Fable sur l’abandon qui interpelle par la force de ses situations, Nous les chiens… est un hymne au collectif qui sensibilise au droit universel au bonheur.
Synopsis : Le chien est le meilleur ami de l’homme. Affectueux, fidèle… mais lorsqu’il vieillit ou se comporte mal, il est parfois abandonné comme un mouchoir souillé. Et lorsqu’il se retrouve seul face à la nature, l’instinct animal et l’esprit de meute reprennent le dessus. Solidaire, déterminée, notre petite bande de chiens errants va peu à peu réapprendre à se débrouiller seule. Et découvrir la liberté, au cours d’un extraordinaire voyage.
Famille décomposée
Critique : Itinéraire plus triste et dramatique que drôle et cocasse, Nous les chiens… est un petit bonheur d’humanité à hauteur canine. Dans une société où l’humain consomme l’affection animale et exploite le corps des “bêtes” à une échelle industrielle, les deux réalisateurs de Nous, les chiens… réalisent une fable sur l’abandon, dans laquelle une forêt devient le lieu de toutes les cruautés, avec des abandons canines à répétition, sans raison exposée, mais qui contrastent toujours avec la fidélité du toutou, décrit comme être pensant, doué de sentiment, mais aussi ignorant, car incapable de sonder la complexité humaine qui le pousse à se défaire de sa famille d’adoption… Puisque le chien, membre affectueux des familles par définition, est ici du jour au lendemain lâchement oublié dans un endroit sauvage où des siècles de domestication font de lui un intrus.
Une vie de chien
Sur ce postulat dramatique, le long métrage de Sung-yoon Oh et Lee Choonbaek nous embarque dans une course à l’ailleurs, loin des tortionnaires qui kidnappent les chiens pour les encager, loin de la barbarie humaine, loin de ce traître dont l’humanité semble s’être tarie. Les canidés se regroupent, s’assemblent dans leurs différences de tailles, couleurs, et races, et n’ont pas peur d’être les hérauts d’une cause animale plus large, avant même de généraliser un discours à la métaphore sur l’homme.
Plus joli à voir au premier degré, voulu par des auteurs convaincus par la cause animale, Nous les chiens… côtoie souvent des scènes tristes (les scènes d’adieu vraiment tragiques sont multiples), plaçant l’humain face à ses propres responsabilités.
L’homme est un loup pour l’animal
Le choix du 4 pattes affectueux pour mettre en scène l’incompréhension des bêtes face au traitement de la cause animale, est révélateur, puisqu’il s’agit effectivement du plus fidèle de tous les animaux domestiques. Domestique, l’adjectif prend d’ailleurs tout son sens. A l’heure des débats sur la biodiversité et du retour au vert, comment s’employer à se soucier du sauvage quand on maltraite à ce point la nature domestiquée qui constitue notre quotidien?
Nous les chiens… un monde post-Covid où la nature aurait repris ses droits
Et donc, les réalisateurs de fantasmer, lors d’une séquence finale ahurissante de beauté, de suspense et de sous-texte politique, sur un monde sans homme. Ironie de l’actualité, ne serait-ce pas là une société où nous serions à jamais confinés ? Le souvenir récent du grand confinement lié à la pandémie du Covid-19, et de la réappropriation de l’espace par la nature accompagnera à jamais ce beau film, présenté à Annecy, en 2019.
Nous les chiens… démontre une fois de plus la richesse du cinéma coréen. Le long métrage coloré et aux paysages attrayants saura susciter un enthousiasme chez les adultes et les enfants qui verseront une larme noble dans un élan cathartique que la projection en salle rendra d’autant plus intense. Seul bémol, la fluidité et le coup de crayon patauds. L’art de l’animé est ici limité, mais cela ne nous rend nullement récalcitrants tant les enjeux sont beaux et élevés.