Mizrahim, les oubliés de la Terre Promise : critique du film et test DVD (2022)

Documentaire, Historique | 1h33min
Note de la rédaction :
6,5/10
6,5
Mizrahim, les Oubliés de la Terre promise, l'affiche

  • Réalisateur : Michale Boganim
  • Date de sortie: 08 Juin 2022
  • Nationalité : Français, Israélien
  • Titre original : Mizrahim, les oubliés de la Terre Promise
  • Titres alternatifs : The Forgotten Ones (titre international) / Odrzuceni w Ziemi Obiecanej (Pologne)
  • Année de production : 2021
  • Scénariste : Michale Boganim
  • Directeur de la photographie : Nathalie Durand
  • Compositeur : Joachim Mimouni
  • Société(s) de production : Ex Nihilo, Lama Films, Bonne Nouvelle Productions, Le Studio Orlando
  • Distributeur : Sophie Dulac Distribution
  • Éditeur(s) vidéo : Blaq Out (DVD)
  • Date de sortie vidéo : 21 février 2023 (DVD)
  • Box-office France : 11 799 entrées / 8 171 entrées
  • Box-office nord-américain : -
  • Budget : -
  • Classification : Tous publics
  • Formats : 2.35 : 1 / Couleurs / Son : 5.1
  • Festivals et récompenses : Festival du film méditerranéen de Montpellier 2021 : en compétition
  • Illustrateur / Création graphique : Le Cercle Noir pour Fidelio (affiche) / Graphisme jaquette DVD : L'Atelier d'Images
  • Crédits : Ex Nihilo, Lama Films, Bonne Nouvelle Productions, Le Studio Orlando
Note des spectateurs :

Mizrahim, les oubliés de la Terre Promise a le mérite d’évoquer un sujet méconnu en France à propos d’une discrimination scandaleuse en Israël entre juifs Ashkénazes et Mizrahim. Le propos est intéressant, même si le documentaire n’est pas totalement abouti.

Synopsis : Mizrahim, c’est le nom que donnent les israéliens aux juifs venus d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient, victimes, dès leur arrivée sur la Terre Promise, d’un système discriminatoire qui fait d’eux des citoyens de seconde zone. Dans les années 70, un mouvement de révolte s’inspirant des Black Panthers aux États-Unis, émerge pour défendre leurs droits. Confrontée au deuil de son père, ancien membre de ce mouvement, Michale Boganim part à la rencontre de plusieurs générations de Mizrahim. Sous la forme d’un road-movie, le film approche par l’intime les questions d’exil et de transmission.

Mizrahim, les oubliés de la Terre Promise ou le récit d’un racisme d’Etat

Critique : Après avoir réalisé son premier long-métrage de fiction La terre outragée (2011), la réalisatrice Michale Boganim a choisi de revenir à la forme documentaire qui lui sied si bien en tant que disciple du grand Jean Rouch. Elle a donc préparé durant plusieurs années un documentaire qui évoquerait le destin assez peu connu de ceux que l’on appelle les Mizrahim, qui sont des Juifs venus du Maghreb et du Moyen-Orient qui n’ont jamais été pleinement considérés comme des citoyens à part entière en Israël. Si le sujet a donné lieu à de nombreux reportages télévisés en Israël, le sujet est totalement méconnu à l’extérieur des frontières du pays où l’on s’est toujours concentré sur le conflit israélo-palestinien.

Pour le spectateur occidental que nous sommes, Mizrahim, les oubliés de la Terre Promise (2021) fonctionne donc comme un révélateur supplémentaire du racisme dominant dans la politique des élites israéliennes. Les Mizrahim sont donc venus du Maghreb et du Moyen-Orient pour peupler le jeune Etat d’Israël dès le début des années 50, ce qui a été favorisé par la « loi du retour » du 5 juillet 1950 qui établissait la possibilité pour tout juif de l’étranger de venir s’installer en Israël. Pourtant, malgré ces belles déclarations d’intention, le documentaire nous apprend que les Juifs Ashkénazes ont capté toutes les places de choix dans le nouvel Etat, confinant les Mizrahim et les Séfarades dans des espaces périphériques et les marges de la société.

Un récit qui mêle l’intime et le destin d’une communauté

En parquant les nouveaux migrants dans des lieux périphériques destinés à peupler les marges du pays, les autorités Ashkénazes ont ainsi créé un sous-prolétariat qui devait assurer le fonctionnement de la société dans les tâches les plus ingrates. Le documentaire de Michale Boganim dénonce donc avec force l’existence de ces ghettos où la population juive dite « de seconde zone » était non seulement confinée, mais surtout assignée à résidence. Au fur et à mesure des témoignages, le spectateur prend conscience d’une discrimination totalement organisée afin d’empêcher toute progression sociale aux Mizrahim.

Toutefois, comme la réalisatrice est elle-même issue de cette communauté et que son père a fait partie des Panthères Noires qui se sont révoltés contre leur condition au début des années 70, elle a décidé de mêler son destin familial à celui de la grande Histoire. Ce choix a aussi été dicté par la disparition de son géniteur en 2017, poussant la réalisatrice à adopter la forme d’une lettre d’amour à destination de son père. Si cela rend parfois le film plus touchant, cela tend également à le déséquilibrer et à créer des hésitations dans la narration.

La réalisatrice n’évite pas toujours le hors sujet

Lorsque la réalisatrice suit son parcours en France, elle semble même être légèrement hors sujet, même si l’on comprend qu’elle souhaite montrer que le phénomène migratoire mène toujours aux mêmes conséquences désastreuses, que ce soit en Israël, en France ou bien ailleurs. Il en ressort un constat : le déracinement est toujours mal vécu, même lorsqu’il s’avère nécessaire et l’accueil des populations locales est également décevant face à ces nouveaux arrivants. Enfin, la fameuse solidarité entre communautés n’est qu’un leurre.

Lors des entretiens menés avec des témoins des discriminations, Michale Boganim les fait évoluer au cœur de leur quartier d’habitation et se refuse donc au statisme des échanges dialogués. D’ailleurs, la plupart se livrent à des monologues, donnant ainsi une forme plus originale à leurs interventions. Cela questionne toutefois la spontanéité de leurs interventions face à un dispositif formel assez élaboré.

Finalement, Mizrahim, les oubliés de la Terre Promise fonctionne à plusieurs niveaux, mais échoue parfois à mêler l’intime et l’universel. Elle n’en demeure pas moins une œuvre précieuse afin de ne pas rester enfermé dans la binarité d’un conflit qui serait uniquement israélo-palestinien. La complexité est toujours bien plus pertinente lorsqu’il s’agit de décrire des processus sociaux.

Critique de Virgile Dumez

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Mizrahim, les Oubliés de la Terre promise, l'affiche

© Ex Nihilo – Lama Films – Bonne Nouvelle – Studio Orlando – France 2021 / Affiche : Le Cercle Noir pour Fidelio. Tous droits réservés.

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Michale Boganim

Mots clés

Les documentaires, Le racisme au cinéma, Films sur les migrants, Cinéma israélien

Le test DVD :

La sortie DVD va permettre à un public plus large de découvrir cette histoire méconnue dans nos contrées. La galette est de bonne tenue. Le test a été effectué à partir du produit finalisé.

Compléments & packaging : 3 / 5

Le film est présenté dans un boitier Amaray tout à fait classique. En supplément vidéo, la réalisatrice a fourni un entretien filmé par elle avec son père Charlie Boganim qui a fait partie des Panthères Noires (sur le modèle des Black Panthers américains), en réalité des Mizrahim révoltés dans les années 70 contre la discrimination dont ils font l’objet. Le vieil homme évoque ainsi tout son passé en 25min intéressantes, même si elles ont tendance à être redondantes avec le documentaire.

L’image : 4 / 5

La copie SD proposée est parfaitement définie et livre un rendu tout à fait adapté à la forme documentaire. L’ensemble est certes un peu brut et dénué de charme dans la photographie, mais cela indique également que l’on peut se contenter de cette version DVD pour découvrir cette œuvre au charme essentiellement intellectuel.

Le son : 4 / 5

L’éditeur nous propose deux pistes sonores en 2.0 et 5.1. Nous avons testé la seconde qui est bien équilibrée et qui met judicieusement les voix en avant, tandis que les bruits d’ambiance sont répartis sur les autres enceintes. Rien d’extraordinaire, mais l’intérêt est bien évidemment ailleurs.

Test du DVD : Virgile Dumez

Mizrahim, les oubliés de la Terre promise, la jaquette DVD

© Ex Nihilo – Lama Films – Bonne Nouvelle – Studio Orlando – France 2021 / Graphisme : L’Atelier d’Images. Tous droits réservés.

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Mizrahim, les Oubliés de la Terre promise, l'affiche

Bande-annonce de Mizrahim, les oubliés de la Terre Promise (VF)

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