jouer avec notre horizon d’attente en introduisant un personnage de pistolero dans un univers fantastique.
Le film a fait un fiasco total car il n’a tout simplement pas été visible pendant très longtemps, la faute aux refus et autres circonstances défavorables. Tony Anthony souhaitait pourtant poursuivre sa série du Stranger, en catapultant le personnage dans de nouveaux univers, mais la loi du marché en a décidé autrement.
Pendez-le par les pieds n’en reste pas moins un film très influent pour tout le cinéma d’action des décennies suivantes, aussi bien visuellement que dans son traitement des archétypes. Des films comme Rambo II ou Terminator lui doivent quelque chose. Et ce n’est pas Sam Raimi qui nous prouvera le contraire, tant son troisième Evil Dead présente de similitudes avec ce film.
Box-office :
La série B est restée une seule semaine à l’affiche sur Paris-Périphérie, balayée par le phénomène de La Guerre des Etoiles et du 007 L’espion qui m’aimait, avec 5 511 spectateurs.
Son distributeur, Hermès Films ne survivra qu’un an, avec trois films à son répertoire, trois échecs (Quand les abeilles attaqueront, La trancheuse infernale).
Critique : Kevin Martinez
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