Nezouh : la critique du film (2023)

Drame | 1h43min
Note de la rédaction :
6,5/10
6,5
Nezouh, l'affiche

  • Réalisateur : Soudade Kaadan
  • Acteurs : Kinda Alloush, Samer al Masri
  • Date de sortie: 21 Juin 2023
  • Année de production : 2022
  • Nationalité : Syrien, Britannique, Français, Qatari
  • Titre original : Nezouh
  • Titres alternatifs : Exodus (Pologne) / Nezouh - Il buco nel cielo (Italie)
  • Autres acteurs : Hala Zein, Nizar Alani, Darina Aljoundi, Nabil Abousalih, Samer Seyyid Ali
  • Scénariste : Soudade Kaadan
  • Monteuses : Soudade Kaadan, Nelly Quettier
  • Directeurs de la photographie : Hélène Louvart, Burak Karbir
  • Compositeurs : Rob Lane, Rob Manning
  • Chef Maquilleur : -
  • Chef décorateur : Osman Özcan
  • Directeur artistique : Görkem Canbolat
  • Producteurs : Marc Bordure, Soudade Kaadan, Yu-Fai Suen
  • Producteurs exécutifs : Farhana Bhula, Ben Coren, Lauren Dark, Donna Gigliotti, Peter Luo
  • Sociétés de production : Berkeley Media Group, KAF Production, Agat Films & Cie
  • Distributeur : Pyramide Distribution
  • Distributeur reprise :
  • Date de sortie reprise :
  • Editeur vidéo : -
  • Date de sortie vidéo : -
  • Budget (estimé) : 1 570 000 euros
  • Box-office France / Paris-Périphérie : 8 302 entrées / 2 223 entrées
  • Box-office nord-américain / monde : -
  • Rentabilité : -
  • Classification : Tous publics
  • Formats : 2.35 : 1 / Couleurs / Son : Dolby Digital
  • Festivals : Festival de Venise 2022 / Festival MedFilm de Rome 2023 / Festival de Cannes 2023 : Ecrans Juniors, en compétition
  • Nominations :
  • Récompenses : Festival de Venise 2022 : Orizzonti, Prix du public Armani beauty / Festival MedFilm de Rome 2023 : Prix Amnesty International
  • Illustrateur/Création graphique : © Tous droits réservés / All rights reserved
  • Crédits : © Berkeley Media Group, KAF Production, Agat Films & Cie. Tous droits réservés / All rights reserved
  • Attachés de presse : Laurette Monconduit, Jean-Marc Feytout
  • Tagline : Nezouh : en arabe, mouvement des âmes, des eaux et des personnes / "Un film courageux, intense et passionnant" Screen International ; "Une vision enchanteresse, le portrait délicat d'une famille entre conte de fées et réalité" Deadline ; "Un film plein d'inventivité entre naturalisme et réalisme magique" Mymovies ; "Merveilleux, intime et révolutionnaire" Sentieri Selvaggi
Note des spectateurs :

Film sur la situation des femmes dans le monde musulman autant que sur la guerre en Syrie, Nezouh est une œuvre intéressante par sa volonté de se détacher du réalisme généralement attaché au cinéma syrien pour voguer sur les flots du rêve et de la poésie. Attachant.

Synopsis : Au cœur du conflit syrien, Zeina, 14 ans, et ses parents sont parmi les derniers à encore vivre dans leur quartier assiégé de Damas. Lorsqu’un missile fait un trou béant dans leur maison, Zeina découvre une fenêtre qui ouvre sur un monde de possibilités inimaginables. Elle aime dormir à la belle étoile et se lie d’amitié avec Amer, un voisin de son âge. Quand la violence des combats s’intensifie, Zeina et ses parents sont poussés à partir, mais son père est déterminé à rester dans leur maison. Il refuse d’être un réfugié. Confrontées à un dilemme de vie ou de mort, Zeina et sa mère doivent prendre une décision.

Une évocation poétisée du drame syrien

Critique : Réalisatrice franco-syrienne, Soudade Kaadan a déjà tourné de nombreux courts métrages et des documentaires. Pour son premier film intitulé Le jour où j’ai perdu mon ombre (2018), elle faisait déjà preuve d’une volonté ferme de s’affranchir du réalisme documentaire pour créer un univers aux confins du fantastique et du poétique, qu’elle qualifie elle-même de réalisme magique. Le film a reçu le Lion du futur au Festival de Venise, mais aucune sortie française n’a été programmée. C’est donc avec son deuxième opus nommé Nezouh (qui signifie l’exil) que le public français peut enfin se familiariser avec son cinéma.

La réalisatrice tenait absolument à témoigner de l’horreur de la guerre syrienne, mais tout en se détachant des clichés généralement accolés au film de témoignage. Désireuse de ne jamais céder au documentaire, Soudade Kaadan voulait avant tout raconter une histoire fictionnelle à travers les moyens du cinéma. Voilà pourquoi les horreurs de la guerre sont rejetées hors champ et que l’ensemble du film est vu à travers le regard d’une adolescente qui rêve d’une autre vie. Jamais désespérant, Nezouh est surtout une œuvre métaphorique qui réfléchit à la place occupée par les femmes dans les pays musulmans. Certes, le métrage se veut ancré dans la réalité syrienne, mais on serait tenté de dire que cela n’est qu’un cadre à l’intérieur duquel se déroule un drame domestique symptomatique de la situation des femmes.

Trois parties, trois ambiances

Le film débute dans un cadre très resserré, marqué par des tonalités sombres, puisque l’adolescente est cloitrée dans son appartement avec sa mère et surtout son père qui refuse de quitter les lieux, malgré la menace des bombardements. Le spectateur découvre donc les galères des habitants de Damas pour se fournir en eau, nourriture et électricité. Pourtant, cette partie qui a le mérite de présenter les trois protagonistes principaux vole rapidement en éclat – au sens propre comme figuré – lorsqu’un obus explose dans l’appartement.

Nezouh, photo d'exploitation

© 2022 Berkeley Media Group – KAF Production – Agat Films & Cie. Tous droits réservés.

Dès lors, une longue seconde partie s’ouvre avec la farouche volonté du père de famille – excellent Samer al Masri, star très populaire dans le monde arabe – de rester à tout prix dans son appartement familial. Très rapidement, le spectateur comprend que cette volonté affichée de protéger les siens est davantage un moyen de les garder sous clé.

Quand les femmes prennent leur indépendance…

Si les murs ont volé en éclat, ce sont aussi les perspectives des deux femmes qui s’ouvrent sur l’extérieur. Non seulement la mère (très juste et digne Kinda Alloush) comprend qu’elle est prisonnière d’un époux qu’elle n’a pas choisi, mais la gamine commence à entretenir un flirt avec un voisin de son âge. Tout ceci est rendu possible par les trous béants dans les murs et le plafond qui sont autant des puits de lumière que des ouvertures vers une éventuelle liberté. D’ailleurs, la réalisatrice multiplie les plans verticaux durant cette seconde partie – ce qui démontre les aspirations naissantes des deux femmes – tout en présentant des plans magiques où le ciel et la mer semblent ne faire plus qu’un.

Au bout d’une heure de long métrage, les deux femmes choisissent de s’évader et s’ouvre donc une troisième partie marquée cette fois par des longs plans-séquence horizontaux. La caméra suit les évolutions des fuyards au cœur d’une cité totalement détruite, signifiant enfin la liberté pour ces femmes jusqu’alors empêchées de sortir de chez elles. Dans le même temps, la gamine noue une romance avec son voisin qui les suit dans leur périple.

Un joli film de festival qui est passé inaperçu en salles

Sans doute peut-on regretter l’absence de réel point d’orgue en fin de parcours, mais Nezouh a déjà fait preuve de bien des qualités, à la fois dans son regard et dans son style visuel affirmé. Outre de belles images et une bande originale motivante, le drame bénéficie d’effets spéciaux convaincants. Effectivement, le tournage a été intégralement effectué en Turquie et il fallait donc reconstituer au mieux la ville de Damas lors des plans larges.

Cette jolie réussite a été présentée à la Mostra de Venise en 2022, obtenant notamment le Prix du public, ainsi que dans de nombreux autres festivals. Cela a offert au long métrage une sortie dans les salles françaises à partir du 21 juin 2023 par les soins de Pyramide Distribution. Toutefois, cette sortie très confidentielle n’a généré que 3 771 entrées lors de sa semaine d’investiture. La chute est modérée en deuxième septaine avec encore 2 079 retardataires. Maintenu dans quelques salles d’art et essai durant six autres semaines, Nezouh a fini par doubler ses entrées de départ, prouvant un bon bouche à oreille. Cela ne mène pourtant pas loin avec seulement 7 172 entrées sur toute la France. D’ailleurs, le métrage n’a même pas eu le droit à une sortie physique en vidéo et il n’est donc disponible qu’en VOD. Il mérite pourtant le détour.

Critique de Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 21 juin 2023

Voir le film en VOD

Nezouh, l'affiche

© 2022 Berkeley Media Group – KAF Production – Agat Films & Cie. Tous droits réservés.

Biographies +

Soudade Kaadan, Kinda Alloush, Samer al Masri

Mots clés

Cinéma syrien, La guerre de Syrie au cinéma, La condition des femmes dans le monde, L’adolescence au cinéma

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Nezouh, l'affiche

Bande-annonce de Nezouh (VOstf)

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