Mon père – la critique du film et le test DVD (2018)

Drame | 1h41min
Note de la rédaction :
8/10
8
Mon père, affiche du film

  • Réalisateur : Alvaro Delgado-Aparicio
  • Acteurs : Junior Bejar, Magaly Solier, Amiel Cayo
  • Date de sortie: 19 Déc 2018
  • Titre original : Retablo
  • Nationalité : Péruvien, Allemand, Norvégien
  • Distributeur : Damned Distribution
  • Éditeur vidéo : Damned Films
  • Box-office France / Paris-périphérie : 4 320 entrées* / 2 103 entrées* (*première semaine exclusivement)
  • Avertissement : des scènes, des propos ou des images peuvent heurter la sensibilité des spectateurs.
  • Festival : Festival de Berlin (2018) : Ours de Cristal - Mention spécial, Teddy Award : Meilleur Premier film
Note des spectateurs :

Superbe film sur la filiation, Mon père révèle un nouveau cinéaste à suivre de très près. A la fois brillant sur le plan formel et touchant sur le plan thématique, ce premier long-métrage est un coup de maître.

Synopsis : Dans une région reculée du Pérou, Segundo, un jeune garçon de 14 ans, se prépare à suivre les traces de son père dans l’art traditionnel du retable. En se rendant à une fête de village, Segundo observe accidentellement son père dans une situation qui le bouleverse profondément. La découverte de ce secret inavouable lui révèle la réalité brute du monde dans lequel il grandit.

Critique : Auteur d’un court-métrage remarqué dans les festivals (El acompañante, tourné en 2012), le cinéaste Alvaro Delgado-Aparicio confirme très largement la belle impression initiale avec son premier long-métrage qui fait preuve d’une maturité stylistique étonnante. Le Péruvien nous plonge dans une communauté traditionnelle des Andes où la plupart des protagonistes s’expriment en quechua. Il commence par nous décrire ce milieu contraignant avec une réelle qualité documentaire. Ainsi, il filme patiemment la conception d’un retable, art populaire local qui consiste à créer des saynètes de la vie quotidienne à l’aide de figurines en plâtre et pomme de terre. Il s’agit pour l’auteur d’évoquer la problématique de la transmission d’un artisanat permettant à une simple famille de s’élever au-dessus de la condition moins valorisante de paysan. En très peu de scènes, le réalisateur est capable de décrire l’admiration d’un jeune garçon de 14 ans pour son père, artiste reconnu par l’ensemble de la communauté locale.

© 2019 Edition vidéo Damned Films © 2018 Siri Producciones – Catch of the Day Films. Tous droits réservés.

Toutefois, l’adolescent découvre avec stupeur que celui qu’il porte aux nues se livre à des relations sexuelles avec d’autres hommes. Dès lors, son monde idéal s’effondre et le gamin doit progressivement faire le deuil de son enfance pour mieux appréhender et comprendre les failles de chaque être humain. Petit à petit, le jeune homme s’oppose à ses parents qui ne comprennent pas ce qui arrive à leur bambin en pleine crise de rébellion. Mais finalement, un drame – que nous ne révélerons pas – viendra rapprocher le fils de son père, désormais rejeté de tous.

Outre la puissance de la tragédie rurale qui se joue devant nos yeux, le cinéaste parvient à délivrer une œuvre sur la filiation à la fois belle, sobre et puissante. Rares sont les films où l’on a le sentiment d’avoir assisté en direct à l’épanouissement complet d’une personne, ici un adolescent que l’on quitte en tant qu’adulte. Le spectateur occidental sera également sensible à la dénonciation de l’homophobie toujours aussi prégnante au sein des sociétés traditionnelles. Cette force tranquille est portée par une réalisation d’une incroyable maturité. Capable de tourner en plan serré et immobile, mais aussi de créer de longs plans-séquence virtuoses avec mouvements d’appareil complexes et multiples changements d’axe (le plan final le plus dramatique évoque indéniablement le travail de Carlos Reygadas), Alvaro Delgado-Aparicio signe également des compositions picturales d’une beauté totale, à l’image des retables qui sont au cœur du récit.

D’une belle richesse visuelle, mais sans chercher l’épate, Mon père est donc une première œuvre remarquable qui ne sacrifie jamais le récit au formalisme. Poignant, voire même bouleversant dans les dix dernières minutes, ce premier essai peut être considéré comme un coup de maître que les amateurs du cinéma rural des Taviani doivent impérativement découvrir sous peine de passer à côté d’un grand moment.

Le test DVD :

Les compléments et le packaging : 1,5/5

Joli packaging très simple, mais qui évite le boitier traditionnel. En ce qui concerne les suppléments vidéo, il faut se contenter de la présence du premier court-métrage du réalisateur intitulé El acompañante. Si sa durée de 22min l’empêche d’être pleinement convaincant, on y retrouve les obsessions développées dans son premier long, sur les liens compliqués entre un père et son fils, mais aussi sur le drame classique de l’homosexualité, le tout sur fond de retables.

L’image : 4/5

Il est difficile de faire mieux avec une simple copie SD. L’image bénéficie d’une colorimétrie chatoyante, d’une définition maximale par rapport aux possibilités du support et d’une belle fluidité des mouvements. Les séquences plus sombres ne dépareillent pas et l’éditeur nous propose donc un DVD idéal qui permet de compenser l’absence de blu-ray.

Le son : 3/5

Une unique piste stéréo en version originale sous-titrée est disponible. Elle se révèle de bonne tenue, permettant l’immersion dans le cadre très rural des montagnes andines. Le film étant globalement paisible, il n’y a rien à redire sur un ensemble bien équilibré et qui ne sature jamais. Agréable pour un rendu naturel.

Critique et test DVD par Virgile Dumez

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Mon père, affiche du film

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