Avec ses personnages trognons, Migration séduit par la qualité de ses gags, de son animation et par son empathie pour les espèces animales. Une réussite, à découvrir en famille.
Synopsis : La famille Colvert est en proie à un dilemme d’ordre domestique. Alors que Mack est totalement satisfait de patauger paisiblement et définitivement avec sa famille, dans leur petite mare de la Nouvelle Angleterre, sa femme Pam serait plutôt du genre à bousculer un peu cette routine pour montrer à ses enfants le reste du monde. Lorsqu’ils accueillent, le temps de leur halte, une famille de canards migrateurs, c’est l’occasion rêvée pour Pam de persuader Mack de les imiter et de se lancer dans un périple en famille.
Illumination revient à une histoire originale
Critique : Cela faisait maintenant plusieurs années que le studio Illumination Entertainment n’avait pas proposé un film entièrement original, qui ne soit basé sur aucune franchise établie. Pour cela, le studio s’est fondé sur un scénario de Mike White (surtout connu pour ses scripts comiques comme Rock Academy, et plus récemment pour Moi, moche et méchant 4). Pour écrire le script de Migration, l’auteur s’est plus ou moins inspiré de la structure de l’Odyssée d’Homère afin de s’assurer une colonne vertébrale ferme permettant de multiplier des saynètes tour à tour amusantes, angoissantes ou émouvantes.
Pour mettre en scène ce projet budgété à 70 millions de billets verts, le studio Illumination a fait appel à une valeur sûre de l’animation mondiale en la personne de Benjamin Renner. Celui-ci est surtout connu pour ses films en animation traditionnelle comme les très beaux Ernest et Célestine (2012), mais aussi Le grand méchant renard et autres contes… (2017). Pour le cinéaste d’origine française, il s’agissait donc d’un vrai défi puisqu’il devait ici passer à l’animation par ordinateur. Notons d’ailleurs que le générique du film en 2D peut apparaître comme un clin d’œil à l’œuvre passée du réalisateur.
Un dessin animé qui décroche la palme de l’humour
Pourtant, très rapidement, Migration s’impose comme un film d’animation bien de son temps, avec une histoire de quête pleine d’aventures sur fond de cohésion familiale. Rien de franchement nouveau sous le soleil de l’animation pour enfants si ce n’est une attention particulière au design des différents protagonistes. Avec leur bouille mignonne, la famille col-vert est particulièrement attachante, tandis que tous les autres animaux séduisent immédiatement le spectateur, qu’il soit enfant ou adulte. Avec leurs grands yeux expressifs, tous les animaux feront fondre les plus endurcis. Certes, l’anthropomorphisme peut être considérée comme une facilité narrative, mais cela fonctionne parfaitement ici.
Comme dans la plupart des films destinés aux plus petits, les aventures vécues par la petite famille sont l’occasion de tester la valeur et le courage de chacun, tout en présentant le monde selon le point de vue de l’animal, forcément traqué et maltraité par l’être humain. Migration contribue donc à sa façon à forger l’empathie des bambins pour les différentes espèces animales. Il rappelle que le plus grand prédateur de la planète n’est autre que l’Homme, ici affublé d’un design anguleux volontairement agressif.
Les canards à la recherche d’un coin-coin de paradis
Outre son caractère craquant, Migration propose également une suite de gags très efficaces et qui font rire durant la totalité de la projection. Il s’agit sans aucun doute de l’apport non négligeable de Mike White, grand spécialiste de la comédie à l’américaine et gagman d’un certain Jack Black. La réussite de l’ensemble est donc patente pour le studio qui parvient à effacer les quelques faux pas liés à des suites plus ou moins ratées de ses succès passés.
Malgré cette qualité indéniable, Migration a eu du mal à s’imposer lors de sa sortie française le 6 décembre 2023. Diffusé sur une large combinaison de plus de 640 écrans, le film d’animation trouve 69 640 curieux lors de sa première journée d’exploitation et finit sa première semaine avec 266 863 canetons à son bord. C’est un résultat plutôt décevant par rapport aux autres œuvres du studio. Durant sa deuxième semaine, Migration perd 37 % de ses entrées et compte 167 479 retardataires. Toutefois, Universal compte se refaire grâce à la période des vacances de Noël et de fin d’année. Le distributeur qui y croit encore injecte plus de 400 copies supplémentaires et Migration renaît de ses cendres durant la période des fêtes.
Migration, un petit succès sur la durée
Durant la semaine de Noël, le film gagne même 100 % d’entrées en plus et se hisse à 366 036 bambins en une seule semaine, tutoyant désormais le million d’entrées qu’il franchit lors de la deuxième semaine de vacances. Début janvier, Migration atteint les 1,3 million de spectateurs et le film va continuer sa carrière grâce à des séances matinales durant plusieurs semaines, comprenant même les vacances de février où un dernier rebond est constaté. Les canards terminent leur vol avec 1 768 047 entrées, effaçant en partie le très mauvais démarrage des deux premières semaines.
Cela demeure en-deçà des autres productions Illumination, ce qui se confirme également aux Etats-Unis où le long métrage a engrangé 127 306 285 $, soit nettement moins que Tous en scène 2 ou Comme des bêtes 2 qui étaient déjà considérés comme des déceptions sur un marché local dépressif. Toutefois, le studio Illumination allait corriger ces quelques déceptions grâce au triomphe de Moi, moche et méchant 4 en 2024. Malgré ses scores moyens, l’outsider Migration est parvenu à séduire le public sur la durée, prouvant son bon bouche à oreille. A l’international, le métrage a été surtout porté par de bons chiffres au Royaume-Uni et en Allemagne, comme le prouve le tableau ci-dessous.
Top 5 mondial de Migration (en dollars) :
1 / Etats-Unis : 127 306 285
2 / Royaume-Uni : 26 569 713
3 / Allemagne : 22 874 257
4 / France : 12 978 869
5 / Australie : 10 914 145
Critique de Virgile Dumez
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Animaux animés, Film avec des animaux pour les enfants, Les oiseaux au cinéma, Le voyage au cinéma